[1] Néron envoya un successeur à Félix dans la personne de Festus ; c'est devant ce magistrat que Paul se défendit et c'est par lui qu'il fut dirigé vers Rome comme prisonnier. Aristarque était avec lui ; l'apôtre l'appelle à bon droit son compagnon de captivité, dans un passage de ses épîtres. Luc, celui qui nous a transmis par écrit les Actes des Apôtres, arrête son récit à cette époque : il dit que Paul, arrivé à Rome, y demeura libre pendant deux années entières, et y prêcha sans obstacle la parole de Dieu. [2] Après avoir plaidé sa cause, l'apôtre, dit-on, partit de nouveau pour exercer son ministère évangélique ; puis il revint une seconde fois dans la ville impériale où il termina sa vie par le martyre. C'est alors que, de sa prison, il écrivit à Timothée sa seconde lettre, dans laquelle il fait allusion tout ensemble à sa première défense et à sa fin prochaine. [3] Voici, du reste, son propre témoignage : « Dans ma première défense, dit-il, personne ne m'a assisté et tous m'ont abandonné. Que cette défaillance ne leur soit pas compté. Le Seigneur a été avec moi et m'a fortifié, afin que, par moi, la prédication fût achevée, et que tous les peuples l'entendissent, et j'ai été délivré de la gueule du lion. » [4] Paul établit clairement ainsi, que, la première fois, il a été arraché de la gueule du lion pour qu'il pût remplir sa mission d'apôtre ; le lion dont il parle est vraisemblablement Néron ; il le désigne sous ce nom à cause de sa cruauté. Un peu plus loin, il ne dit plus rien d'analogue à « il m'arrachera de la gueule du lion », car l'Esprit lui fait voir que sa fin ne tardera guère. [5] C'est pourquoi après ces paroles : « Et je fus arraché de la gueule du lion », il ajoute : « Le Seigneur me délivrera de toute œuvre mauvaise et me sauvera dans son céleste royaume », indiquant ainsi que son martyre était très proche. Dans le même écrit, il l'annonce plus nettement, disant : « J'ai déjà reçu la libation et le moment de ma délivrance est proche ». [6] Il déclare du reste dans cette seconde épître à Timothée que Luc seul est avec lui lorsqu'il écrit, mais il ne parle pas de lui pour sa première défense. C'est vraisemblablement pour ce motif que celui-ci a arrêté à celle époque le récit des Actes, ne voulant faire le récit que jusque au temps où il vécut avec Paul.
[7] Je dis ceci pour qu'on ne fixe pas le martyre de l'apôtre au moment où Luc nous le montre séjournant à Rome. [8] Il est du reste à croire qu'au début de son règne, Néron étant d'un naturel plus doux, admit plus facilement la justification que Paul lui présenta de là doctrine ; mais, venu plus tard à des audaces criminelles, il en fit sentir les effets aux apôtres comme du reste à tout le monde.