Ch. 15, versets 1 à 12
Je vous fais connaître, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que de votre côté vous avez reçu, dans lequel aussi vous demeurez, par lequel aussi vous êtes sauvés, si vous vous tenez à la manière dont je vous l’ai annoncé, à moins que ce ne soit en vain que vous ayez cru !
En effet je vous ai transmis en première ligne ce que j’ai aussi reçu, c’est que Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, et qu’il a été vu par Céphas, puis par les douze ; ensuite il a été vu par plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart vivent encore maintenant, mais dont quelques-uns sont morts ; ensuite il a été vu par Jacques, puis par tous les Apôtres ; enfin, après eux tous, il a été vu aussi par moi, qui suis comme l’avorton. Car moi, je suis le moindre des Apôtres, ne méritant pas d’être appelé Apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis et sa grâce à mon égard n’a pas été vaine et j’ai travaillé plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. Soit donc moi, soit eux, voilà ce que nous prêchons et voilà ce que vous avez cru. Mais si l’on prêche que Christ est ressuscité des morts, comment y a-t-il parmi vous des gens qui disent qu’il n’y a pas de résurrection des morts ?
[Bien que dans ce paragraphe nous ne devions nous occuper spécialement que des douze premiers versets de ce chapitre, nous joignons cependant à leur traduction celle des versets 20 à 26, 35 à 55, sur lesquels nous reviendrons dans le paragraphe suivant. Nous pouvons d’autant mieux le faire que nous allons commencer par nous rendre compte de l’ensemble du chapitre.]
Mais maintenant, Christ est ressuscité des morts, comme prémices de ceux qui sont morts. En effet, comme la mort vient d’un homme, c’est aussi d’un homme que vient la résurrection des morts. Car de même que tous meurent en Adam, de même aussi tous reprendront vie en Christ, mais chacun en son propre rang : les prémices, c’est Christ ; puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement ; ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à Dieu son Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité et toute puissance. Car il faut qu’il règne, jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds ; comme dernier ennemi est détruite la mort…
Mais quelqu’un dira : Comment ressuscitent les morts ? Dans quel corps viennent-ils ? Insensé, ce que toi tu sèmes ne reprend pas vie, s’il ne meurt ; et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps qui deviendra, mais un simple grain, de blé peut-être ou de toute autre semence, et c’est Dieu, qui lui donne un corps, selon qu’il l’a voulu, et à chaque semence, un corps qui lui est propre. Toute chair n’est la même chair, mais autre est celle des hommes, autre la chair des quadrupèdes, autre la chair des volatiles, autre celle des poissons. Et il y a des corps célestes et des corps terrestres ; mais différente est la gloire des corps célestes et différente celle des corps terrestres. Autre est l’éclat du soleil et autre l’éclat de la lune et autre l’éclat des étoiles, car une étoile diffère d’une étoile en éclat. Il en est de même pour la résurrection des morts : il est semé en corruption, il ressuscite en incorruptibilité ; il est semé en déshonneur, il ressuscite en gloire, il est semé en faiblesse, il ressuscite en puissance ; il est semé corps psychique, il ressuscite corps spirituel. S’il y a un corps psychique, il y a aussi un corps spirituel, car c’est ainsi qu’il est écrit : le premier Adam fut fait pour être une âme vivante ; le dernier Adam, pour être un esprit vivifiant. Ce qui est spirituel, ne précède pas ce qui est psychique, mais vient après. Le premier homme est de la terre, terrestre ; le second homme est du ciel. Tel qu’est le terrestre, tels aussi sont les terrestres, et tel qu’est le céleste, tels aussi sont les célestes ; et de même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste.
Je vous déclare ceci, frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu et que la corruption n’héritera point non plus l’incorruptibilité. Voici je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais nous serons tous changés, en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corruptible revête l’incorruptibilité et que ce mortel revête l’immortalité ; mais lorsque ce corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, et ce mortel l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite : La mort a été engloutie dans la victoire. Où est, ô mort, ta victoire ? Où est, ô mort, ton aiguillon ? …
Avant de nous occuper de ces versets au seul point de vue de la résurrection de Christ, jetons un regard sur l’ensemble même du chapitre, qui forme un tout si net et si remarquable.
