Histoire de la Réformation du seizième siècle

11.7

Berne – Le prévôt de Watteville – Premiers avantages de la Réforme – Haller au couvent – Accusation et délivrance – Le monastère de Königsfeld – Marguerite de Watteville à Zwingle – Le couvent ouvert – Deux champions opposés – Clara May et le prévôt de Watteville

Nulle part la lutte ne devait être aussi vive qu’à Berne, car l’Évangile y comptait à la fois de puissants amis et de redoutables adversaires. A la tête du parti de la Réformation se trouvaient le banneret Jean de Weingarten, Barthélemy de May, membre du petit conseil, ses fils Wolfgang et Claudius, ses petits-fils Jacques et Benoît, et surtout la famille de Watteville. L’avoyer Jacques de Watteville, qui occupait depuis 1512 la première place de la république, avait lu de bonne heure les écrits de Luther et de Zwingle, et s’était souvent entretenu de l’Évangile avec Jean Haller, pasteur à Anseltingen, qu’il avait protégé contre ses persécuteurs.

Son fils Nicolas, âgé alors de trente et un ans, était depuis deux ans prévôt de l’Église de Berne, et jouissait comme tel, en vertu d’ordonnances papales, de grands privilèges ; aussi Berthold Haller l’appelait-il notre évêquel. »

l – Episcopus noster Vadivillius. (Zw. Epp. p. 285.)

Les prélats et le pape s’efforçaient à l’envi de le lier aux intérêts de Romem ; et tout paraissait devoir l’éloigner de la connaissance de l’Évangile ; mais l’action de Dieu fut plus puissante que les flatteries des hommes. Watteville fut converti des ténèbres à la douce lumière de l’Évangile, dit Zwinglen. Ami de Berthold Haller, il lisait toutes les lettres que celui-ci recevait de Zwingle, et il ne pouvait assez en témoigner son admirationo.

m – Tantum favoris et amicitiæ quæ tibi cum tanto summorum pontificum et potentissimorum episcoporum cœtu hactenus intercessit. (Zw. Opp. I. anc. ed. lat. 305.)

n – Ex obscuris ignorantiæ tenebris in amœnam Evangelii lucem productum. (Ibid.)

o – Epistolas tuæ et eruditionis et humanitatis testes locupletissimas. Zw. (Epp. p. 287.)

L’influence des deux de Watteville, qui se trouvaient à la tête, l’un de l’État, l’autre de l’Église, devait, ce semble, entraîner la république. Mais le parti opposé n’était pas moins puissant.

On remarquait parmi ses chefs le schultheiss d’Erlach, le banneret Willading, et plusieurs patriciens, dont les intérêts étaient les mêmes que ceux des couvents placés sous leur administration. Derrière ces hommes influents était un clergé ignorant et corrompu, qui appelait la doctrine évangélique une invention de l'enfer. « Chers confédérés, dit au mois de juillet, en pleine assemblée, le conseiller de Mullinen, prenez garde que cette Réformation ne nous gagne ; on n’est pas en sûreté à Zurich dans sa propre maison, et il faut des hommes d’armes pour s’y défendre. En conséquence on fit venir à Berne le lecteur des dominicains de Mayence, Jean Heim, qui se mit à déployer, du haut des chaires, contre la Réforme, toute l’éloquence de saint Thomasp.

p – Suo Thomistico Marte omnia invertere. (Ibid.)

Ainsi les deux partis étaient rangés l’un contre l’autre ; la lutte paraissait inévitable, et déjà l’issue n’en semblait pas douteuse. En effet, une foi commune unissait une partie du peuple aux familles les plus distinguées de l’État. Berthold Haller s’écriait, plein de confiance en l’avenir : « A moins que la colère de Dieu ne se tourne contre nous, il est impossible que la Parole du Seigneur soit bannie de cette ville, car les Bernois en ont faimq. »

q – Famem verbi Bernates habent. (Ibid. 295.)

