Propos sur le temps

LE TEMPS FAVORABLE

Au temps favorable, je t’ai exaucé.

2 Corinthiens 6.2

La famille est en vacances à la montagne, loin des routes poussiéreuses. Malgré l’éloignement, le ravitaillement est assuré par l’épicier-boulanger du village voisin qui monte au hameau tous les mardis, entre dix et onze heures. Il stoppe devant la vieille église, klaxonne longuement pour appeler ses clients, puis étale sa marchandise en les attendant.

Ce jour-là, personne ne songe à prétexter :

J’ai encore de la nourriture en suffisance pour deux ou trois jours. Je ferai mes achats après-demain.

Ou encore :

— J’ai trop à faire. J’irai aux provisions cet après-midi.

Ce serait déraisonnable. Que cela me convienne ou pas, je dois me plier aux horaires du marchand et profiter de sa venue si je veux être approvisionné. Les occasions doivent être saisies lorsqu’elles se présentent.

Nous avons déjà évoqué la révolte de Kadès : les enfants d’Israël, pris de panique, refusèrent de passer la frontière pour conquérir Canaan. Ils furent condamnés à errer et à périr dans le désert (Nombres 13-14). Ce terrible châtiment provoqua plus de larmes que de repentir authentique. Refusant de subir les conséquences de sa faute, le peuple se révolta une deuxième fois. Et pour sa perte, il prit l’initiative coupable de pénétrer dans le pays promis : son armée fut taillée en pièces par les Amalécites (Nombres 14.45). Israël qui redoutait de conquérir la Palestine « avec l’Éternel » (c’était le moment favorable) avait maintenant la témérité d’y pénétrer « sans l’Éternel » (ce n’était plus le moment). L’occasion était bel et bien manquée.

Dans les affaires de la vie, dit-on, il est un courant qui d’abord mène au succès : c’est la « marée » favorable. Il convient alors de se laisser porter par elle. Si, par négligence ou refus, on laisse passer l’occasion, tout le voyage de la vie se traîne dans la médiocrité. Il n’y a pas de bonne volonté qui tienne quand la « marée » se retire ; le temps est passé.

La série d’antithèses qui introduit le chapitre 3 de l’Ecclésiaste ne veut pas accréditer l’idée que la vie de l’homme est incohérente, faite d’imprévus, et que les événements dont elle est tissée se succèdent au petit bonheur. Au contraire, ces antithèses proclament la souveraineté de Dieu. Quel cultivateur ignore qu’il y a un temps pour planter (3.2) ? S’aviserait-il de semer ou de moissonner à Noël, simplement parce que « ça lui plaît » ? C’est à l’homme de se soumettre au Maître du temps s’il veut réussir sa récolte. Il possède assez de bon sens pour discerner le moment propice aux semailles.

Jadis, Jésus adressa de vifs reproches à ses contemporains incrédules : Hypocrites, leur dit-il, vous savez distinguer l’aspect de la terre et du ciel (donc prévoir le temps qu’il va faire) ; comment ne distinguez-vous pas ce temps-ci ? (Luc 12.56). Autrement dit : « Vous avez de l’intelligence, en tout cas assez pour discerner ma divine origine et saisir l’occasion de mon passage parmi vous. En vérité, vous vous bouchez les yeux et les oreilles parce que vous refusez délibérément de m’accueillir. Vous prétendez attendre le Messie promis, alors que vous vous obstinez à ne pas me reconnaître comme tel. » L’ignorance est en définitive un refus calculé d’être éclairé. Pleurant sur Jérusalem qui le repousse et le condamne, Jésus ne peut que se lamenter à la fin de son ministère : Si tu connaissais, toi aussi, en ce jour ce qui te donnerait la paix… Tes ennemis… t’écraseront, toi et tes enfants au milieu de toi et ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps où tu as été visitée » (Luc 19.41-44).

Tôt ou tard, l’homme devra payer cher d’avoir négligé l’occasion de rencontrer le Christ sauveur.

Le temps favorable, selon les Écritures, est par excellence :

1. Le temps présent, le seul dont je puisse disposer. Voici maintenant le temps vraiment favorable ; voici maintenant le jour du salut (2 Corinthiens 6.2 ; ce point a été déjà abordé).

2. Le temps de la jeunesse est également une époque de notre existence des plus favorables. C’est l’avis de l’Ecclésiaste qui recommande : Souviens-toi de ton créateur pendant les jours de ta jeunesse, avant que les jours du malheur viennent et que les années soient proches, dont tu diras : Je n’y trouve aucun agrément (12.1).

