Le plus célèbre des élèves de Clément fut assurément Origène. Origène (Ὡριγένης, fils d’Horus) est né en 185 ou 186 en Egypte ou même à Alexandrie d’une famille chrétienne. D’abord instruit par son père Léonidas, qui mourut martyr en 202 ou 203, puis disciple de Pantène et de Clément, le jeune homme montra une telle précocité de savoir et de talent qu’à dix-sept ans il donnait déjà des leçons de grammaire, et à dix-huit ans était choisi par l’évêque Demetrius pour succéder à Clément dans la direction de l’école d’Alexandrie.
Alors commence sa vie d’enseignement qui se partage nettement en deux périodes. De 204 environ à 230, Origène, sauf quelques interruptions, enseigne à Alexandrie ; de 232 jusqu’à sa mort, il enseigne à Césarée de Palestine.
Pendant la première période, il n’enseigne pas seulement, il étudie encore et n’hésite pas, à vingt-cinq ans, à se mettre à l’école du néoplatonicien Ammonius Saccas, pour se perfectionner dans la connaissance de la philosophie. Il médite les Écritures et apprend — très imparfaitement — l’hébreu. En 212, il fait un voyage à Rome pour en voir « la très ancienne Église ». En 215 ou 216, la persécution de Caracalla l’oblige à se réfugier en Palestine, où les deux évêques de Césarée et de Jérusalem, Théoctiste et Alexandre, le prient d’expliquer, lui simple laïque, l’Écriture dans l’Église. Un ordre de Demetrius le rappelle en 218 ou 219 à Alexandrie pour y reprendre son enseignement. C’en est la période la plus brillante. Abondamment pourvu par un de ses disciples, le riche Ambroise, de secrétaires et de copistes, Origène, dans la force de l’âge, multiplie ses compositions et ses travaux.
Un fâcheux incident vint les interrompre. A l’occasion d’un voyage en Achaïe en 230, Origène passa de nouveau par Césarée. Ses deux protecteurs, Théoctiste et Alexandre, en profitèrent pour l’ordonner prêtre, sans avoir consulté préalablement l’évêque d’Alexandrie, Demetrius. C’était une violation des canons. Demetrius protesta et, d’autres causes peut-être agissant, Origène fut, en 231-232, destitué de sa charge à l’école d’Alexandrie et déposé du sacerdoce. Ces mesures furent notifiées aux Églises par des lettres spéciales.
Le séjour en Egypte n’était plus possible. Origène, banni, se retira de nouveau à Césarée de Palestine et y commença la seconde période de son enseignement. Parmi ses auditeurs se trouva pour un temps celui qui devint saint Grégoire le Thaumaturge. Le maître traversa, sans en être touché, la persécution de Maximin (235-237), fit, en 240, un voyage à Athènes et, en 244, un autre en Arabie pour y ramener à l’orthodoxie l’évêque Bérylle de Bostra. Saisi et jeté en prison quand éclata la persécution de Dèce (250-251), il y fut soumis à diverses tortures qui ne le firent pas périr immédiatement mais qui hâtèrent sa fin. Rendu à la liberté, Origène mourut peu après à Tyr, en Phénicie, en 254 ou 255, à l’âge de soixante-neuf ans.