La clef du chapitre est dans le verset 12 : Mais si l’on prêche que Christ est ressuscité, comment y a-t-il parmi vous des gens qui disent qu’il n’y a pas de résurrection ? Il y avait donc dans l’Église de Corinthe des gens qui niaient qu’il y eût une résurrection des morts. On ne saurait déterminer quel était à cet égard leur système, si toutefois ils en avaient un : nous ne possédons point sur eux d’indications suffisantes. Il semble cependant, d’après ce même verset 12 et d’après l’ensemble du chapitre, que, tels que St. Paul les connaissait, ils ne niaient point la résurrection de Christ et ne s’élevaient pas contre la doctrine générale de l’immortalité de l’âme, que leurs négations portaient seulement sur la doctrine de la résurrection des corps. On comprend tout ce que cette doctrine pouvait avoir d’étrange pour des chrétiens d’origine grecque, surtout s’ils étaient sous l’influence de l’idéalisme de Platon. Nous savons l’accueil que reçut St. Paul à Athènes dès qu’il annonça la résurrection de Jésus-Christ. Lorsqu’ils entendirent parler d’une résurrection des morts, lisons-nous Actes 17.32, les uns raillaient, tandis que les autres dirent : Nous t’entendrons sur ce sujet une autre fois. Peu après, Paul quittait Athènes.
Le chapitre quinzième de la première aux Corinthiens se divise en deux parties bien distinctes : v. 1-34 et v. 35-58. Dans la première partie, l’Apôtre s’attache à prouver la nécessité de la résurrection des morts, surtout comme conséquence de la résurrection de Jésus-Christ. Dans la seconde partie, il traite la question du mode de la résurrection des morts, en établissant que le corps ne doit point ressusciter tel qu’il était avant la mort, de la même manière que le corps de Christ glorifié n’est point ce qu’était le corps d’Adam. C’est là ce qu’il démontre proprement dans les versets 35-49. Au verset 50 il déclare de la manière la plus générale : Que la chair et le sang ne peuvent hériter le Royaume de Dieu, ni la corruption, l’incorruptibilité. Et pour prévenir une objection concernant les chrétiens que le retour de Christ trouvera vivants sur la terre, il annonce qu’ils seront immédiatement transformés lors de ce retour, de telle sorte que pour eux comme pour les autres le corps dans la vie future sera différent du corps actuel.
Quant à la première partie elle-même, on peut y distinguer plusieurs sections. Dans les v. 1-11, l’Apôtre rappelle que lui et ses collègues dans l’apostolat annonçaient toujours en première ligne la mort, la sépulture et la résurrection de Jésus-Christ, et avaient vu eux-mêmes le Seigneur ressuscité. — v. 12-19, il prouve que s’il n’y avait pas de résurrection des morts, Christ ne serait pas ressuscité et le christianisme ne serait qu’une illusion. — v. 20-28, il montre le rapport positif entre la résurrection de Christ et la résurrection future des chrétiens et de tous les hommes. — v. 29-32, il allègue deux nouvelles preuves en faveur de la résurrection : l’une tirée d’un usage alors répandu, paraît-il, dans l’Église de Corinthe, de se faire baptiser pour les morts ; l’autre tirée des conséquences que la négation de la résurrection et en général de la vie future entraînerait pour la vie morale. — Enfin v. 33 et 34, l’Apôtre termine la première partie du chapitre par des exhortations pratiques analogues à celles par lesquelles il clôt la seconde au v. 58.
Revenons maintenant aux v. 1 à 11 : Je vous fais connaître, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que de votre côté vous avez reçu, dans lequel aussi vous demeurez, par lequel aussi vous êtes sauvés, si vous vous tenez à la manière dont je vous l’ai annoncé, à moins que ce ne soit en vain que vous ayez cru ! En effet, je vous ai transmis en première ligne ce que j’ai aussi reçu, c’est que Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, et qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, et qu’il a été vu par Céphas, puis par les douze ; ensuite il a été vu par plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart vivent encore maintenant, mais dont quelques-uns sont morts. Enfin, après eux tous, il a été vu aussi par moi. Soit donc moi, soit eux, voilà ce que nous prêchons et voilà ce que vous avez cru. Avant de parler de la résurrection de Christ, Paul parle donc de deux événements intimement liés à cette résurrection : la mort et la sépulture du Seigneur. Il rappelle que ces trois événements ont figuré en première ligne dans la matière de ses prédications, de son enseignement apostolique. Et s’il confirme ainsi d’une manière générale les données de nos Évangiles au sujet de la sépulture de Christ, il les confirme également sur un point d’une haute importance, en rappelant que la résurrection de Jésus a eu lieu le troisième jour après sa mort.
Examinons maintenant les unes après les autres les six apparitions de Christ ressuscité, si brièvement mentionnées, mais après avoir constaté que Paul les unit entre elles par des conjonctions de temps correspondant en grec aux conjonctions françaises par lesquelles nous les avons rendues : puis, ensuite, ou par ces mots : ἒσχατον τὲ πάντων que nous avons traduits par : enfin, après eux tous.
