La personne de Jésus-Christ, miracle de l’histoire

Porphyre

Porphyre, phénicien de naissance, était un philosophe païen de l’école néo-platonicienne, vers la fin du troisième siècle. Il enseigna à Rome et il y mourut l’an 304. Outre une foule d’écrits qui n’ont point trait à notre sujet, il fit un grand ouvrage en cinq livres2 contre la religion chrétienne, et une espèce d’abrégé ou de manuel de théologie païenne, intitulé La philosophie des oracles3. A l’exception d’un petit nombre de fragments conservés par les Pères, ces deux ouvrages sont perdus. L’on a trouvé récemment de Porphyre une lettre à sa femme Marcella. Il est animé d’un esprit plus sérieux et plus profond que Lucien, que Celse, ou que tout autre adversaire païen ; il emploie envers le christianisme un langage plus respectueux que le leur. Quelques-unes de ses idées approchaient des idées chrétiennes ; il subissait, sans le savoir, l’influence que celles-ci exerçaient sur les esprits intelligents et réfléchis de cette époque. Dans cette lettre qu’il écrit à sa femme, il expose la triade morale de saint Paul, — la loi, l’amour et l’espérance, — dans leur union avec la vérité, comme, la base de toute piété véritable4. Il y exprime des sentences qui ont un air de souvenirs bibliques, mais avec un sens différent de celui des passages qu’elles rappellent. Comme beaucoup de rationalistes de la nouvelle espèce, Porphyre distinguait entre le christianisme primitif et pur du Christ, et le christianisme corrompu des apôtres. Dans son ouvrage sur La philosophie des oracles, allégué par saint Augustin (Cité de Dieu, I, 19, 23. Comp. Eusèbe, Démonst. évang., III, 6), il parlait du Christ en ces termes :

2Κατὰ χριστιανῶν λὸγοι .Voyez Eusèbe, Hist. ecclés., l. VI, ch. 19. — Socrate, Hist. ecclés., 1,9, dans une lettre à Constantin, où il se glorifie d’avoir réduit à néant les honteux écrits de Porphyre, III, 23. — Eusèbe, Prépar. évang., etc.

3 – On en trouve des extraits dans la Préparation évangélique et la Démonstration évangélique d’Eusèbe, dans la Cité de Dieu d’Augustin, et dans les Douze discours apologétiques de Théodoret. Lardner nie l’authenticité de cet ouvrage par des raisons insuffisantes. Fabricius. Mosheim, Néander, etc., traitent cet écrit comme étant de Porphyre.

4 – Epître à Marcella, publiée par le cardinal Angelo Mai, Milan, 1816. « Les quatre fondements, etc. πίστις, ἀλήθεια, ἔρως (mot de Platon à la place de l’ἀγάπη chrétienne), ἐλπίς . » C’est sans motif suffisant qu’Angelo Mai a voulu conclure que Marcella était chrétienne.

« L’oracle déclara que le Christ était un homme extrêmement pieux ; que son âme, comme celle des autres hommes pieux, avait été, après la mort, couronnée d’immortalité, et que les chrétiens ne l’adoraient que par malentendu. Et quand nous demandâmes pourquoi il avait été mis à mort, la déesse (Hécate) nous répondit : Le corps, il est vrai, est soumis de fait à des tourments qui l’affaiblissent sans cesse ; mais l’âme de l’homme pieux habite dans la demeure céleste. Cette âme a été malheureusement une occasion d’erreur pour beaucoup, pour tous ceux à qui il n’a pas été donné de connaître l’immortel Jupiter. Mais il était lui-même pieux, et il est allé au ciel comme les autres hommes pieux. Tu ne dois donc pas le diffamer ; tu dois seulement avoir compassion de la folie des hommes à cause du danger qu’ils courent. »

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