« Nous savons que lorsqu'il sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est. Et quiconque a cette espérance en lui, se purifie lui-même comme lui-même est pur. » 1 Jean 3.2, 3
« Je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur. » Luc 22.29.
La gloire de Dieu se manifeste par sa sainteté. Glorifier Dieu, c'est nous livrer à lui pour qu'il fasse paraître sa gloire en nous. Ce n'est qu'en le laissant nous sanctifier, remplir notre vie de sa sainteté, que nous parviendrons à manifester sa gloire. L'œuvre de Christ était de glorifier le Père, de révéler sa gloire et sa sainteté. Notre œuvre à nous est, comme celle de Christ, de faire connaître, par notre obéissance, par notre témoignage et notre vie tout entière, que notre Dieu est le Dieu de gloire et de sainteté, et de contribuer ainsi à ce qu'il soit glorifié dans les cieux et sur la terre.
Quand notre Seigneur Jésus eut glorifié son Père sur la terre, le Père le glorifia auprès de lui dans le ciel. C'était là non seulement sa juste récompense, mais la conséquence nécessaire de toute sa vie, car pour une vie consacrée à la gloire de Dieu comme le fut celle de Christ, il n'est plus d'autre milieu possible que cette gloire divine. Et c'est ce qui a lieu pour nous aussi. Le cœur qui est altéré de la gloire de Dieu, qui est prêt à vivre et à mourir pour glorifier Dieu, est par là même préparé à vivre dans cette gloire divine. Vivre sur la terre à la gloire de Dieu, conduit à vivre ensuite au ciel dans la gloire de Dieu. Si avec Christ nous glorifions le Père ici-bas, le Père et le Fils nous glorifieront aussi, et alors nous serons « semblables à lui », dans sa gloire.
Nous serons « semblables à lui » dans sa gloire spirituelle, la gloire de sa sainteté. Ces deux mots se réunissent pour former le nom du Saint-Esprit, et nous montrer par là l'étroite union qui existe entre ce qui est saint et ce qui est spirituel. Quand Jésus eut glorifié Dieu comme homme par la sainteté de sa vie terrestre, ce fut aussi comme homme qu'il entra dans la gloire divine. Il en est de même pour nous. Si nous nous abandonnons à Dieu pour que sa gloire prenne possession de nous, pour que sa sainteté et son Esprit manifestent leur présence en nous, notre nature humaine avec toutes ses facultés en sera transformée à l'image de Dieu au delà de toute prévision recevant la pureté, la sainteté, la vie et l'éclat même de la gloire de Dieu.
Nous serons « semblables à lui » dans son corps glorifié. On a dit avec raison que l'incarnation est le plus haut degré de l'œuvre de Dieu. La création de l'homme devait être le chef-d'œuvre de Dieu. Jusque-là il y avait eu des esprits sans corps, et des corps animés sans esprit, mais l'homme devait réunir ensemble esprit et corps, l'esprit élevant et spiritualisant le corps, lui donnant sa pureté, sa perfection céleste. L'homme dans son ensemble est l'image de Dieu, son corps aussi bien que son esprit. En la personne de Jésus, ô mystère des mystères, un corps d'homme s'est assis sur le trône de Dieu, partageant et possédant la gloire divine. Nos corps aussi doivent être l'objet d'une transformation qui sera le miracle le plus surprenant de la puissance divine : « Il transformera notre corps vil pour le rendre conforme à son corps glorieux, par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses » (Phil. 3.21). La gloire de Dieu se voyant dans notre corps, ce corps rendu semblable au corps glorieux de Christ, ne sera-ce pas plus merveilleux encore que la manifestation de sa gloire dans notre esprit ? Nous attendons « l'adoption, savoir la rédemption de notre corps » (Rom. 8.23).
Nous « serons semblables à lui » aussi quant là la place d'honneur qu'il occupe. Chaque objet doit être placé de manière à être vu à son avantage. La place de Christ est au centre de l'univers, c'est le trône de Dieu. Il a dit à ses disciples : « Où je serai, celui qui me sert y sera aussi, et si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera » (Jean 12.26). « Je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé pour moi, afin que vous mangiez et que vous buviez à ma table dans mon royaume et que vous soyez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël » (Luc 22.29, 30). Il dit à l'église de Thyatire : « A celui qui aura vaincu et qui aura gardé mes œuvres jusqu'à la fin, je lui donnerai puissance sur les nations... ainsi que j'en ai moi-même reçu le pouvoir de mon Père ». Et à l'église de Laodicée : « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur; mon trône, comme moi-même j'ai vaincu et suis assis avec mon Père sur son trône » (Apo. 2.26 ; 3.21). Enfin rien de plus élevé et de plus précis que ces mots : « Comme nous portons l'image du terrestre, nous porterons aussi l'image du céleste » (1 Cor. 15.49). La ressemblance sera complète et parfaite.