Il a été vu par Céphas… Nous retrouvons ici l’apparition de Jésus à Pierre, que l’Évangéliste Luc nous avait déjà incidemment indiquée (Luc 24.34). Paul désigne presque toujours Pierre sous le nom de Céphas, mot qui vient de l’araméen et signifie : pierre. Nous lisons dans Jean 1.43 : Jésus, ayant fixé ses regards sur lui, dit : Tu es Simon, fils de Jonas, tu seras appelé Céphas (ce qui se traduit par Pierre).
Il a été vu par Céphas, puis par les douze. Il ne faut pas prendre ce chiffre dans un sens rigoureux. St. Paul savait assurément que depuis la trahison de Judas, le collège apostolique n’était plus au complet. Les douze, c’était pour lui l’ensemble des Apôtres. Ce n’était pas même nécessairement tous les onze qui restaient après la défection de Judas. Cette apparition aux douze peut être, par conséquent, celle dont furent privilégiés dix des Apôtres le soir du premier dimanche. Nous pouvons aussi y voir réunis et cette première apparition aux Apôtres et la seconde qui eut lieu le dimanche suivant, Thomas étant présent.
Ensuite il a été vu par plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart vivent encore maintenant, mais dont quelques-uns sont morts. C’est seulement ici que nous apprenons qu’une des apparitions eut un aussi grand nombre de témoins, et cette donnée ne saurait nous être fournie d’une manière plus persuasive, plus à l’abri de toute objection. L’authenticité de l’Épître est incontestable et l’Apôtre, en parlant de ces cinq cents témoins, a soin d’ajouter qu’au moment où il écrivait, la plupart vivaient encore.
Il ne dit rien d’autre sur cette apparition, rien sur la localité, ni sur l’époque où elle eut lieu. Toutefois à ce dernier égard on peut inférer de la place qu’il lui assigne, qu’elle fut postérieure à celles dont furent honorés Céphas et les douze, et qu’elle précéda celles qui eurent pour témoins Jacques et tous les Apôtres, que ce fut ainsi une des apparitions qui eurent lieu au milieu des quarante jours, même celle qui pourrait être appelée l’apparition centrale.
Ce n’est pas tout : cette induction peut être confirmée et complétée d’autre part. Il est peu probable en effet qu’une réunion aussi nombreuse ait eu lieu à Jérusalem ou aux environs, soit parce que les disciples décidés et courageux de Celui qui venait d’être crucifié ne devaient pas en ce moment abonder en Judéea, — soit parce que Jésus devait alors éviter tout ce qui pouvait appeler la persécution sur ses disciples, encore si peu préparés à la subir. Cette dernière considération nous aide à comprendre pourquoi toutes les premières apparitions, qui naturellement eurent lieu où se trouvaient les disciples, c’est-à-dire à Jérusalem ou dans les environs, furent de véritables surprises, celles dont furent honorés Marie-Madeleine et les disciples qui se rendaient à Emmaüs, comme celles dont les Apôtres réunis furent témoins le premier et le second dimanche. Mais, après s’être montré à ses disciples en Judée, Jésus devait aussi leur apparaître dans cette Galilée où il avait passé presque toute sa vie, exercé la plus grande partie de son ministère, recruté ses Apôtres et la plupart de ses adhérents, et les raisons qui, à Jérusalem, lui commandaient en vue de ses disciples une extrême prudence, n’avaient plus la même force dès qu’il s’agissait de la Galilée. Aussi bien le premier rendez-vous donné aux disciples les appela-t-il à se rendre dans cette contrée. Ce qui fait ressortir encore toute l’importance de ce rendez-vous, c’est qu’il fut répété, donné à plusieurs reprises et de différentes manières. Il fut d’abord donné par Jésus lui-même, la veille de sa mort : Mais après être ressuscité, je vous précéderai en Galilée (Matthieu 26.32 ; Marc 14.28), — puis par l’ange qui apparut aux compagnes de Marie-Madeleine pour leur annoncer la résurrection de Jésus : Allez promptement dire à ses disciples : Il est ressuscité des morts et voici, il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez. Voilà, je vous l’ai dit (Matthieu 28.7 ; comp. Marc 16.7), — puis par Jésus ressuscité apparaissant à Marie-Madeleine : Allez porter cette nouvelle à mes frères, afin qu’ils partent pour la Galilée : c’est là qu’ils me verront (Matthieu 28.10). Ce rendez-vous dut même être encore répété et précisé plus tard par Jésus dans ses apparitions subséquentes, car Matthieu rapporte expressément que les disciples se rendirent en Galilée sur la montagne que Jésus leur avait indiquée, sans dire où et quand Jésus avait donné cette indication, et il est probable qu’il la donna lorsqu’il apparut à ses disciples réunis le premier ou le second dimanche.
a – Même après l’Ascension, nous voyons que lorsque les Apôtres nommèrent le successeur de Judas dans une assemblée solennelle, elle ne compta que cent vingt personnes : Actes 1.15.