Bientôt deux actes du gouvernement parurent faire pencher la balance du côté de la Réforme. L’évêque de Lausanne ayant annoncé une visite épiscopale, le conseil lui fit dire par le prévôt de Watteville qu’il eût à s’en abstenirr. Et en même temps, les conseils de Berne rendirent une ordonnance, qui, tout en accordant en apparence quelque chose aux ennemis de la Réforme, en consacrait les principes. Ils arrêtèrent qu’on prêcherait exclusivement, librement, ouvertement, le saint Évangile et la doctrine de Dieu, telle qu’elle pouvait être établie par les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, et qu’on s’abstiendrait de toute doctrine, dispute ou écrit provenant de Luther ou d’autres docteurss. La surprise des adversaires de la Réforme fut grande, quand ils virent les ministres évangéliques en appeler hautement à cette ordonnance. Cet arrêté, qui fut la base de tous ceux qui suivirent, commença légalement la Réforme dans Berne. Il y eut dès lors plus de décision dans la marche de cet État, et Zwingle, dont le regard était attentif à tout ce qui se passait dans la Suisse, put écrire au prévôt de Watteville : « Tous les chrétiens sont dans la joie, à cause de cette foi que la pieuse ville de Berne vient de recevoirt. » La cause est celle de Christ ! s’écrièrent les amis de l’Évangileu ; et ils s’y consacrèrent avec plus de courage encore.

r – Ut nec oppidum, nec pagos Bernatum visitare prætendat omnino. (Ibid.)

s – Alein das heilig Evangelium und die lehr Gottes frey, offentlich und unverborgen. (Bull. Chr. p. 111.)

t – Alle Christen sich allenthalben fröuwend des glaubens. (Zw. Opp. I. 426.)

u – Christi negotium agitur. (Zw. Epp. 9 Mai 1523.)

Les adversaires de la Réforme, alarmés de ces premiers avantages, serrèrent leurs rangs, et résolurent de porter un coup qui leur assurât la victoire. Ils conçurent le projet de se débarrasser de ces ministres, dont l’audacieuse parole renversait les plus antiques coutumes ; et bientôt une occasion favorable se présenta. Il y avait à Berne, à la place où se trouve maintenant l’hôpital de l’Ile, un couvent de religieuses de Saint-Dominique, consacré à saint Michel. Le jour de cet archange (29 septembre) était pour le monastère une grande fête. Plusieurs ecclésiastiques s’y rendirent cette année, entre autres Wittenbach, de Bienne, Sébastien Meyer et Berthold Haller. Étant entrés en conversation avec les religieuses, parmi lesquelles se trouvait Clara, fille de Claudius May, l’un des appuis de la Réformation : « Les mérites de l’état monastique sont imaginaires, lui dit Haller, en présence de sa grand’mère, et le mariage est un état honorable, institué de Dieu même. » Quelques nonnes auxquelles Clara raconta les discours de Berthold, en poussèrent des cris d’effroi. « Haller prétend, dit-on bientôt dans la ville, que toutes les religieuses sont des enfants du diable… » L’occasion que les ennemis de la Réforme cherchaient était trouvée ; ils se présentèrent au petit conseil ; ils rappelèrent une ancienne ordonnance qui portait que quiconque enlèverait une religieuse du monastère perdrait la tête, et ils demandèrent qu’on « adoucît la sentence, » et que, sans entendre les trois ministres, on se contentât de les bannir à perpétuité. Le petit conseil accorda la demande, et la chose fut promptement portée au grand conseil.

Ainsi Berne allait être privée de ses réformateurs ; les intrigues du parti papal avaient le dessus. Mais Rome, qui triomphait quand elle s’adressait aux oligarques, était battue devant le peuple ou ses représentants. A peine les noms de Haller, de Meyer, de Wittenbach, ces hommes que la Suisse entière vénérait, eurent-ils été prononcés dans le grand conseil, qu’il se manifesta une opposition puissante contre le petit conseil et le clergé. Nous ne pouvons, s’écria Tillmann, condamner ces accusés sans les entendre !… Leur témoignage vaut bien le témoignage de quelques femmes » Les ministres furent donc appelés. On ne savait comment se tirer de cette affaire. ! « Croyons en l’un et l’autre parti, » dit enfin Jean de Weingarten. Ainsi fut fait ; on renvoya les ministres de la plainte, en les invitant pourtant à se mêler de leur chaire et non du cloître. Mais la chaire leur suffisait. Les efforts des adversaires avaient tourné à leur honte. C’était une grande victoire pour la Réforme. Aussi l’un des patriciens s’écria-t-il : « Maintenant tout est dit, il faut que l’affaire de Luther marchev. »

v – Es ist nun gethan. Der Lutherische Handel muss vorgehen. (Anshelm, Wirtz, K. G. v. 290.)

Elle marchait en effet, et dans les lieux mêmes où l’on s’y fût le moins attendu. A Königsfeld, sur l’Aar, près du château de Hapsbourg, s’élevait un monastère tout rempli de la magnificence monacale du moyen âge, et où reposaient les cendres de plusieurs membres de cette maison illustre, qui donna tant d’empereurs à l’Allemagne. Les plus grandes familles de la Suisse et de la Souabe y faisaient prendre le voile à leurs filles. C’était non loin de là que, le 1er 1308, l’empereur Albert était tombé sous les coups de son neveu Jean de Souabe ; et les beaux vitraux de l’église de Königsfeld représentaient les horribles supplices dont on avait poursuivi les parents et les vassaux des coupables. Catherine de Waldbourg-Truchsess, abbesse du couvent à l’époque de la Réformation, comptait parmi ses religieuses Béatrix de Landenberg, sœur de l’évêque de Constance, Agnès de Mullinen, Catherine de Bonnstetten et Marguerite de Watteville, sœur du prévôt. La liberté dont jouissait ce couvent, qui, dans des temps antérieurs, avait favorisé de coupables désordres, permit d’y faire pénétrer les saintes Écritures, les écrits de Luther et de Zwingle ; et bientôt une vie nouvelle en changea entièrement l’aspect. Près de cette cellule, où s’était retirée la reine Agnès, fille d’Albert, après s’être baignée dans des torrents de sang, comme dans une « rosée de mai, » et où, filant de la laine ou brodant des ornements d’église, elle avait mêlé des exercices de dévotion à des pensées de vengeance, Marguerite de Watteville n’avait que des pensées de paix, lisait les Écritures, et composait de plusieurs ingrédients salutaires un électuaire excellent. Puis, se recueillant dans sa cellule, la jeune nonne prenait la hardiesse d’écrire au docteur de la Suisse. Sa lettre montre mieux que beaucoup de réflexions ne pourraient le faire l’esprit chrétien qui se trouvait dans ces pieuses femmes, de nos jours encore si fort calomniées.

« Que la grâce et la paix, dans le Seigneur Jésus, vous soient toujours données et multipliées par Dieu le Père céleste, disait à Zwingle la nonne de Königsfeld. Très savant, révérend et bien cher monsieur, je vous conjure de ne pas prendre en mauvaise part la lettre que je vous écris. L’amour qui est en Christ me presse de le faire, surtout depuis que t j’ai appris que la doctrine du salut croît de jour en jour par votre prédication de la Parole de Dieu. C’est pourquoi je présente mes louanges au Dieu éternel, de ce qu’il nous a éclairés de nouveau et nous a envoyé, par son Saint-Esprit, tant de hérauts de sa sainte Parole ; et en même temps je lui offre d’ardentes prières pour qu’il vous revête de sa force, vous et tous ceux qui annoncent sa bonne nouvelle, et pour que, vous armant contre tous les ennemis de la vérité, il fasse croître dans tous les hommes son Verbe divin. Très savant monsieur, j’ose envoyer à Votre Révérence cette petite marque de mon affection ; veuillez ne pas la mépriser, car c’est la charité chrétienne qui vous l’offre. Si cet électuaire vous fait du bien et que vous en désiriez davantage, faites-le-moi connaître ; car ce serait une grande joie pour moi que de faire quelque chose qui vous fût agréable ; et ce n’est pas moi seulement qui pense ainsi, mais toutes celles qui aiment l’Évangile dans notre couvent de Königsfeld. Elles présentent à Votre Révérence leurs salutations en Jésus-Christ, et toutes ensemble nous vous recommandons sans cesse à sa très puissante gardew.

w – Cujus præsidio auxilioque præsentissimo, nos vestram dignitatem assidue commendamus. (Zw. Epp. p. 280.)

Le samedi avant Lœtare, 1523. »

Telle fut la pieuse lettre que la nonne de Königsfeld écrivit au docteur de la Suisse.

Un couvent, dans lequel la lumière évangélique avait ainsi pénétré, ne pouvait persévérer longtemps dans les pratiques de la vie monacale. Marguerite de Watteville et ses sœurs, persuadées qu’elles pourraient mieux servir Dieu dans leurs familles que dans le cloître, demandèrent à en sortir. Le conseil de Berne effrayé voulut d’abord mettre ces nonnes à la raison, et le provincial et l’abbesse employèrent tour à tour les menaces et les promesses ; mais les sœurs Marguerite, Agnès, Catherine, et leurs amies, se montrèrent inébranlables. Alors on adoucit la règle du couvent, on exempta les nonnes des jeûnes et des matines, et on augmenta leur bénéfice. « Ce n’est pas, répondirent-elles au conseil, la liberté de la chair que nous demandons ; c’est celle de l’esprit. Nous, vos pauvres et innocentes prisonnières, nous demandons qu’on ait pitié de nous ! — Nos prisonnières, nos prisonnières ! s’écria le banneret Kraucht haler, je ne veux pas qu’elles soient mes prisonnières ! » Cette parole de l’un des plus fermes appuis des couvents décida le conseil ; le couvent fut ouvert ; et peu après, Catherine de Bonnstetten épousa Guillaume de Diesbach.

Cependant, loin de se ranger franchement du côté des réformateurs, Berne tenait un certain milieu et s’appliquait à suivre un système de bascule. Une occasion fit bientôt ressortir cette marche mitoyenne. Sébastien Meyer, lecteur des franciscains, publia une rétractation des erreurs romaines, qui fit grande sensation, et où, peignant la vie des couvents, il disait : « On y vit plus impurement, on y tombe plus fréquemment, on s’y lève plus tardivement, on y marche plus incertainement, on s’y repose plus dangereusement, on y a pitié plus rarement, on y est lavé plus lentement, on y meurt plus désespérément et l’on y est condamné plus durementx. » Au moment où Meyer se prononçait ainsi contre les cloîtres, Jean Heim, lecteur des dominicains, s’écriait, du haut des chaires : « Non ! Christ n’a pas, comme les évangéliques l’enseignent, satisfait une fois pour toutes à son père. Il faut encore que chaque jour Dieu soit réconcilié avec les hommes par le sacrifice de la messe et les bonnes œuvres. » Deux bourgeois qui se trouvaient dans le temple l’interrompirent en disant : « Ce n’est pas vrai ! » Aussitôt grand bruit dans l’église ; Heim restait muet ; plusieurs le pressaient de continuer, mais il descendit de la chaire sans finir son discours. Le lendemain, le grand conseil frappa à la fois Rome et la Réforme ; il renvoya de la ville les deux grands controversistes, Meyer et Heim. « Ils ne sont ni clairs, ni troublesy », disait-on des Bernois, en se servant d’un mot à double sens ; Luther voulant dire clair en vieil allemand.

x – Langsamer gereiniget, verzweifelter stirbt, härter verdammet. (Kirchhofer, Reform. v. Bern. p. 48.)

y – Dass sie weder luther noch trüb seyen. (Ibid. p. 50.)

[Des écrivains romains et en particulier M. de Haller, ont cité, d’après Salat et Tschudi, ennemis de la Réformation, une prétendue lettre de Zwingle adressée dans ce temps à Kolh à Berne. La voici :

« Salut et bénédiction de Dieu notre Seigneur. Cher François, allez doucement dans l’affaire ; ne jetez d’abord à l’ours qu’une poire aigre parmi plusieurs douces, ensuite deux, puis trois ; et quand il aura commencé à les manger, jetez-lui-en toujours davantage : aigres et douces, pêle-mêle ; enfin secouez entièrement le sac ; molles, dures, douces, aigres et crues, il les mangera toutes, et ne permettra plus qu’on les lui ôte ni qu’on le chasse. Zurich, lundi avant Saint-George, 1525.

Votre serviteur en Christ. Ulrich Zwingle. »

Des raisons décisives s’opposent à ce qu’on admette l’authenticité de cette lettre. 1° En 1525, Kolh était pasteur à Wertheimer ; il ne vint à Berne qu’en 1527. (Voyez Zw. Epp., p. 526.) M. de Haller substitue, il est vrai, mais très arbitrairement, 1527 à 1525 : cette correction est sans doute très bien entendue ; mais malheureusement M. de Haller est en cela en contradiction avec Salat et Tschudi, qui, tout en ne s’accordant pas sur le jour où l’on parla en diète de cette lettre, s’accordent sur l’année, qui chez l’un et l’autre est bien 1525. 2° On ne s’entend pas sur la manière dont on eut connaissance de la lettre : d’après une version, elle fut interceptée ; d’après une autre, des paroissiens de Kolh la communiquèrent à un homme des petits cantons qui se trouvait à Berne. 3° L’original est en allemand ; or Zwingle écrivait toujours en latin à ses amis lettrés ; de plus, il les saluait comme leur frère, non comme leur serviteur. 4° Si on lit les lettres de Zwingle, on verra qu’il est impossible d’avoir un style plus opposé a celui de cette prétendue lettre. Jamais Zwingle n’eût écrit une lettre pour dire si peu de chose ; ses épîtres sont ordinairement longues et pleines de nouvelles. Appeler la petite plaisanterie recueillie par Salat une lettre, est une vraie dérision. 5° Salat mérite peu de confiance comme historien, et Tschudi paraît l’avoir copié, avec quelques variantes. Il se peut qu’un homme des petits cantons ait reçu de quelques Bernois communication de la lettre de Zwingle à Haller, dont nous avons parlé (tome II de cette Histoire), où Zwingle emploie avec beaucoup de noblesse cette comparaison des ours, que l’on retrouve, du reste, chez tous les auteurs de ce temps. Cela aura donné l’idée à quelque plaisant d’inventer cette fausse lettre, qu’on aura supposé avoir été adressée à Kolb par Zwingle.]

Mais en vain voulait-on étouffer la Réforme dans Berne. Elle faisait de toutes parts des progrès. Les religieuses du monastère de l’Ile avaient gardé le souvenir de la visite de Haller. Clara May et plusieurs de ses amies, se demandant avec anxiété ce qu’elles devaient faire, écrivirent au savant Henri Bullinger. « Saint Paul, répondit celui-ci, prescrit aux jeunes femmes, non de faire des vœux, mais de se marier, et de ne pas vivre dans l’oisiveté, sous une fausse apparence de piété. (1 Timothée 5.13-14) Suivez Jésus dans l’humilité, la charité, la patience, la pureté et l’honnêtetéz. » Clara, invoquant le secours d’en haut, résolut de suivre ce conseil et de quitter une vie contraire à la Parole de Dieu, inventée par les hommes et pleine de séductions et de péchés. Son père Barthélemy, qui avait passé cinquante années sur les champs de bataille et dans les conseils, apprit avec joie la résolution de sa fille. Clara quitta le couvent.

z – Euerem Herrn Jesu nachfolget in Demuth. (Kirchh. Ref. v. B. 60.)

Le prévôt Nicolas de Watteville, que tous ses intérêts liaient à la hiérarchie romaine, et qui devait être porté sur le premier siège épiscopal vacant en Suisse, renonça aussi à ses titres, à ses revenus et à ses espérances, pour garder une conscience pure ; et rompant tous les liens par lesquels les papes avaient cherché à l’enlacer, il entra dans l’état du mariage, établi de Dieu dès la création du monde. Nicolas de Watteville épousa Clara May ; et sa sœur Marguerite, la nonne de Königsfeld, s’unit presque en même temps à Lucius Tscharner de Coirea.

a – Zw. Epp. annotatio, p. 451. — C’est de cette union que descendent les Tscharner de Berne.

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