Constantin Auguste : au Saint Concile assemblé dans la Ville de Tyr.
« LA prospérité dont nôtre siècle jouit, semblait désirer que l'Église Catholique fut exempte de troubles, et que les serviteurs de Dieu fussent au dessus des affronts et des insultes. Mais puisque quelques-uns étant agités par un désir violent de contester, et menant une vie, s'il est permis de le dire, indigne de la sainteté de leur profession, s'efforcent de nous remplir de confusion, et de désordre, ce que je regarde comme le plus funeste malheur qui pût jamais arriver, je vous exhorte à vous assembler promptement comme je sais que vous le désirez, à soutenir ceux qui ont besoin de votre appui, à guérir par des remèdes convenables les maladies spirituelles de vos frères, à réunir les membres divisés du corps de l'Église, à corriger les désordres pendant que le temps vous le permet, et à rendre à tant de Provinces la paix que l'orgueil, et l'insolence d'un petit nombre de personnes leur ont ôtée. Tout le monde demeurera aisément d'accord que vous ne sauriez jamais rien faire qui soit si agréable à Dieu, si conforme à mes souhaits, et si glorieux pour vous-mêmes. Ne différez point. Redoublez, s'il est possible, votre ardeur, et terminez vos différends avec la sincérité, et la bonne foi que le Sauveur nous recommande si fort de garder dans toutes nos actions. Je ne manquerai à rien de ce que je pourrai faire à l'avantage de notre Religion. J'ai déjà satisfait à tout ce que vous avez demandé par vos Lettres. J'ai écrit aux Évêques que vous avez souhaité, pour les avertir de s'assembler, et de partager avec vous le soin des affaires de l'Église. J'ai aussi envoyé le Comte Denys, pour avertir de leur devoir les Évêques qui se doivent trouver avec vous, pour voir ce qui se passera, et pour prendre garde qu'il ne se passe rien contre l'ordre, ni contre la modestie. Que si quelqu'un est si hardi que de mépriser mes ordres, ce que je ne crois pas devoir arriver, et de refuser d'assister au Concile, j'enverrai des Officiers qui le conduiront en exil, et lui apprendront à ne plus désobéir aux ordres que l'Empereur donne pour l'intérêt de la vérité. Il ne reste plus rien à faire à votre Sainteté, que d'apporter des remèdes convenables, aux fautes qui ont été commises par ignorance, que de suivre les règles que les Apôtres vous ont laissées, sans juger ni par haine, ni par faveur, afin que vous effaciez la honte de l'Église, que vous me délivriez de mes plus fâcheuses inquiétudes, que vous procuriez la paix aux Fidèles, et que vous releviez vous-mêmes vôtre propre réputation. Je prie Dieu qu'il vous conserve, mes très chers frères. »
Les Évêques s'étant assemblés à Tyr suivant cet ordre de l'Empereur, quelques-uns qui étaient accusés d'erreurs s'y trouvèrent, et entre autres Asclépas Évêque de Gaza, et Athanase. Je rapporterai la principale accusation qui fut intentée contre ce dernier, et puis je raconterai le reste de ce qui se passa dans le Concile.