La première apparition de Jésus qui fut préparée par un rendez-vous, eut donc lieu en Galilée sur une montagne, c’est-à-dire dans un endroit solitaire, et on comprend comment tous les disciples qui purent y assister ne manquèrent pas de s’y rendre. L’assemblée qu’ils formèrent alors, dut être vraiment nombreuse et le chiffre de cinq cents personnes ne saurait nous étonner. N’oublions pas que les Apôtres, lorsqu’ils quittèrent Jérusalem, étaient déjà parfaitement convaincus de la résurrection de leur Maître, et que leur conviction dut entraîner en général celle des autres disciples.
Il nous semble donc vraisemblable au plus haut degré que l’apparition aux cinq cents frères, dont parle St. Paul, fut la grande apparition qui suivit celle aux sept disciples sur les bords du lac de Génésareth (Jean ch. 21), et à laquelle surtout se rattachent les mémorables paroles rapportées par Matthieu 28.18-20 ; Marc 16.15-18, Luc 24.47-49. L’importance de ces paroles vient encore faire ressortir celle de cette apparition.
Ensuite il a été vu par Jacques… Cette apparition n’est mentionnée nulle part ailleurs dans nos saints livres, et il n’est pas même très facile de déterminer le Jacques dont parle ici St. Paul. La question est du moins assez controversée. Pour nous, elle est maintenant tranchée et nous adhérons pleinement à la manière dont elle a été éclaircie par Bleek, entre autres. C’est à lui que nous renvoyons surtout pour compléter les développements dans lesquels nous allons entrer. On ne tardera pas à reconnaître qu’ils ne sont point indifférents dans l’étude spéciale que nous poursuivons.
Le Jacques dont parle ici St. Paul, est évidemment le même dont il parle Galates 1.19 ; 2.9 : Et au bout de trois ans je retournai à Jérusalem pour faire la connaissance de Céphas et je restai quinze jours auprès de lui ; mais je ne vis aucun autre des Apôtres, sauf Jacques, le frère du Seigneur… Et reconnaissant la grâce qui m’a été donnée, Jacques, Céphas et Jean, qui sont tenus pour des colonnes me donnèrent leurs mains droites, ainsi qu’à Barnabas, en signe d’union, afin que nous, nous allassions vers les Gentils et eux, vers les circoncis, — le même dont il est parlé Actes 12.17 ; 15.13 : Mais Pierre, leur ayant de la main fait signe de se taire, leur raconta comment le Seigneur l’avait tiré de la prison, et il dit : Informez-en Jacques et les frères… Mais après que Paul et Barnabas se furent tus, Jacques prit la parole (pour faire la proposition conciliatrice qui fut adoptée par ce qu’on appelle le concile de Jérusalem), — le même Jacques que l’auteur de l’admirable Épître, dont le contenu s’harmonise si bien avec les passages que nous venons de citer, et qui commence par ces simples mots : Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ (Jacques 1.1), — le même qui au premier verset de l’Épître de Jude est désigné par l’écrivain comme étant son frère. Jude, serviteur de Jésus-Christ et frère de Jacques, est-il écrit, traduction à laquelle nous substituerons volontiers celle-ci adoptée par Holtzmann (Bunsens Bibelwerk) : Jude, serviteur de Jésus-Christ, mais frère de Jacques, si le mais français n’exagérait pas l’opposition, ici légère, exprimée par le δὲ grec, — le même encore que Clément d’Alexandrie, au rapport d’Eusèbe, dit avoir été nommé premier évêque de Jérusalem par Pierre, Jacques et Jean, et avoir été surnommé le juste, — le même sur lequel Eusèbe nous a conservé de précieuses citations d’Hégésippe, dans lesquelles nous voyons que Jacques, le frère du Seigneur, avait été consacré dès son enfance à l’Éternel comme nazaréen, fut extrêmement distingué par sa sainteté et mourut lapidé à Jérusalem, après avoir rendu le plus éclatant témoignage à Jésus-Christ (Hist. eccl., II, 28), — le même enfin dont Josèphe raconte la mort en ces termes : « Le jeune Ananus (souverain sacrificateur), voyant que Festus était mort et qu’Albinus était encore en chemin, assembla un sanhédrin de juges, devant lequel il cita Jacques, frère de Jésus qu’on appelle le Christ, puis quelques autres, et il les fit condamner à être lapidés comme transgresseurs de la loi. Tout ce qu’il y avait à Jérusalem de gens sages et observateurs fidèles de nos lois, désapprouvaient fort cette action » (Antiq. XX, 8.1).