L’antiquité a de bonne heure surnommé Origène Adamantius (Ἀδαμάντιος, l’homme d’acier), pour marquer, suivant Eusèbe, la force de ses raisonnements, suivant saint Jérôme, l’éternelle durée de ses écrits : on pourrait ajouter, pour marquer son infatigable ardeur au travail. Esprit d’une insatiable curiosité, d’une prodigieuse étendue, plus étendu encore que profond, il a embrassé toute la science philosophique, scripturaire et théologique de son temps. Rien d’important ne lui avait échappé de l’ancienne littérature profane ou sacrée. Si l’on excepte les livres des épicuriens et des athées qu’il écartait a priori, il avait lu tous les autres et avait fait son profit de tous. Sa prédilection toutefois était pour l’Écriture. Indépendamment des travaux de critique qu’il avait entrepris sur son texte, et dont nous parlerons, il en avait scruté tous les récits et tous les enseignements, et c’est toujours sur son autorité qu’il aimait à appuyer sa propre doctrine. Origène est essentiellement un théologien bibliste, qui n’a formulé presque toute sa théologie qu’à l’occasion de ses commentaires sur l’Écriture. Cette théologie n’est pas irréprochable, et ses défauts ont attiré à la mémoire de l’auteur bien des contradictions et même des condamnations. Dans l’ensemble cependant, elle lui a valu le premier rang parmi les théologiens des trois premiers siècles. Et l’on souhaiterait sans doute dans l’œuvre d’Origène plus de fermeté et de suite, mais on ne peut qu’être étonné de la richesse et de la variété des aperçus qui s’y rencontrent.
Au point de vue du style, Origène est inférieur à Clément en pureté, en délicatesse et en harmonie. Au fond, il n’a nul souci de bien écrire et ne vise qu’à être clair. Mais, de plus, il est souvent prolixe et imprécis. Ces défauts s’expliquent si l’on remarque que beaucoup de ses ouvrages ne sont que des leçons ou des discours sténographiés, et que l’énorme production de sa plume ne lui laissait guère le temps de soigner sa composition.
Origène en effet a été l’auteur le plus fécond qu’ait eu l’Église et même qu’ait connu l’antiquité. Saint Épiphane parle de six mille ouvrages dont il serait l’auteur. Exagération évidente ! La liste dressée par Eusèbe, qui ne devait comprendre, il est vrai, que la collection faite par le prêtre Pamphile à Césarée, n’en comptait pas deux mille. Ce qui reste de la liste faite par saint Jérôme n’arrive pas à huit cents numéros ; mais elle est sûrement incomplète. En somme, il est certain qu’une bonne partie de l’héritage littéraire d’Origène est perdue. Deux causes ont contribué à cette perte. D’abord, l’énormité même de son œuvre, dans laquelle, faute de pouvoir tout transcrire, on a choisi seulement ce qui semblait meilleur ; ensuite les condamnations qui ont atteint la mémoire de l’auteur et ont discrédité ses livres. Plus de la moitié de ce qui a été conservé n’existe que dans des traductions latines du ive ou du ve siècle, « trop libres et trop retouchées pour qu’on puisse les prendre à la lettrea ».
a – La Philocalie est un recueil des plus beaux morceaux d’Origène composé par saint Basile et saint Grégoire de Nazianze. Elle a été rééditée par A. Robinson, Cambridge, 1893.
Dans la revue qui va suivre on parlera successivement : I° des travaux scripturaires d’Origène ; II° de ses œuvres d’apologie et de polémique ; III° de ses œuvres théologiques ; IV° enfin de ses œuvres ascétiques et de ses lettres.
I. Travaux scripturaires.
En tête des travaux scripturaires d’Origène il faut mettre les Hexaples (ἑξαπλᾶ Βιβλία, Bible sextuple). Les hexaples contenaient le texte de l’Ancien Testament écrit sur six colonnes parallèles. La première présentait le texte hébreu écrit en caractères hébraïques ; la deuxième le même texte hébreu écrit en caractères grecs ; la troisième portait la version d’Aquila ; la quatrième celle de Symmaque ; la cinquième celle des Septante ; la sixième celle de Théodotion. Le livre des Psaumes était même écrit sur huit colonnes (octaples) parce que, aux versions susdites, Origène en avait ajouté deux autres. Cette disposition permettait de comparer entre eux l’original et les versions et de saisir mieux par conséquent le vrai sens du texte. Afin de faciliter cette comparaison, l’auteur avait d’ailleurs surchargé la cinquième colonne, celle des Septante. Les mots ou passages existant dans les Septante et manquant dans l’hébreu étaient marqués d’un obèle ; ceux qui existaient en hébreu et manquaient dans les Septante avaient été empruntés à une autre version et introduits dans la colonne, mais marqués d’un astérisque. Le but d’Origène dans ce travail n’avait pas du reste été précisément un but désintéressé de critique textuelle : Origène regardait comme parfaite la traduction des Septante et lui donnait le pas même sur le texte hébreu. Mais il avait voulu fournir aux controversistes qui bataillaient contre les juifs, et à qui ceux-ci reprochaient de ne pas connaître le texte hébreu, le moyen de connaître le sens de ce texte et de le citer. Commencés à Alexandrie, les hexaples furent achevés à Césarée vers 245.
