Mon Dieu, je suis las de moi-même, las de vouloir sans pouvoir, las de tenter pour toujours échouer dans mes meilleures résolutions. Je suis tellement attristé de mon impuissance, que je voudrais parfois ne plus avoir de liberté et n’être sous ta main puissante qu’une créature poussée par l’instinct au bien, et contrainte de le faire. Je voudrais n’être qu’un, et je sens que je suis double. Seigneur, anéantis donc ma volonté mauvaise, que je ne sois plus tiré dans tous les sens à la même heure et épuisé sous ces longues luttes, avant d’avoir encore rien accompli. Mais, hélas ! je sens que je te demande une impossibilité ; mon expérience du passé me dit qu’il en sera encore ainsi à l’avenir, jusqu’à ce que cette chair mortelle ait revêtu la glorieuse immortalité. Oh ! que cette attente est pénible ! Du moins, Seigneur, ne m’abandonne pas, tiens-toi toujours plus près de moi ; diminue mes tentations ; multiplie mes victoires ; donne-moi, non plus de courtes heures, mais de longs jours de paix, dans l’amour et le dévouement. Soutiens mes mains dans l’action, comme les bras de Moïse pendant la prière. Que ton Esprit soit prompt à réprimer mes mauvaises pensées, prompt à me pousser, malgré ma paresse, vers une activité sainte ; et lorsque j’aurai travaillé, Seigneur, avec succès, ne permets pas que je souille mon œuvre en la rapportant à ma gloire, mais que je reste prosterné dans la douce et sainte humilité.