Jusqu’ici on est généralement d’accord. Les divergences se manifestent quand il s’agit de déterminer auquel des Jacques mentionnés dans nos Évangiles correspond celui dont parlent l’Épître aux Galates, Actes 12.17 ; 15.13), Clément d’Alexandrie, Hégésippe et Josèphe : le Jacques si connu et si respecté du siècle apostolique, — et dans quel sens ce Jacques était appelé frère du Seigneur, par St. Paul, Hégésippe et Josèphe : si c’était en qualité de propre frère ou seulement de cousin. Nous voyons en effet trois Jacques figurer dans nos Évangiles :
1° Jacques, fils de Zébédée et de Salomé, frère de Jean, Apôtre comme son frère (Matthieu 10.2 ; Marc 3.16 ; Luc 6.14 ; Actes 1.13, etc. ) et le premier Apôtre qui fut martyr (Actes 12.2).
2° Jacques, fils d’Alphée, Apôtre également (Matthieu 10.3 ; Marc 3.18 ; Luc 6.15 ; Actes 1.13). Les mots Alphée et Clopas semblant être deux formes différentes du même nom hébreu gréciséb, on en a conclu que la mère de ce Jacques était une Marie, dont il est plusieurs fois question dans les Évangiles et qui est désignée Jean 19.25, comme étant la femme de Clopas. Le même passage appelle cette Marie sœur (ou belle-sœur) de Marie, mère du Sauveur. Cette même Marie nous apparaît tantôt comme la mère de Jacques et de Joses (Matthieu 27.56) ou de Jacques le mineur et de Joses (Marc 15.40), tantôt simplement comme la mère de Joses (Marc 15.47) ou de Jacques (Marc 16.1 ; Luc 24.10). Cette dernière abréviation s’explique très naturellement, si l’on admet que Jacques était le seul des fils qui fût Apôtre, et qu’il était par cela même le plus connu. Jacques, fils d’Alphée ou Clopas, et de Marie, était donc Apôtre et c’est probablement comme tel qu’il était surnommé le mineur (proprement le petit), pour le distinguer de Jacques, fils de Zébédée et frère de Jean. Sa mère, étant sœur (ou belle-sœur) de la mère de Jésus, il était lui-même cousin du Seigneur.
b – L’aspirante hébraïque ח ne peut être rendue en grec ou que trop doucement par la voyelle a (α) ou trop fortement par la consonne c, k, (κ). Voir Arnaud, Recherches critiques sur l’Épître de Jude, 1851, p. 50.
3° Jacques, un de ces frères du Seigneur, dont parle le Nouveau Testament à plusieurs reprises. Ils apparaissent une première fois tout au commencement du ministère de Jésus, après le miracle accompli aux noces de Cana (Jean 2.12). Nous les voyons ensuite séparés de Jésus et ne croyant point en lui (Marc 6.1-6 ; 3.24, 31-35 ; Jean 7.2-10). Nous les retrouvons encore immédiatement après l’Ascension, mais cette fois enfin, comme croyants (Actes 1.13-14), et ils nous apparaissent plus tard comme cités à l’égal des Apôtres (1 Corinthiens 9.5). Ces frères du Seigneur nous semblent avoir été de véritables frères de Jésus du côté maternel, des fils de Joseph et de Marie, et non pas des fils de Joseph, provenant d’un premier lit. Le Nouveau Testament ne laisse nulle part entrevoir que Joseph eût été marié en premières noces avant d’épouser Marie ; d’ailleurs Matthieu 1.25 et Luc 2.7 donnent à entendre que Joseph eut des enfants de Marie.
Nous savons qu’on a parfois nié la distinction que nous venons de faire entre Jacques, fils d’Alphée, Apôtre, et Jacques, frère du Seigneur, et qu’on a vu dans ceux que les Évangiles appellent les frères de Jésus, les fils d’Alphée, c’est-à-dire proprement des cousins de Jésus. Mais d’abord il nous paraît, comme nous venons de le dire, que Jésus eut de véritables frères du côté maternel, et de plus nos Saints Livres distinguent trop nettement les frères de Jésus et les Apôtres, pour qu’il soit possible d’admettre qu’un des frères de Jésus ait été un des douze.
[Voir surtout Jean 2.12 : Il descendit à Capernaüm, lui, sa mère et ses frères et ses disciples ; — et Actes 1.13-14 : Et lorsqu’ils furent entrés, ils montèrent dans la chambre haute où ils demeuraient, à savoir Pierre et Jean,… Jacques, fils d’Alphée… Tous ceux-là étaient assidus à la prière avec des femmes et Marie, la mère de Jésus, et ses frères.]
Recherchons maintenant auquel des trois Jacques correspond le Jacques, frère du Seigneur, si influent et si respecté dans l’âge apostolique, celui dont parle St. Paul 1 Corinthiens 15.7. Evidemment on ne peut penser au premier des Jacques, à l’Apôtre fils de Zébédée et frère de Jean, mort si prématurément et si héroïquement. Il ne reste donc que le second ou le troisième. Or nous n’hésitons point à nous prononcer pour le troisième, le Jacques frère du Seigneur et non Apôtre.
