et je continuai à user du même artifice jusqu'à ce que j'eusse peu à peu envoyé par ce moyen à Tarichée tout le sénat de Tibériade et un grand nombre des principaux habitants. Alors le menu peuple voyant le péril où il était, me pria de faire punir l'auteur de la sédition. C'était un jeune homme nommé Clitus, très hardi et très entreprenant. Je me trouvai assez embarrassé ; car d'un côté je ne pouvais me résoudre à faire tuer un homme de ma nation ; et de l'autre, il était important d'en faire un châtiment exemplaire. Dans cette difficulté, je pris un parti sur le champ, qui fut de commander à Lévi, l'un de mes gardes, de se saisir de Clitus, et de lui couper une main. Comme je vis qu'il n'osait l'entreprendre au milieu d'une si grande multitude, ne voulant pas que ceux de Tibériade s'aperçussent de sa timidité : j'appelai Clitus et lui dis : « Ingrat et perfide que vous êtes, puisque vous avez mérité que les deux mains vous soient coupées, soyez vous-même votre bourreau, si vous ne voulez être châtié plus sévèrement. » Sur cela il me conjura de lui conserver au moins une main. Je le lui accordai ; mais en feignant de m'y résoudre avec peine ; et à l'instant, il se coupa lui-même la main gauche avec son épée. Ainsi le tumulte cessa ;