De pareils aperçus du monde à venir, donnés par Dieu lui-même, nous révèlent mieux que nulle imagination de notre part, quelle force de vérité, quelle divine portée renferme cette parole du Créateur : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance » (Gen. 1.26). L'homme est destiné à manifester l'image du Dieu invisible, à participer de la nature divine, à partager avec Dieu le règne de l'univers. Quelle gloire indicible dans la position que Dieu nous fait là. Placés entre deux éternités, entre le dessein éternel qui nous a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils et la réalisation éternelle de ce dessein qui nous rendra semblables à lui dans sa gloire, nous entendons de part et d'autre une voix qui nous crie : O vous qui avez été créés pour être l'image de Dieu, vous qui vous acheminez à partager la gloire de Dieu et de Christ, vivez d'une vie divine, d'une vie semblable à celle de Christ !
« Je serai rassasié de ta ressemblance quand je serai réveillé » (Psa. 17.15) s'écriait le psalmiste. Rien ne saurait satisfaire notre âme sinon l'image de Dieu, puisque c'est pour cela même qu'elle fut créée. Nous ne saurions donc nous contenter de contempler cette image ; il faut que nous la possédions. Ce n'est qu'en participant nous-mêmes à cette ressemblance de Dieu que nous pourrons être satisfaits. Heureux ceux qui la désirent, qui languissent de la posséder, car ils l'obtiendront. C'est cette ressemblance même de Dieu qui sera leur gloire, une gloire qui, rayonnant de Dieu lui-même, se communiquera à eux pour rayonner dans tout leur être, et de là dans tout l'univers, « Quand Christ, qui est votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire » (Col. 8.4).
Bien-aimés frères chrétiens, il faut que ce qui sera manifesté au jour de Christ commence déjà dans votre vie terrestre. Si la gloire de Dieu n'est pas dès ici-bas notre vie, elle ne pourra pas l'être non plus alors ; impossible. Dieu ne glorifiera plus tard que celui qui le glorifie ici-bas. « L'homme est l'image et la gloire de Dieu » (1 Cor. 11.7). Ce n'est qu'autant que vous porterez ici-bas l'image de Dieu en vivant d'une vie conforme à celle de Jésus qui est « la splendeur de sa gloire et l'image empreinte de sa personne » (Héb. 1.8), que vous serez aussi comblés de gloire dans la vie à venir. Pour être transformés à l'image du Christ céleste dans la gloire, il faut que nous portions d'abord l'image du Christ terrestre dans l'humiliation.
Enfant de Dieu, Christ est l'image incréée de Dieu, tandis que l'homme est son image créée. Sur le trône dans la gloire, l'un et l'autre se réuniront pour l'éternité. Nous savons ce qu’a fait Christ ; il a tout sacrifié pour nous rendre la possession de cette image. Oh ! ne nous livrerons-nous pas enfin à cet amour admirable, à cette gloire inimaginable, ne consacrerons-nous pas notre vie tout entière à manifester la ressemblance et la gloire de Christ ? Comme lui, ne ferons-nous pas de la gloire du Père notre but et notre espérance, vivant à sa gloire ici-bas, afin de vivre dans sa gloire ensuite ?
Bien-aimés frères, vous qui m'avez accompagné jusqu'ici dans ces méditations sur l'image de notre Seigneur et sur la conformité à sa vie qui est notre privilège, le moment est venu de nous quitter. Faisons-le en nous disant : « Nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu'il est. Quiconque a cette espérance en lui, se purifie lui-même, comme lui est pur » (1 Jean 3.2, 3). Comme Christ, prions les uns pour les autres, prions pour tous les enfants de Dieu, demandant et pour eux et pour nous que ce soit là le seul but de notre foi, le seul désir de notre cœur, la seule joie de notre vie. Oh ! que sera-ce quand nous nous rencontrerons dans la gloire, quand nous le verrons tel qu'il est, et que nous nous verrons tous semblables à lui !
O notre Dieu, toi, le Dieu de gloire, quelles actions de grâce te rendrons-nous pour nous avoir donné Christ qui est l'image de Dieu, pour nous avoir admis à l'éclat de ta gloire qui rayonne de lui à nous ! Quelles actions de grâce te rendrons-nous pour nous avoir fait voir en Jésus, non seulement ce qu'il est, mais encore l'image de notre gloire à nous, le gage de ce que nous devons être en lui dans l'éternité !
O Dieu, pardonne, pardonne-nous pour l'amour de Jésus et de son sang, d'avoir si peu cru ces choses, d'avoir si peu vécu de sa vie. Nous te supplions aussi de vouloir bien révéler à tous ceux qui ont pris part à ces méditations: ce qu'est la gloire dans laquelle ils peuvent vivre dès à présent en te glorifiant sur la terre.
O Père, réveille-nous, nous et tous tes enfants. Fais-nous voir et comprendre que tu nous appelles à passer l'éternité dans ta gloire, que tu veux nous envelopper et nous remplir de ta gloire, que nous devons être « semblables à ton Fils dans sa gloire ». Père, nous te prions de secourir ton Eglise. Que ton Esprit saint, l'Esprit de gloire, vienne agir avec puissance en elle, et qu'elle se signale par son désir de voir la gloire de Dieu reposer sur elle.
Notre Père, accorde-le-nous pour l'amour de Jésus. Amen.