1° C’est lui et non pas Jacques, fils d’Alphée, qui était proprement frère du Seigneur. On ne comprendrait pas comment un cousin du Seigneur aurait été désigné avec tant de persistance comme frère du Seigneur, tandis que le Seigneur aurait eu de véritables frères et des frères très connus.
2° C’est lui qui a pu apparaître comme n’étant pas un des douze et comme jouissant cependant, à cause de sa parenté avec le Seigneur et de l’ascendant de son caractère personnel, d’une autorité semblable à celle des Apôtres. Galates 1.18-19 : Je restai quinze jours avec lui (Céphas), mais je ne vis aucun autre des Apôtres, sauf Jacques, le frère du Seigneur. — Galates 2.9 : Jacques, Céphas et Jean, qui sont tenus pour des colonnes, me donnèrent leurs mains droites… Actes 12.17 ; 15.13 ; 1 Corinthiens 9.5 ; Jacques 1.1, et l’Épître entière.
3° C’est enfin ce même Jacques que tout nous porte à considérer comme le frère de Jude, l’auteur de l’Épître qui porte ce nom. Ce Jude était donc aussi un frère du Seigneur et dès lors nous comprenons comment il pouvait se désigner avec tant de délicatesse et de respect pour Jésus, comme étant serviteur de Jésus-Christ et (ou mais) frère de Jacques, — comment il n’était pas proprement Apôtre, pouvait parler des Apôtres sans se mettre de leur nombre (mais pour vous, souvenez-vous des paroles qu’ont prononcées d’avance les Apôtres de Notre Seigneur Jésus-Christ v. 17) et toutefois pouvait agir comme l’un d’eux, ainsi que le prouve le fait même de son Épître. Jacques et Jude suffiraient donc à eux seuls pour expliquer ces frères du Seigneur dont parle St. Paul immédiatement après avoir parlé des Apôtres (1 Corinthiens 9.5).
Le Jacques dont parle St. Paul, comme ayant été, ainsi que Céphas, honoré d’une apparition spéciale du Seigneur ressuscité, est donc pour nous un des propres frères du Seigneur, le premier fruit de l’union de Joseph et de Marie, — consacré par ses parents à l’Éternel, comme Jean-Baptiste, d’une manière extraordinaire, par le vœu du Nazaréat, — longtemps incrédule à l’égard de Jésus, comme ses frères puînés, et, comme eux aussi, figurant parmi les disciples depuis l’Ascension, plus tard le disciple si influent et si distingué qui fut au moins un des principaux chefs des chrétiens d’origine juive, les représenta dans la solennelle assemblée du concile de Jérusalem avec autant de dignité que de modération, tendit la main d’association à Paul et à Barnabas, appelés à évangéliser surtout les païens, et mourut martyr à Jérusalem, peu avant la ruine de la coupable cité.
S’il en est ainsi, quelle lumière ne tombe pas sur l’apparition dont Jacques fut honoré, probablement en Galilée. Comme cette apparition grandit en importance en raison même de la place que Jacques devait occuper dans les temps apostoliques ! Comme nous aimons à apprendre qu’un des membres de la famille du Seigneur eut aussi une entrevue avec Lui pendant les quarante jours ! Ne comprenons-nous pas mieux comment ces frères de Jésus, si peu croyants d’après les Évangiles, devinrent si dévoués d’après les Actes et les Épîtres ? Et quel jour cette apparition ne jette-telle pas sur le développement de Jacques lui-même ? Ne pouvons-nous pas dès lors voir en elle ce qui décida sa conversion et sous ce rapport, le rapprocher de Paul, dont il différait à tant d’égards ?
Au reste, hâtons-nous de le dire : si jusqu’à présent on ne nous paraît pas avoir suffisamment fait ressortir toute l’importance de cette apparition, cette importance a été du moins reconnue par plusieurs théologiens éminents de l’époque actuelle, entre autres Neander, Bleek et Bunsen.
