Nos enfants

LE CULTE DE FAMILLE

… afin que tous ensemble, d’une seule bouche, vous glorifiiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ.

Romains 15.6

Deux hommes encordés viennent de s’attaquer à une paroi abrupte en haute montagne. En tête, le plus habile examine sans hâte le relief, tâte la roche pour en éprouver la solidité, creuse des « prises » avec son piolet et parvient à se hisser sur une plate-forme où il s’installe et attend. De là, il va pouvoir aider son compagnon moins expérimenté à le rejoindre. En guide responsable, il suit, sans le lâcher du regard, la lente progression de son ami et lui indique la saillie où s’agripper, l’anfractuosité où poser le pied. Il se garde bien de le rudoyer quand il paraît faiblir. Ici, la vitesse importe peu ; l’essentiel est d’avancer et d’aboutir.

S’encorder, c’est se rendre solidaire, s’est s’engager vis-à-vis de l’autre. Lorsque les deux grimpeurs seront côte-à-côte sur la plate-forme, le premier reprendra l’ascension et la scène se renouvellera jusqu’à ce qu’ils aient atteint leur objectif : le sommet de la montagne. Certes la montée est plus lente lorsqu’il faut attendre celui qui peine et hésite, toutefois il est exaltant d’entraîner un compagnon sur les hauteurs en partageant ses joies et ses progrès.

La tendance de l’homme – fut-il croyant – est d’avancer sans se soucier de l’autre. Le « chacun pour soi », même dans le domaine spirituel, guette les époux. Chercher à gravir les sommets est fort louable pourvu que le plus pieux ne soit pas tenté d’oublier son conjoint. La famille tout entière devrait être « encordée », le plus avancé dans la foi ouvrant la marche, soucieux d’amener tous les siens à la maturité spirituelle, imitant Jacob qui disait à son frère : « Et moi je marcherai lentement … au pas des enfants jusqu’à ce que j’arrive (avec eux) chez mon seigneur » (Genèse 33.14). La première paroisse d’un père et d’une mère, leur champ d’action prioritaire, c’est le foyer ; aussi l’un comme l’autre s’appliqueront-ils à faire de leur maison une église, un sanctuaire où Dieu est adoré.

Si d’aventure l’un des époux se montre réticent ou manifeste peu de besoins, le plus zélé se gardera d’imposer, à coup d’arguments bibliques, un culte de famille non souhaité. Il serait dommage que les enfants voient maman, par exemple, subir en soupirant ou en branlant la tête avec humeur, la lecture et la méditation des Écritures autour de la table.

C’est pourquoi, des questions se posent aux parents chrétiens : Sont-ils répréhensibles de ne pas célébrer le culte de famille ? Doivent-ils l’instituer ? Le maintenir régulièrement ou ne l’avoir que sporadiquement, lorsque le besoin s’en fait sentir ? Après tout, aucune loi du Nouveau Testament ne les oblige à le pratiquer régulièrement bien que les enfants de Dieu soient invités à « s’exhorter les uns les autres chaque jour aussi longtemps qu’on peut dire : « aujourd’hui » (Hébreux 3.13).

Nous sommes sous le régime de la grâce, donc parfaitement libres de célébrer ce culte plusieurs fois par semaine et libres également de ne pas l’observer du tout. Autrement dit, je refuserai de me laisser culpabiliser si, à cause d’événements imprévisibles, de la fatigue ou de la nervosité des enfants, cette rencontre doit être écourtée ou simplement supprimée. L’important est que règne dans la maison une atmosphère sereine, baignée de joie et de louanges.

Toutefois, il serait dommage d’évacuer cet office, d’être retenu par la crainte de lasser de jeunes oreilles ou de tomber dans l’inévitable routine. N’est-il pas bienfaisant de lire ensemble l’Écriture et de chanter la gloire du Créateur dans le cercle familial ?

Je le sais, la vie moderne est si fébrile, nos programmes si chargés, qu’il est parfois difficile de trouver du temps à consacrer au Seigneur. Mais puisque les premiers convertis « persévéraient dans la communion fraternelle et dans l’enseignement des apôtres » (contenus dans l’Écriture tout entière) pourquoi n’en serait-il pas ainsi dans votre foyer ?


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Des parents s’abstiennent de célébrer le culte de famille pour diverses raisons. Nous en signalons au moins six :

1. — L’ignorance. Peut-on demander à des époux issus de milieux athées, d’instituer un culte de famille dont ils n’ont aucune idée, n’ayant jamais participé à de telles rencontres ? Pour ce motif, il serait souhaitable qu’il y ait un échange de vues sur ce sujet important dans le cadre de l’église locale.

2. — La routine. Certains parents hésitent à rétablir « l’autel » dans la maison parce qu’ils gardent le souvenir pénible de longues lectures bibliques accompagnées de commentaires insipides débités par un père insensible aux réactions des siens. Alors pour ne pas infliger pareille punition à ses enfants, papa a cru bon de supprimer purement et simplement cette rencontre. Ne serait-il pas plus bénéfique de remplacer le mauvais par du bon et non … par rien du tout ? Les souvenirs négatifs devraient plutôt nous inciter à faire de ces réunions de famille des moments attendus de joyeuse communion.

3. — Les programmes trop chargés. Dans les communautés naissantes, pasteurs et anciens disposent d’un nombre réduit de bonnes volontés ; ils sont tentés de les employer au maximum, au préjudice de la famille elle-même. Le père débordé (tenu d’assister aux multiples réunions de la paroisse, de véhiculer les personnes dites intéressées, de visiter les malades et les vieillards, etc …) doit renvoyer aux calandes grecques ce qui serait un bien pour les siens.

