Aberdeen, 13 mars 1637
Mon très cher frère,
Je me réjouis d’apprendre que Christ s’est emparé de vos jeunes affections, et qu’au matin de la vie vous êtes déjà uni au Seigneur. Souvent le cœur d’un jeune homme se trouve une demeure toute prête à recevoir Satan. Revêtez vous d’humilité, rendez de continuelles actions de grâce pour les faveurs dont vous jouissez déjà. Christ n’éteint pas le flambeau allumé au soleil de justice.
Je vous recommande la prière et la vigilance, car je sais qu’entre Satan et la jeunesse il existe une secrète conformité. Le diable a un ami dans le cœur de tout jeune homme : l’orgueil, la luxure, la convoitise, la vengeance, l’oubli de Dieu, sont des agents dont il se sert pour les attirer à lui. Heureuse est votre âme, si Christ en est le Maître, s’Il en a la clef et s’Il donne les ordres comme il convient de le faire partout où Il se présente. Faites bon accueil au Seigneur, chérissez sa grâce, activez-en le feu chez vous, et laissez-vous entièrement diriger par votre Sauveur.
Quant à moi, je suis tout à mon Seigneur ; Christ m’a remis entre les bras du Père, et cette faveur est le complément de toutes les autres. Tel qu’un roi, je règne sur mes épreuves. Je ne flatte aucune tentation, je ne dis pas une bonne parole au diable, aussi je défie les portes de l’enfer de m’atteindre. Dieu s’est placé entre moi et ceux qui m’ont mis ici, et maintenant Il est avec moi. Louons-Le, exaltons son nom béni à jamais.