[1] Sous le règne de Néron, tandis que Félix gouvernait Judée, la discorde s'éleva parmi les prêtres : Josèphe le décrit encore en ces termes dans le vingtième livre des Antiquités.
« [2] Les grands prêtres entrèrent en lutte contre les prêtres et les premiers citoyens de Jérusalem. Chacun d'eux s'étant fait une garde des hommes les plus hardis et les plus entreprenants marchait à leur tête ; et c'était à chaque rencontre une grêle d'insultes et de pierres. Il n'y avait personne pour s'opposer à ces rixes ; mais, comme dans une ville sans magistrats, elles avaient lieu en toute liberté. [3] Les grands prêtres portaient l'impudence et l'audace jusqu'à oser envoyer leurs serviteurs pour enlever dans les granges les dîmes qui étaient dues aux prêtres. Il arriva même qu'on vit mourir de faim ceux d'entre eux qui étaient pauvres. A ce point l'emportait sur tout droit la violence des séditieux ».
[4] Le même écrivain raconte encore qu'à cette époque une espèce de brigands se forma à Jérusalem, qui en plein jour et en pleine ville, selon son expression, tuaient ceux qu'ils rencontraient. [5] C'était surtout aux jours de fête qu'ils se mêlaient à la foule. Ils tenaient cachées sous leurs habits des épées courtes avec lesquelles ils frappaient les personnes étrangères à leur parti. Aussitôt que celles-ci tombaient, parmi ceux qui s'indignaient, se trouvaient les meurtriers, et grâce à cette apparence honnête ils demeuraient tout à fait introuvables. [6] Sous leurs coups tomba d'abord le grand prêtre Jonathan, et après lui, chaque jour, beaucoup périrent. La peur fut encore plus pénible que le mal ; car chacun, comme dans une guerre, attendait la mort d'un moment à l'autre.