Nos enfants

CONFIDENCES DE PRÉDICATEUR

Esdras lut dans le livre … en présence des hommes, des femmes et de tous ceux qui étaient capables de l’entendre.

Néhémie 8.3

J’annonçais l’Évangile dans une petite cité campagnarde. Le deuxième soir et durant le chant du premier cantique, une famille pénétra dans la chapelle remplie de gens pour la plupart étrangers à la foi. Les sièges du fond étant chargés de fidèles bien installés, les retardataires furent contraints de traverser la salle pour venir s’asseoir près de la chaire … de telle sorte que j’eus, juste sous mes yeux, un bonhomme de deux ans, bavard et agité. Il jetait ses jouets en riant aux éclats, très amusé de voir les parents s’accroupir pour les récupérer sous les chaises. Inquiet, le père multipliait les « chut ! ». Peine perdue ! Cette bruyante agitation et la vue d’un auditoire excédé, me paralysèrent littéralement et la soirée qui s’annonçait prometteuse, fut compromise. J’en fus attristé.

Le lendemain, même scénario. Pour la deuxième fois, les parents vinrent s’installer à deux pas de moi, dans mon champ de vision. J’en éprouvai une grande inquiétude. Que faire ? Leur demander de quitter la salle devant tous ? Je les aurais humiliés et peut-être chassés pour toujours de l’Église. J’avais l’expérience d’interventions malheureuses pour n’avoir nulle envie de recommencer. Désarmé, je suppliai Dieu : « Par Pitié pour ceux qui ignorent l’Évangile, neutralise le trublion ». Je fus exaucé. L’enfant redouté s’endormit dès la lecture biblique pour ne se réveiller qu’à l’amen final.

Hélas ! Tous les bébés ne s’endorment pas dans les chapelles !

Trop de jeunes parents ignorent les luttes et les problèmes du prédicateur. Le mieux préparé peut être gêné, troublé, perdre le fil de son exposé à cause du comportement d’enfants remuants ou des allées et venues des retardataires. Je sais qu’il y a des pasteurs très sensible qui sont paralysés pour des riens : un sourire ou de vagues chuchotements dans la salle. Ceux-là doivent se « durcir , c’est-à-dire apprendre à tenir tête aux éventuels perturbateurs à l’instar des hommes politiques habitués à poursuivre sans broncher leur discours en dépit des vociférations d’un public hostile et survolté. D’autres serviteurs, par contre, débitent leur sermon même quand l’auditoire n’écoute plus, distrait par l’arrivée intempestive d’une escouade de jeunes gens retardés peut-être par une panne de voiture. Une brève interruption, un mot d’accueil, le chant d’un refrain permettraient d’attendre que tout rentrât dans l’ordre.

Il faut savoir que la présence d’un bébé remuant, encadré d’adultes non moins agités pour le calmer, perturbe le prédicateur dont les idées se brouillent et l’auditoire qui entend mal s’exaspère.

Ayez donc du bon sens. Si votre petit ne peut tenir en place, soyez assez sage pour aller vous installer au fond de la salle, non loin de la porte pour être en mesure de quitter la pièce rapidement. N’attendez pas que l’orateur interrompe son message ou que vos voisins s’irritent contre vous. Ne les accusez pas intérieurement en pensant : « Après tout, j’ai autant le droit d’écouter la Parole que quiconque ». Avouez qu’il vaut mieux se retirer sans insister plutôt que de priver toute une assemblée – vous y compris – de ce précieux message. Pensez-vous qu’une maman s’évertuant à neutraliser un gamin bruyant peut réellement profiter de sa soirée ? Confiez donc votre enfant à la garderie s’il en existe une, sinon restez à la maison – à tour de rôle – pour garder bébé. L’un de vous se rendra à l’Église, profitera pleinement de la prédication et sera en mesure de fournir un résumé du message à son conjoint quand il rentrera chez lui … A moins qu’il n’y ait un service de cassettes à l’intention des absents, auquel cas le « sacrifié » pourra, tout à son aise, jouir de l’exposé. Avec cette formule, chacun trouvera son compte, même bébé qui y gagnera un supplément de sommeil.

Il appartient aux responsables de la communauté – pasteur ou anciens – d’éclairer les parents quelque peu inconscients. Il est préférable en outre que les derniers bancs près de la sortie, soient rigoureusement réservés aux familles car une légère agitation au fond de la salle dérange peu. Îl serait souhaitable qu’une personne responsable se tienne à l’entrée pour placer les parents chargés de bébés, en les invitant à ne pas occuper les sièges de devant.

Ceci dit, n’allez pas en déduire qu’il faut mettre systématiquement à la porte de nos salles de réunions enfants et adolescents. Au contraire, amenez-les dès qu’ils sont en âge de comprendre (Néhémie 8.3) mais en veillant sur eux. Les petits reçoivent plus qu’on ne croit. Je revois tel gamin, un vrai démon à la maison, qui, le dimanche matin et tout au long du culte, restait impassible sur le premier banc, écoutant le pasteur avec un grand sérieux. Qu’il eût été dommage de priver cet enfant d’un service dont, visiblement, il buvait les paroles. Depuis, il a grandi et celui qui essoufflait les siens est devenu un garçon agréable et pieux.

Je pense encore à un enfant de dix ans qui avait assisté à une série d’exposés sur l’Apocalypse. Ces études – difficiles s’il en est – étaient apparemment hors de la portée d’un auditeur de cet âge-là. Pourtant, force me fut de constater en parcourant les notes prises par ce jeune, qu’il avait compris l’essentiel du message. Ces trois soirées devaient marquer un tournant dans sa vie puisqu’il y rencontra son Sauveur.

Ne devrions-nous pas conclure à la manière de l’Ecclésiaste, au terme de ce chapitre : « Il y a un temps pour rester à la maison et un temps pour se rendre aux réunions » ? C’est affaire de bon sens et … d’amour.

LES PARENTS S’INTERROGENT

  1. Votre bébé est-il difficile et bruyant ? Lorsque vous l’amenez au culte, que faites-vous lorsqu’il perturbe le service ? Où vous placez-vous d’ordinaire ? Etes-vous soucieux de vos voisins gênés par les cris et les gestes de votre enfant ?
  2. Y-a-t-il une garderie dans votre église ? Acceptez- vous de confier votre enfant aux monitrices qui s’y dévouent ? Sinon pourquoi ? Dans votre communauté, a-t-on abordé ce problème avec les parents ?
  3. Acceptez-vous – en vous relayant – de rester à la maison pour garder bébé s’il le faut et pour le bien de tous ? Ne jalousez pas ceux qui sont « libres » : votre tour viendra. C’est l’affaire de peu de temps. Pensez à Anne (1 Samuel 1). Bénissez Celui qui vous a donné le « trésor » qui vous retient à la maison.

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