[L’apparition du Seigneur à Jacques était racontée avec quelques détails, dont plusieurs sont évidemment apocryphes, dans l’Évangile dit selon les Hébreux. St. Jérôme nous a transmis ce récit (De viris illustribus, II), en l’introduisant ainsi : Voici ce que rapporte après la résurrection du Seigneur, l’Évangile qu’on appelle selon les Hébreux et que je traduisis dernièrement en grec et en latin, Évangile dont Origène se sert souvent : « Quand le Seigneur eut donné son suaire au serviteur du prêtre, il alla vers Jacques et lui apparut, car Jacques, depuis l’heure où il avait bu le calice du Seigneur, avait juré de ne pas manger de pain qu’il n’eût vu le Seigneur ressuscité d’entre ceux qui dorment. » Et un peu après l’Évangile ajoute : « Apportez une table et du pain, dit le Seigneur. » Puis il continue aussitôt : « Le Seigneur prit le pain, le bénit et le rompit, le donna ensuite à Jacques le Juste et lui dit : « Mon frère, mange ton pain, car le Fils de l’homme est ressuscité d’entre ceux qui dorment. »
Apocryphe d’autant plus remarquable qu’il date de plus de quinze siècles avant toute controverse au sujet de l’authenticité du fameux linceul de Turin. Il montre que l’existence d’une troisième pièce de linge, distincte des bandelettes et du couvre-tête, que Pierre et Jean observèrent lorsqu’ils pénétrèrent dans le tombeau vide, à savoir le grand linceul acheté par Joseph d’Arimathée, préoccupait déjà certains esprits au tout début de l’histoire de la Résurrection. Ce linceul, ou suaire, n’aurait donc pas été découpé en bandelettes (comme le suggère F. Godet dans son commentaire sur l’Évangile de Jean), mais il aurait été emporté par Jésus en sortant du tombeau. S’il n’y a bien entendu aucun moyen de s’assurer du fait, on ne peut que se demander où l’auteur du texte apocryphe a pris cette idée, laquelle personne d’autre ne semble avoir émise avant lui. (ThéoTEX)]
Ensuite il a été vu par Jacques, puis par tous les Apôtres. St. Paul avait d’abord parlé d’une première apparition à l’ensemble des Apôtres, en disant au v. 5 : Il a été vu par Céphas, puis par les douze. Ici, après avoir parlé de l’apparition à Jacques, il parle d’une nouvelle apparition, non aux douze, mais à tous les Apôtres. Quelle est cette nouvelle apparition ? Quand et où eut-elle lieu ? Il nous semble très naturel de l’identifier avec la dernière apparition qui précéda l’Ascension et qui nous est racontée avec le plus de détails au commencement du livre des Actes. Remarquons qu’il est dit dans ce récit au v. 4 : Et les ayant rassemblés. Nous serions disposé à penser que la réunion des disciples qui eut lieu alors, fut préparée par un rendez-vous, comme la grande réunion des cinq cents, et que ce rendez-vous fut donné selon toute apparence en Galilée. On comprend très bien comment, au point de vue de la prudence, ces deux réunions purent s’être concertées d’avance : pour la première, le rendez-vous fut donné à Jérusalem pour la Galilée, c’est-à-dire pour une contrée où les disciples avaient beaucoup moins à craindre qu’en Judée ; pour la seconde, il aurait été donné en Galilée pour Jérusalem, très peu de temps avant que Jésus prît congé de ses disciples.
Il semble d’après Luc 24.50 (et il les conduisit jusque vers Béthanie) que la réunion eut d’abord lieu à Jérusalem dans quelque chambre haute, probablement celle où demeuraient les Apôtres après leur retour de Galilée (Actes 1.13), — que Jésus sortit ensuite de la ville avec ses disciples et les conduisit lui-même près de Béthanie, à l’endroit où il devait les quitter pour s’élever au ciel.
[Cette chambre haute avait peut-être déjà vu l’institution de la Ste. Cène, les deux premières apparitions de Jésus aux onze et peut-être devait-elle bientôt voir soit le remplacement de Judas par Matthias (Actes 2.15), soit l’effusion du Saint-Esprit lors de la Pentecôte (Actes 2.1-2).]
Si l’on voit dans l’apparition aux douze, dont il est parlé au v. 5, l’apparition aux Apôtres le soir du premier dimanche, on pourrait expliquer ces mots : Tous les Apôtres, en y voyant une allusion à la présence de Thomas. Si nous voyons, au contraire, dans l’apparition aux douze à la fois la première dont les Apôtres furent favorisés le premier dimanche, et la seconde qui eut lieu le dimanche suivant et où Thomas assistait, nous pourrions nous expliquer ces mots en prenant la désignation d’Apôtre, non pas dans le sens strict dans lequel elle ne convenait qu’aux douze, mais dans un sens plus large qui lui est plus d’une fois donné dans le Nouveau Testament (Galates 1.19 ; Actes 14.4, 14, et peut-être aussi Romains 16.7).
En envisageant la série des apparitions précédemment mentionnées et en rapprochant le v. 5, où il est parlé expressément des douze, et le v. 7, où il est parlé de tous les Apôtres, nous sommes conduit à préférer la seconde alternative et à penser que St. Paul comprenait dans cette désignation des hommes qui ne faisaient pas partie des douze et qui, plus tard du moins, purent être appelés Apôtres, — par exemple Jacques, qu’il venait de nommer et dont il parle presque comme d’un Apôtre (Galates 1.19), et en général les frères du Seigneur que nous voyons réunis aux douze entre l’Ascension et la Pentecôte (Actes 1.14) et que St. Paul place sur le même rang ou à peu près (1 Corinthiens 9.15).
