Nos enfants

FOI EN LA PROVIDENCE

Je n’ai point vu le juste abandonné ni ses enfants mendiant leur pain …

Psaumes 37.25

Heureuse fut mon enfance. Mes parents – de modestes jardiniers – s’efforçaient de nourrir sur un lopin de terre assez réduit leurs sept enfants dont j’étais le dernier. A l’époque, pas d’allocations familiales pour élever le standard de vie. Nul ne songeait à se plaindre puisqu’il en était ainsi pour la plupart de nos voisins. On s’efforçait de « tourner » vaille que vaille en faisant double tâche … et encore ! Par bonheur, les besoins d’alors étaient moindres ; chacun acceptait son sort sans récrimination pourvu que l’assiette ne restât jamais vide. Il y avait moins d’abondance mais on chantait davantage.

Notre entourage croyait nos parents aisés sans doute parce qu’ils se montraient généreux et ne s’astreignaient pas à une vie étriquée. Pourtant, il se trompait sur leur compte car la période précédant les premières récoltes – et avec elles, les premières rentrées d’argent de l’année – était difficile à passer pour la famille. Il fallait tenir jusqu’en mai ; aussi, vers la fin de l’hiver nos parents se montraient-ils préoccupés. Certaines dépenses étaient renvoyées à plus tard. Je surprenais de graves conciliabules qui m’impressionnaient beaucoup. J’en ressentais une profonde inquiétude qui m’aurait marqué si ces moments avaient duré plus longtemps.

L’enfant, âme sensible, amplifie les difficultés et dramatise les situations pour la simple raison qu’il ne peut y jouer le moindre rôle. L’inquiétude des parents devient alors « son » inquiétude, mais à la puissance trois, quatre … peut-être dix ou plus, suivant sa nature ou l’importance des questions évoquées. Puisqu’il ne peut rien aux problèmes des adultes, je pense que l’enfant devrait les ignorer ou ne pas en percevoir l’étendue.

Si vous traversez un temps difficile sur le plan matériel ou professionnel, ne dites pas en famille, solennellement :

— Mes chéris, je ne sais si demain vous pourrez manger. Papa a perdu son emploi et donc ne pourra plus subvenir à nos besoins. Il nous faudra certainement vendre la voiture ou la maison et, qui sait ? … aller mendier dans les rues.

N’effrayez jamais vos enfants en leur brossant un avenir inquiétant qu’ils ne connaîtront certainement pas. N’étalez pas inutilement vos soucis ; vous rendriez les vôtres craintifs et développeriez chez eux la peur du lendemain. A chaque jour suffit sa peine. Montrez-vous confiants pour leur communiquer la foi en la Providence, si du moins vous avez déjà appris à vous décharger de tous vos soucis sur le Seigneur, selon 1 Pierre 5.7.

Etes-vous dans une situation préoccupante ? L’avenir est-il bouché devant vous ? Parlez-en à Dieu seul. Demandez-lui la grâce – c’en est une – de rester serein, vous remémorant la parole citée en exergue : « Je n’ai point vu le juste abandonné ni ses enfants mendiant leur pain ». D’ailleurs, Dieu n’a-t-il pas promis de « prendre soin de nous » (1 Pierre 5.7) ?

Peut-être votre situation pécuniaire vous oblige-t-elle à différer un achat que la famille attend avec impatience. Pour expliquer ce retard et sans dramatiser la situation, dites simplement :

— Pour l’instant, je ne puis vous procurer ce que je vous ai promis mais ce n’est que partie remise. Présentement, je dois faire face à d’autres dépenses plus urgentes. Cependant, rassurez-vous. Vous aurez votre cadeau dès que possible.

Autrement dit, fournissez une explication qui inspire la confiance ; et si vous êtes contraint de vous priver, n’en faites pas mention sinon pour rappeler les promesses de Dieu. Vous-même, montrez-vous serein à la maison.

Il n’y a pas de nuit qui ne s’achève ni de tunnel qui ne débouche sur la lumière. C’est pourquoi, il vaut mieux tenir le langage de la foi : « Jusqu’ici avez-vous manqué du nécessaire ? Non ! Alors continuons à vivre dans la louange. Comme par le passé, Dieu pourvoira à nos besoins. Alléluia ! ».

Bien entendu, si vous êtes l’objet d’une délivrance surnaturelle, ne manquez pas d’en faire état devant tous, avec joie et actions de grâces. Il serait dommage de passer le fait sous silence.

Après un séjour merveilleux dans les Alpes Bernoises – ma famille avait été invitée à vivre un camp de ski dont j’étais l’aumônier – nous interrogeâmes les nôtres afin de les rendre conscients de leur privilège :

— Dans votre classe, qui a pu passer Noël à l’étranger et à la montagne ?

Combien nos enfants étaient heureux de constater – et nous avec eux – qu’ils avaient été les seuls à bénéficier d’une telle faveur. Dieu a ses bontés et ses compensations. S’il paraît nous priver sur un point ou sur un autre, en réalité nous comble dans d’autres domaines. A nous de les découvrir et d’en parler. Nous sommes dans les mains d’un Père généreux et, en bon pédagogue Il nous fait apprécier ses dons et ses largesses en nous privant parfois de la dangereuse abondance. Et puis, avec peu, il nous rend capable de réaliser beaucoup.

LES PARENTS S’INTERROGENT

  1. Etes-vous de ceux qui ont l’habitude d’étaler leurs difficultés en famille ? Vous souvenez-vous de choses dites qui ont pu accabler l’un de vos enfants craintif de nature ? Pensez-vous qu’il soit préférable de tenir secrets les problèmes qui vous pèsent ?
  2. Avez-vous appris à vous décharger sur Lui de tous vos soucis ? Etes-vous serein et confiant parmi les vôtres ? Qu’en pense votre conjoint ?
  3. Bannissez les plaintes et les revendications inutiles, cultivez plutôt la reconnaissance en pensant à ceux qui sont moins favorisés que vous.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant