Quelle œuvre glorieuse Seigneur, que celle dont tu veux me charger sur la terre : m’unir à toi par la sainteté et l’amour ; travailler avec toi, non pas à la création des mondes, mais à une création plus grande, la création des bienheureux ! m’appeler à sauver des âmes, à faire des anges, à répandre la vie éternelle, à donner le bonheur des cieux ! O mon Dieu ! quelle œuvre glorieuse pour moi, chétive créature ! et combien est facile, cette œuvre magnifique : répandre ton Évangile, parler de ta miséricorde, témoigner de l’affection, vivre dans la confiance et la paix. Oh ! comment se fait-il que cette œuvre si belle ne remplisse pas toute ma vie ? comment puis-je avoir une autre pensée, une autre ambition ? quelle folie de m’éloigner de cette atmosphère pure, céleste, pleine de félicité ! Ah ! Seigneur, ma folie s’explique par ma faiblesse : je veux et je ne puis. Mais voici, je te prierai, te prierai encore, jusqu’à ce que ma force égale mon désir. Donne-moi, Seigneur, cette vigilance, ce zèle, cet amour qui soutenaient tes apôtres. Si je ne puis, comme eux, m’employer à la conversion d’un royaume, d’une ville, je puis du moins travailler à l’édification de ceux qui m’entourent ; je puis ouvrir l’Évangile devant tant d’êtres que, chaque jour, j’aborde sans en parler ! Ah ! si seulement je profitais des occasions que tu me donnes ; si je parlais aussi souvent de toi que de moi, ou de tant d’autres êtres qui me sont étrangers, sans doute, à cette heure, j’aurais moins à gémir et plus à rendre grâce. Mais il semble que j’attende des fruits d’une semence que je n’ai pas jetée ; que je veuille recueillir où je n’ai pas semé. Orgueil et paresse ! Mon Dieu, pardonne, donne-moi des forces, qu’une fois enfin je me dévoue complètement à toi, à l’avancement de ton règne, et chez mes frères et dans mon propre cœur.