Avant d’aborder l’apparition dont St. Paul fut honoré lui-même et qu’il mentionne immédiatement après celles que nous venons d’énumérer avec lui, envisageons l’ensemble même de celles-ci, pour les comparer aux données que nous ont fournies les Évangiles et les Actes.
Paul parle donc d’une apparition à Céphas que nous avons retrouvée Luc 24.34, — d’une apparition aux douze, qui peut être rattachée soit à l’apparition aux Apôtres le premier dimanche, soit à cette apparition jointe à celle qui eut lieu le second dimanche, — d’une apparition à plus de cinq cents frères, qui nous paraît avoir été la grande réunion en Galilée, — d’une apparition à Jacques, frère du Seigneur, qui est indiquée seulement par Paul, mais qui s’harmonise admirablement avec plusieurs passages des Évangiles, des Actes et des Épîtres, — d’une apparition à tous les Apôtres, que nous avons rapprochée de celle qui fut si glorieusement couronnée par l’Ascension. Nous retrouvons ainsi le même ordre chronologique que nous avions constaté dans les récits des Évangiles. Mais pourquoi St. Paul omet-il plusieurs des apparitions consignées dans ces récits : la première de toutes, qui fut celle à Marie-Madeleine, celle aux deux disciples qui se rendaient à Emmaüs, celle aux sept disciples qui pêchaient sur le lac de Génésareth ? — Au fond, ces omissions ne sauraient nous étonner si nous tenons compte de la brièveté extrême qui caractérise le langage de l’Apôtre. Il suppose évidemment ses lecteurs fort au courant de l’histoire du Seigneur après sa résurrection, il ne veut leur rappeler que les principales de ses apparitions, ou plutôt encore les plus importantes en vue du but spécial qu’il poursuivait et qui est si clairement indiqué au v. 11 : Soit donc moi, soit eux, voilà ce que nous prêchons. Il voulait rappeler les apparitions du Seigneur, qui étaient les principales comme base de la prédication apostolique de la résurrection de Christ, et ce sont bien elles en effet qu’il rappelle. Il ne parle que des apparitions dont les Apôtres furent témoins, mais il prend le mot apôtres dans son sens large, dans le sens qu’a le mot eux au v. 11 : Jacques, l’Apôtre par excellence des chrétiens demeurés fidèles à l’observation de la loi de Moïse, devant être compris dans les Apôtres que Paul réunissait en un seul bloc pour les opposer à lui-même. De là l’apparition à Céphas, qui fut la première où les Apôtres jouèrent un rôle, l’apparition aux douze, celle aux cinq cents disciples, dans le nombre desquels les douze durent se trouver et où ils se trouvaient effectivement selon les Évangiles, de là enfin l’apparition à Jacques et à tous les Apôtres. Si à propos de la grande apparition en Galilée, Paul mentionne les cinq cents frères, en ajoutant que la plupart étaient encore vivants, mais que quelques-uns étaient morts, il élargit un moment son point de vue, en y restant fidèle toutefois, car quelle puissante confirmation de la prédication apostolique pour les chrétiens de Corinthe comme pour nous-mêmes, qu’une pareille apparition ! — Ce qui prouve encore la préoccupation apostolique, si je puis m’exprimer ainsi, avec laquelle Paul a écrit tout ce morceau, ce sont les v. 8-10, dans lesquels le eux tous des v. 8 et 10 semble se rapporter, non pas à tous les témoins des apparitions du Seigneur que l’Apôtre a mentionnées, comme on pourrait d’abord le penser, mais uniquement à tous les Apôtres dont il est parlé au verset 7. Dans ces versets 8-10, Paul ne se compare-t-il pas continuellement à ses collègues dans l’apostolat ? : Enfin après eux tous, il a été vu aussi par moi, qui suis comme l’avorton. Car moi je suis le moindre des Apôtres, ne méritant pas d’être appelé Apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais par la grâce de Dieu je suis ce que je suis et sa grâce à mon égard n’a pas été vaine et j’ai travaillé plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. Soit donc moi, soit eux, voilà ce que nous prêchons et voilà ce que vous avez cru.
Enfin, après eux tous, il a été vu aussi par moi. Nous comparerons plus tard cette apparition à celles que l’Apôtre venait de mentionner. Il nous faut d’abord rechercher ce qu’elle fut en elle-même, et étudier dans ce but les divers fragments de nos Saints Livres où elle est racontée.