Il est douteux que cette œuvre colossale ait jamais été copiée en entier, et qu’il ait jamais existé d’autre exemplaire complet que l’original mis sur pied par l’auteur. C’est, en tout cas, de cet original, déposé à la bibliothèque de Césarée, que saint Jérôme s’est servi pour ses travaux. Mais, si on ne recopia pas l’œuvre entière, on en copia des parties, et surtout la cinquième colonne ; plus importante. Des autres colonnes il ne reste que des fragments relativement peu considérables.
En dehors des hexaples, les travaux d’Origène sur l’Écriture comprennent des scolies, des homélies et des commentaires.
Les scolies (σχόλια) étaient de courtes explications, souvent d’un caractère grammatical, de certains textes difficiles. Origène en avait écrit sur la Genèse, l’Exode, les Nombres, le Lévitique, Isaïe, les Psaumes et spécialement sur les quinze premiers, sur l’Ecclésiaste, saint Matthieu, saint Jean, l’Épître aux Calates et l’Apocalypse. On n’en a que des citations.
Les homélies sont des entretiens familiers sur l’Écriture tenus devant les fidèles. L’auteur y touche un peu à tous les genres. Tantôt, comme un professeur, il discute le texte et en fixe le sens ; tantôt il en tire des leçons, redevient prédicateur et moraliste ; tantôt il traite d’une question de dogme. On connaît l’existence d’environ cinq cents de ces homélies sur les divers livres de l’Ancien et du nouveau Testament, mais Origène, certainement, en a prononcé un bien plus grand nombre. Beaucoup (deux cents à peu près) se sont conservées surtout par des traductions latines de Rufin et de saint Jérôme.
Dans ses homélies Origène se proposait principalement d’édifier : dans ses commentaires (Τόμοι), qui étaient des ouvrages écrits, il se proposait d’expliquer scientifiquement et de faire comprendre le texte sacré. Malheureusement ces explications tournent souvent à l’allégorie, et ces commentaires sont presque toujours incomplets. Origène avait commenté (avant 244) les quatre premiers chapitres de la Genèse, un certain nombre de psaumes, les Proverbes, deux fois le Cantique des cantiques (la dernière fois en 240-242), les trente premiers chapitres d’Esaïe (vers 235), les Lamentations de Jérémie (à Alexandrie), Ézéchiel (achevé vers 240), les petits prophètes sauf Abdias, l’évangile de saint Matthieu (après 244), celui de saint Luc, celui de saint Jean (à Alexandrie et à Césarée, commentaire terminé après 238), les épîtres de saint Paul sauf les deux aux Corinthiens et les deux à Timothée (après 244). Mais il ne paraît pas avoir commenté les épîtres dites catholiques. Aucun de ces commentaires ne nous est parvenu complet. Il en reste seulement des citations ou même de notables parties soit en grec, soit dans des traductions latines. Entre tous ces commentaires, saint Jérôme estimait particulièrement le second sur le Cantique, qu’il regardait comme le chef-d’œuvre de l’auteur.
Ce qui a causé en grande partie la perte des commentaires d’Origène est sa négligence à expliquer le sens littéral du texte et son abus de l’exégèse allégorique. Convaincu que le sens moral ou spirituel est le principal, et que le sens littéral ou historique importe relativement peu ou même ne saurait parfois être accepté, il n’accorde à celui-ci qu’une demi-attention et développe le premier à outrance. Or si, parmi ces développements, il s’en trouve de justes et de raisonnables, il en est aussi qui sont exagérés et arbitraires. L’école d’Antioche est venue qui a montré le péril de ce subjectivisme exégétique, et en a détourné le goût des lecteurs.