L’adolescence. Age heureux de l’insouciance où la vie est riche de promesses. En pleine forme physique, beau gars ou jolie fille, le jeune est tenté d’expulser Dieu de ses pensées pour jouir à fond des belles années dont il prétend disposer à sa guise. « Il transforme sa joie en joie immédiate, en jouissance sans signification. Il perd le sens de sa vie. Il devient au sens littéral un « insensé » (1). C’est grave. Certaines habitudes contractées dans ce temps heureux laissent des traces fâcheuses. Je pense à ce fils de « bonne famille », jeune encore, qui est déjà une vraie loque pour avoir vécu une jeunesse débridée. Il s’avère incapable d’assumer la moindre tâche et vit aux crochets de ses parents. Du gâchis !

(1) A. Maillot, « La Contestation » (Les cahiers de Réveil).

L’adolescence est un temps des plus propices pour rencontrer le Sauveur. Avec les années, grandissent l’indifférence, l’inaptitude à entendre l’appel de Dieu. Et comme on s’habitue au tic-tac d’un réveil jusqu’à ne plus y prêter attention, de même celui qui fait la sourde oreille à la voix du Saint-Esprit finit par ne plus la percevoir, Le moment vient où « il n’y trouve aucun agrément ». Alors qu’on ne s’étonne pas de voir si peu de vieillards se convertir à Jésus-Christ.

Et puis, la joie est tellement plus grande pour qui s’abandonne à Dieu dès l’enfance. Le croyant a la satisfaction de vivre une belle vie consacrée au Seigneur. La vieillesse sera illuminée si je puis évoquer sans tristesse ni regrets un passé dévoué au service du Maître et du prochain.

3. Le temps de la grâce est aussi un temps favorable. Un temps béni où Dieu veut me combler de ses biens les meilleurs. Gratuitement. Dire : « Demain je me convertirai, demain j’obéirai à Dieu, demain je renoncerai à telle habitude coupable, demain je prierai… » est déraisonnable, car nul ne sait ce qu’un jour peut enfanter (Proverbes 27.1). Demain… serai-je assez lucide ou encore en vie pour répondre à l’appel du Sauveur ? La mort ne me surprendra t-elle pas avant que ma décision ne soit prise ? Et puis, suis-je certain que le Saint-Esprit me visitera demain, me fournissant une nouvelle occasion de rencontrer le Sauveur ou de réaliser ce qu’il me demande d’accomplir aujourd’hui ? Voici maintenant le jour du salut (2 Corinthiens 6.2). Le chercher pendant qu’il se trouve est un impératif divin (Esaïe 55.6). Puisqu’il m’offre aujourd’hui la réconciliation obtenue « à grand prix », pourquoi tergiverser ? Et puisque pardon et vie nouvelle me sont accordés sans contre-partie, pourquoi tourner le dos au Donateur ? Sans cette démarche nécessaire, la colère de Dieu demeure sur moi (Jean 3.36). Mon voisin peut me proposer de prendre place dans sa voiture, je ne participerai pas au voyage et resterai dehors aussi longtemps que je ne m’installerai pas dans son véhicule, soit que je refuse son invitation, soit que je tarde et lasse sa patience. Demain peut signifier « trop tard ». En définitive, l’homme n’est pas condamné à cause de ses nombreuses fautes (elles ont été emportées et expiées sur le Calvaire), mais à cause de sa négligence et de son incrédulité à l’égard du Fils de Dieu. Refuser le Christ en étouffant la voix du Saint-Esprit, c’est cela le péché irrémissible.

C’est pourquoi, selon ce que dit le Saint-Esprit : AUJOURD’HUI, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs, comme lors de la révolte… (Hébreux 3.7-8).

QUESTIONS

  1. Avez-vous conscience d’avoir bien vécu votre jeunesse ? A-t-elle été consacrée au service du Christ ? Ne serait-ce pas une raison de plus pour racheter le temps ?
  2. Êtes-vous réellement « né de nouveau » ? Avez-vous ouvert à celui qui « se tient à la porte et qui frappe » ? Sinon, quand vous déciderez-vous ?
  3. Avez-vous l’assurance du pardon de Dieu ? De la vie éternelle ? Louez le Seigneur qui s’est offert afin que vous soyez appelé « enfant de Dieu » !

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