4. — La passivité. Certains parents « attendent d’être poussés » pour réunir la famille « autour du Seigneur ». Il fut un temps où je faisais équipe avec un cher collègue qui me déclara, au premier jour de notre collaboration : « N’instituons pas un moment de prière au début de chaque journée, nous risquerions de tourner en rond, dans le blablabla. Nous prierons quand nous en sentirons le besoin. Ce sera plus authentique ». Excellent motif … aux piètres résultats. Nous avons fort peu plié les genoux ensemble et c’est dommage !

5. — Le mauvais exemple. Un père au caractère exécrable se sent-il libre d’enseigner ses enfants ? Comment pourrait-il être pris au sérieux par ceux qui le voient vivre de près ? D’où l’importance, pour un chef de famille, de veiller sur son comportement, de s’humilier chaque fois qu’il a pu décevoir les siens afin que soit célébré un culte bien accueilli par tous.

6. — Une vie intérieure relâchée. La plupart des pères qui n’ont jamais institué ce culte n’en éprouvent pas le besoin parce qu’ils négligent de cultiver leur communion avec le Seigneur. Le culte personnel doit précéder le culte de famille. Celui-là prépare celui-ci. Il ne peut y avoir de zèle et de ferveur là où fait défaut la vie intérieure. Qui néglige son Maître n’aura nul désir de communiquer sa foi à son entourage.


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Avez-vous la pensée d’instituer le culte de famille ? Alors retenez ces deux conseils :

a) Ayez du bon sens. Que cette réunion soit brève si les vôtres sont nerveux ou fatigués ; ou supprimée à l’occasion. Nous sommes libres et le restons. Vos enfants sont-ils agités, survoltés ? Alors ne les obligez pas à vous écouter longtemps, figés sur une chaise. S’ils se plaignent, prenez au sérieux leurs murmures, examinez-en la valeur et, s’ils sont justifiés, acceptez de réviser votre façon de faire.

b) Ayez de l’imagination pour faire de cette rencontre un instant béni et souhaité par tous. N’allez pas vous imaginer qu’un culte de famille doive se dérouler chaque fois de la même manière, selon un ordre définitivement établi et croire, par exemple, qu’il faille : 1 — Débuter par une prière et un Cantique — 2 Lire un chapitre de l’Ancien et du Nouveau Testament suivi d’un commentaire plus ou moins long — 3 Clôturer par le « Notre Père » récité en chœur et à haute voix. Non, ce serait courir à un échec. N’improvisez pas ce « service ». Variez-en le programme et montrez à tous votre enthousiasme, vous attendant à l’action de l’Esprit-Saint. Alors ce culte sera vivant et sujet de joie pour tous les participants.


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Voici une série de suggestions qui pourront vous inspirer et vous aider à préparer vos soirées.

A. Lire chaque soir, et durant plusieurs semaines un chapitre du « Voyage du petit pèlerin » — « La Bible racontée à nos enfants » (Anne de Vries) livres très appréciés.

B. Thème : la mission. Lire un extrait de journal missionnaire. Enumérer les besoins du champ (en utilisant une carte de géographie pour bien fixer les idées). Si un appel est fait pour l’achat d’un véhicule ou la construction d’une chapelle, suggérez que soit rassemblée une petite somme destinée à cet effet.

C. Thème : les problèmes de la vie. Répondre par des textes bibliques à des questions soulevées par un incident de la journée, une nouvelle entendue à la radio, une difficulté rencontrée par l’un des vôtres (travail, procès, divorce, conflits de générations …).

D. Thème : l’évangélisation. Rappeler tel effort qui se prépare dans la cité et chercher à discerner le rôle que pourrait y jouer la famille. Penser à des personnes susceptibles d’être invitées (camarades de classe, voisins, collègues de travail, parents …). Citez deux ou trois promesses propres à stimuler l’intercession en leur faveur.

E. Thème : la cité, le monde. Mentionner certains événements du moment (cataclysme, famine, persécution, guerre, inondation …) afin de présenter à Dieu ceux qui souffrent. Ne pas manquer d’intercéder pour les autorités.

F. Thème : l’Église. Si c’est un samedi soir, penser au culte du lendemain et lire un texte relatif à la Cène, l’offrande, l’amour fraternel … Signaler les personnes de la communauté qui traversent un temps difficile (maladie, chômage, deuil .…) afin de les présenter au Seigneur et, éventuellement, leur porter secours. Prier pour les responsables de l’église locale (pasteur, anciens, diacres, moniteurs …). Il serait souhaitable de posséder la liste des membres de l’assemblée pour citer leur nom devant Dieu.

G. Le dimanche surtout. Groupés autour du piano ou de la guitare, chanter des refrains entraînants et quelques cantiques. Lire un Psaume et réciter ensemble le « Notre Père » …

Que Dieu vous accorde le bonheur de Le célébrer en famille « d’une seule bouche ».

LES PARENTS S’INTERROGENT

  1. Célébrez-vous le culte de famille ? Sinon, quels sont les motifs qui vous ont conduits à le supprimer ? Sont-ils réellement valables ? Aujourd’hui, ne pourriez-vous pas réunir les vôtres pour un instant de louange ?
  2. Si vous pratiquez ce culte, avez-vous le sentiment que tous vos enfants s’y associent avec joie et intérêt ? Que pourriez-vous faire pour donner plus de vie à cette rencontre ?
  3. Avez-vous réellement le souci de leur âme ? Vivent-ils heureux dans une atmosphère sereine et spirituelle ? Bénissez Celui qui vous inspirera pour faire de ce culte un instant de joyeuse communion.

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