Les épîtres de Paul

1.
De l’épître aux Galates à la première aux Corinthiens

Paul écrivit sans doute l’épître aux Galates pendant les trois premiers mois de son séjour à Éphèse durant lesquels il prêchait dans la synagogue (Actes 19.8). Ce temps écoulé, comme sa prédication n’aboutissait plus qu’à des discussions stériles, il sépara ceux qui avaient cru et se mit à prêcher aux Grecs, ce qu’il continua régulièrement chaque jour pendant deux ans entiers dans la salle du rhéteur Tyrannus. Ces conférences publiques eurent un immense retentissement non seulement dans la ville d’Éphèse, mais dans toute la province d’Asie. L’apôtre était revêtu à ce moment-là d’une puissance extraordinaire, semblable à celle qui s’était déployée en la personne de Pierre à Jérusalem lors de la fondation de l’Église. Les exorcistes juifs qui se trouvaient à Éphèse, comme dans toutes les villes de l’empire, avaient recours à son nom et à celui de Jésus qu’il prêchait, pour accomplir leurs opérations. Ceux mêmes qui se livraient aux artifices occultes de la magie, soit Juifs, soit Grecs, reconnaissant la supériorité de la parole de Paul, brûlèrent publiquement les livres auxquels ils empruntaient leurs formules, tant la parole du Seigneur, dit Luc, croissait et se renforçait (v. 10-20). Ce temps fut, semble-t-il, le point culminant du déploiement de la puissance d’En-haut dans la personne de Paul.

Il y avait deux ans et trois mois que l’apôtre remplissait à Éphèse ce ministère, quand la pensée d’une tâche nouvelle surgit en son esprit. Il se proposa, après avoir visité les églises de Grèce et pris congé définitivement de celle de Jérusalem, de se transporter en Occident, à Rome en particulier (Actes 19.21). Il avait sans doute reçu des nouvelles de Macédoine et d’Achaïe qui lui faisaient envisager une visite en Grèce comme nécessaire ; il avait aussi à cœur, avant de quitter pour toujours l’Orient, d’offrir à l’église de Jérusalem un dernier signe de la reconnaissance de toutes les églises fondées par lui en Asie-Mineure et en Grèce ; enfin ce qu’il avait appris d’une œuvre d’évangélisation commencée à Rome lui faisait désirer d’aller y concourir personnellement et d’achever son ministère en Occident, où se trouvaient encore tant de contrées païennes auxquelles l’Évangile n’avait pas encore été annoncé. Par toutes ces raisons, Paul comprit que la fin de son séjour à Éphèse approchait ; et pour préparer sa visite en Grèce et la collecte générale qu’il désirait faire pour Jérusalem, il envoya en Macédoine deux de ses aides, Timothée et Eraste, en chargeant le premier, si le temps le lui permettait, de se rendre aussi en Achaïe (Actes 19.22 ; comparez avec 1 Corinthiens 4.17 ; 16.10). Après cela, lui-même demeura encore un certain temps à Éphèse (v. 22), de sorte que, si nous ajoutons le temps, évidemment assez long, dont il est parlé dans ce verset (ἐπέσχεν χρόνον) aux deux ans et trois mois qui avaient précédé ce moment, nous arrivons à une durée de trois années environ pour le ministère de Paul à Éphèse. Ce résultat du récit des Actes s’accorde avec la déclaration de l’apôtre dans son discours d’adieu aux Anciens de cette église, Actes 20.31 : « Vous rappelant que, pendant ces trois ans, je n’ai cessé jour et nuit de reprendre chacun de vous avec larmes. » Nous verrons que ce fut vers la fin de ce séjour que fut écrite la première aux Corinthiens.

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