II. Apologie et polémique.
L’ouvrage principal d’Origène apologiste est le traité Contre Celse, en huit livres. Celse était un lettré platonicien, fermement attaché à la religion nationale, qui écrivit, vers 177-178, un livre d’attaques contre le christianisme intitulé Ἀληϑὴς λόγος, Discours véritable, ou plutôt Démonstration de la vérité. Dans cet écrit, dont nous possédons, grâce à Origène, environ les neuf dixièmes en substance et les sept dixièmes mot à mot, l’auteur fait preuve d’une connaissance du christianisme à peu près unique parmi les païens de son temps. Bien qu’il n’en ait saisi ni l’originalité ni la profondeur, Celse a vraiment étudié la religion qu’il attaque. Il a lu les Livres Saints ; il en a relevé les difficultés et les contradictions apparentes : il sait qu’il y a des sectes parmi les chrétiens et il en tire argument contre la vérité de leur croyance : à la manière de Voltaire, il est caustique et moqueur. Son ouvrage toutefois ne semble pas avoir eu grand succès au moment où il parut, et il serait probablement resté dans l’oubli si Origène, cédant aux sollicitations d’Ambroise, ne l’en avait tiré en le réfutant vers les années 244-249. Aux quatre livres du Discours véritable Origène en opposa huit, mais qui suivent d’ailleurs pas à pas ceux de l’adversaire. Sauf au commencement, l’apologiste a simplement cité par tranches l’ouvrage qu’il combat, en y ajoutant ses réfutations et les preuves de la vérité du christianisme. L’antiquité a beaucoup apprécié ce travail d’Origène, celui de ses écrits en effet qui met le mieux en évidence sa prodigieuse érudition. On est aussi très frappé de la fermeté de foi qu’y montre l’auteur, et de la tranquillité sereine avec laquelle il aborde et résout les objections de Celse.
Le Contra Celsum est le seul ouvrage d’apologie et de polémique d’Origène qui subsiste. On a conservé seulement le souvenir d’un certain nombre de discussions qu’il soutint soit contre les juifs, soit contre certains hérétiques et dont les procès-verbaux avaient été dressés. Il se peut aussi que, en dehors des réfutations des principales hérésies qu’il a eu l’occasion de faire dans ses ouvrages, il ait dirigé contre telle ou telle de ces erreurs des traités spéciaux. Si ces traités ont existé, nous ne les avons plus.
III. Théologie.
Le plus important des écrits théologiques d’Origine est le Περὶ ἀρχῶν (De principiis), Sur les principes. Le texte grec en est perdu : il n’en reste, en dehors des citations, que deux grands morceaux comprenant le commencement du livre iii et celui du livre iv dans la Philocalie. Mais nous avons l’ouvrage entier dans une traduction latine de Rufin, traduction peu fidèle malheureusement, où Rufin a modifié ou même supprimé certains passages peu orthodoxes, et en a introduit d’autres pris ailleurs dans l’œuvre d’Origène. Une traduction littérale par saint Jérôme n’est plus connue que par vingt-sept courts fragments.
Le De principiis a été écrit à Alexandrie peu avant 231, par conséquent vers 229-230. Origène en a déclaré dans sa préface l’objet et le but. Partant de la prédication apostolique et ecclésiastique comme de la source de toute la foi chrétienne, l’auteur donnera des enseignements fondamentaux (ἀρχαί) de cette foi un exposé lié et systématique, où il s’efforcera d’en synthétiser les éléments épars, d’en éclaircir les obscurités et d’en compléter les simples indications. C’est toute l’idée d’une somme de théologie, idée qu’un homme de génie seul pouvait concevoir à cette époque.
