Vie - Flavius Josèphe

CHAPITRE XXXII

En ce même temps, les habitants de Tibériade écrivirent à ce prince, et lui promirent de se rendre à lui s'il leur voulait envoyer (les troupes pour la conservation de leur pays. Sitôt que j'en eus l'avis, je m'en allai les trouver ; et comme ils savaient que Tarichée avait déjà été fermée de murailles, ils me prièrent d'exécuter la parole que je leur avais donnée de leur faire la même grâce. Je le leur accordai. Fis venir des matériaux, et y mis des ouvriers. Je partis trois jours après de Tibériade pour aller à Tarichée, qui en est éloignée de trente stades. Aussitôt que j'en fus sorti, quelque cavalerie romaine ayant paru près de la ville, les habitants qui crurent que c'étaient des troupes du roi, commencèrent à me déchirer par toutes sortes d'injures. Un homme vint en diligence m'en donner avis et ajouta que tout était disposé à une révolte. [Cette nouvelle m'étonna d'autant plus que j'avais renvoyé de Tarichée ce que j'avais de gens de guerre, à cause que le jour du sabbat étant proche, je désirais que les habitants le pussent célébrer en repos sans être troublé par les soldats ; et j'en usais toujours de la même sorte dans cette ville, par la confiance que je prenais en l'affection des habitants que j'avais si souvent éprouvée. Ainsi n'ayant auprès de moi que sept soldats et quelques uns de mes amis, je ne savais à quoi me déterminer ; car d'un je ne voyais point d'apparence de rassembler mes troupes à la veille d'un jour auquel ils ne nous permettent pas de combattre, même dans mes occasions les plus pressantes ; et d'autre part, je ne me trouvais pas assez fort, quand même j'eusse pu en cette rencontre me servir des habitants de Tarichée et des étrangers qui s'y étaient retirés, en les engageant à m'assister par l'espérance du butin. Cependant cette affaire ne souffrait point de retardement, puisque pour peu que je différasse, ceux que l'on assurait que le roi avait envoyés se rendraient maîtres de la ville, et m'empêcheraient d'y entrer. Dans la peine où je me trouvais, je donnai ordre à ceux de mes amis à qui je me fiais davantage de faire garde aux portes de la ville sans en laisser sortir personne. Je commandai ensuite aux principaux habitants de monter chacun dans un bateau avec un batelier seulement, pour me suivre jusqu'à Tibériade ; et j'en pris aussi un sur lequel je montai avec sept soldats et quelques uns de mes amis.

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