Ce nom nous transporte près d’un siècle après la fin de la captivité. Trois caravanes d’exilés, plus ou moins nombreuses, mais toutes importantes, traversèrent successivement le désert pour rentrer au pays de leurs pères : la 1re, dirigée par Zorobabel et le grand-prêtre Josué, commença à rebâtir Jérusalem et réédifia le Temple ; la 2de fut conduite par Esdras chargé de faire exécuter la loi de Moïse parmi les Israélites de retour ; la 3e amena le gouverneur Néhémie pour relever les murs de Jérusalem.
[D’après Riehm, Handw., l’édit de Cyrus eut lieu l’an 538 ; le voyage de la première caravane en 537, celui de la seconde en 458, celui de la troisième, en 444. — D’après Gautier (p. 33, 339), l’édit de Cyrus et le retour de Zorobabel ont eu lieu en 536 ; le voyage d’Esdras, en 458.]
Néhémie, après son premier voyage en Judée, y fut pendant 12 ans gouverneur, et ce fut alors, peut-être même dans la première année, en 444, comme le pense Riehm, qu’eurent lieu les émouvantes fêtes racontées Néh. ch. 8 et 9 : d’abord la célébration du 1er jour du 7e mois, particulièrement marquée par d’abondantes lectures ou explications de la Loi devant tout le peuple ; puis une fête des Tabernacles, « telle qu’il n’y en avait pas eu depuis les jours de Josué » ; puis un jeûne extraordinaire le 24 du même mois.
A la suite de ce jeûne, les Israélites présents s’engagèrent par serment et par écrit à marcher dans la Loi de Dieu donnée par Moïse, spécialement sur certains points qui avaient alors une importance particulière et dont voici les premiers, Néhémie 10.30-33 :
« Nous promîmes, de ne pas donner nos filles aux peuples du pays et de ne pas prendre leurs filles pour nos fils, de ne rien acheter, le jour du sabbat et les jours de fête, des peuples du pays qui apporteraient à vendre, le jour du sabbat, des marchandises ou denrées quelconques, et de faire relâche la 7e année, en n’exigeant le paiement d’aucune dette. Nous nous imposâmes aussi des ordonnances qui nous obligeaient à donner un tiers de sicle par année pour le service de la maison de notre Dieu, pour les pains de proposition, pour l’offrande perpétuelle, pour l’holocauste perpétuel des sabbats, … »
Les Israélites de cette époque s’engagèrent donc, quant au sabbat, à ne rien acheter aux étrangers qui apporteraient en ce jour des marchandises ou des denrées, et à payer une contribution annuelle pour le service de la Maison de Dieu, en particulier pour l’holocauste perpétuel des sabbats. Rien de plus spécial que ces deux engagements qui supposaient eux-mêmes l’observation générale du sabbat et ne visaient qu’à la rendre complète et régulière. Ce qu’il y a de vraiment nouveau, c’est l’entrain, le sérieux, l’unanimité même, semble-t-il, avec lesquels ces engagements furent pris. Evidemment les dispositions religieuses du peuple et des chefs étaient alors très différentes de ce qu’elles étaient au temps de Jérémie. Bien qu’Esdras et Néhémie ne fussent pas des prophètes, c’étaient des hommes de Dieu qui accomplissaient une mission d’en Haut en continuant l’œuvre des prophètes, et ils n’étaient plus isolés au milieu de leur peuple, ils étaient au contraire soutenus, et cordialement, par la grande majorité. Mais aussi par quels châtiments n’avaient pas passé ces Israélites, et quelles miséricordieuses délivrances ne venaient pas de leur être accordées !
Il est toutefois un autre passage du livre de Néhémie qui doit être considéré. Après être resté 12 ans consécutifs à Jérusalem, ce fidèle serviteur de Dieu revint auprès d’Artaxerxès, mais pour moins d’une année, et, de retour en Judée, il eut à constater que tout n’y marchait pas selon ses espérances. Voici en particulier ce que nous apprend Néhémie 13.15-22 : 1° Dans une tournée faite en Juda, c’est-à-dire dans la province de Jérusalem, Néhémie surprend des Israélites se livrant le jour du sabbat à divers travaux de campagne et amenant le même jour leurs marchandises à Jérusalem (v. 15). — 2° Il leur fait des observations, tout au moins à ceux qui étaient venus à Jérusalem (v. 15). — 3° Des Tyriens venaient aussi dans la ville le jour du sabbat avec leurs marchandises et ils en vendaient à des Israélites (v. 16). — 4° Néhémie reprend les chefs de Jérusalem de ce qu’ils toléraient de pareilles profanations ; puis il fait fermer les portes de la ville pendant tout le sabbat, et place à ces portes plusieurs de ses serviteurs pour empêcher en ce jour toute entrée de fardeau (v. 17-19). — 5° Les vendeurs ne se tiennent pas pour battus et une ou deux fois passent la nuit du sabbat aux portes de Jérusalem. Néhémie les menace de sévir contre eux, et ils cèdent, ils ne reviennent plus pour le sabbat (v. 20, 21). — 6° Néhémie charge les Lévites de garder désormais les portes de la ville en ce jour (v. 22).
Le sabbat était donc assez souvent profané à Jérusalem et en Judée, soit par des marchands étrangers, soit par des Israélites. Mais Néhémie entreprit résolument d’empêcher ces profanations, et il finit par y réussir : une grande transformation intérieure s’opérait alors en Israël.