Origène a divisé le Périarchon en quatre livres. Le premier a pour objet Dieu, son unité, sa spiritualité, le Verbe, le Saint-Esprit et les anges. Le deuxième s’occupe du monde et de sa création, de l’homme et de son origine, de la rénovation de l’homme par l’incarnation et des fins dernières. Le troisième livre expose la nature de la liberté humaine, la lutte qu’elle soutient entre le bien et le mal et le triomphe final du bien. Dans le quatrième, l’auteur traite de l’interprétation des Livres saints et propose ses théories exégétiques.
L’essai de synthèse tenté par Origène était prématuré, et l’auteur y a glissé des erreurs qui ont nui, dans la suite, à la réputation de son ouvrage. L’opinion de saint Jérôme qui y trouvait « plus de mal que de bien » est cependant fort exagérée. On est bien plus frappé par la profondeur des vues que ce livre suppose que par la témérité malheureuse de certaines des hypothèses qu’il contient.
Antérieurement peut-être au De principiis, Origène avait composé à Alexandrie des Stromates, connus seulement par quelques citations. C’était, semble-t-il, un ouvrage où il exposait, à l’aide de l’Écriture, les dogmes chrétiens en montrant, d’une part, en quoi ils diffèrent des doctrines païennes, mais, de l’autre, comment aussi ils trouvent un appui dans les écrits des philosophes.
Mentionnons enfin deux ouvrages Sur la résurrection, le premier, en deux livres, composé à Alexandrie, le second également en deux parties, sous forme dialoguée. Il s’en trouve quelques fragments cités par Methodius d’Olympe, Pamphile et saint Jérôme.
IV. Œuvres ascétiques et Correspondance.
Origène a laissé deux ouvrages ascétiques : Sur la prière et Exhortation au martyre. Le premier se divise en deux parties : les chapitres 1-17 traitent de la prière en général, de sa nécessité et de son efficacité ; les chapitres 18-30 commentent l’oraison dominicale. Ce petit livre est un des plus estimés parmi ceux de l’auteur. Il est postérieur à 231. — L’Exhortation au martyre, qui date de 235, début de la persécution de Maximin, est adressée à Ambroise et à un prêtre de Césarée nommé Protoctète. Origène les encourage à confesser leur foi jusqu’à la mort, s’il le faut. C’est une composition chaude, forte, qui traduit bien ses sentiments intimes vis-à-vis du martyre.
La célébrité d’Origène lui avait valu une correspondance énorme, et l’antiquité a connu en effet plusieurs collections de lettres écrites par lui ou qui lui avaient été adressées. Eusèbe, pour son compte, en avait réuni plus de cent (H. E., 6.36.3). Deux seulement sont conservées entières : la lettre à saint Grégoire le Thaumaturge, écrite probablement à Nicomédie entre les années 238-243, et la lettre à Jules Africain, écrite vers l’an 240. Dans la première, Origène exhorte simplement son ancien disciple à ne pas abandonner l’étude de l’Écriture, et à subordonner toujours la science humaine à la science sacrée. Dans la seconde, plus importante, il défend la canonicité de l’histoire de Suzanne, de l’épisode de Bel et du dragon et de la prière d’Azarias et des trois enfants, contenus dans le texte grec de Daniel. — Ajoutons que, dans certaines lettres mentionnées par saint Jérôme et par Rufin, Origène se plaignait qu’on eût falsifié ses écrits, et qu’on lui eût ainsi imputé des erreurs qu’il n’avait pas soutenues.
En somme, Origène, malgré les défaillances doctrinales qu’on peut lui reprocher, reste une des plus grandes figures de l’antiquité ecclésiastique. Il a aimé ardemment la vérité chrétienne et lui a consacré tout son génie et toutes ses forces. D’autre part, il n’a jamais séparé, dans sa vie, l’ardeur de s’instruire de l’ardeur de se sanctifier lui-même et de porter les autres au bien. Sa religion et sa piété ont été à la hauteur de sa science ; et s’il n’a pas été martyr, ce n’est pas faute d’avoir confessé sa foi, c’est faute d’un bourreau pour mettre fin à ses tortures.