Ce philosophe français, qui naquit à Langres en 1713, et qui mourut à Paris en 1784, fonda et publia avec d’autres libres penseurs, à partir de 1751, la fameuse Encyclopédie, qui devait donner un abrégé de toutes les branches du savoir et de l’art humains, et qui fut en réalité le grand répertoire des idées révolutionnaires et de l’incrédulité du dix-huitième siècle. Plusieurs fois suspendu par le gouvernement, ce travail enfin s’acheva. Diderot passa, durant sa vie, pour un athée décidé ; mais dans ses dernières années, au grand étonnement de ses amis, il fit de la Bible l’un des moyens d’éducation de sa fille, qui écrivit plus tard ses Mémoires, et il reçut de fréquentes visites d’un ecclésiastique.
Le pieux et vénérable doyen Hess, de Zurich, l’auteur d’une Vie de Jésus et de quelques autres bons livres, raconte, sur la foi d’un témoin auriculaire, l’intéressante anecdote que voici (Stier, Discours de Jésus, vol.. VI, p. 496) :
« Les plus célèbres incrédules de ce temps avaient coutume de se réunir chez le baron d’Holbach. Dans l’une de ces soirées chacun donnait libre cours à sa parole, et prenait plaisir à dévoiler, au milieu d’un flot de railleries, les naïvetés prétendues, les sottises et les contradictions de la sainte Ecriture. Le philosophe Diderot, qui n’avait pas pris peu de part à l’entretien, y mit fin tout à coup par la remarque suivante : « A merveille, messieurs, à merveille ; je ne connais personne en France ni ailleurs qui sache écrire et parler avec plus d’art et de talent. Cependant, malgré tout le mal que nous avons dit, et sans doute avec beaucoup de raison, de ce diable de livre, j’ose vous défier, tous tant que vous êtes, de faire un récit qui soit aussi simple, mais en même temps aussi sublime, aussi touchant que le récit de la Passion et de la mort de Jésus-Christ, qui produise le même effet, qui fasse une sensation aussi forte, aussi généralement ressentie, et dont l’influence soit encore la même après tant de siècles. »