Nous avons ici une guérison accomplie également par le Seigneur un jour de sabbat ; elle provoqua l’indignation des docteurs de la loi. Nous ne savons dans quelle ville cette guérison fut opérée, car il nous est dit simplement qu’elle le fut « dans une des synagogues. » Il n’y avait qu’un seul temple, mais chaque localité possédait sa synagogue ; Jésus enseignait, le jour du sabbat, dans l’une d’elles. Parmi les assistants se trouvait une femme qui était « courbée et ne pouvait se redresser ; » elle avait « un esprit qui la rendait infirme. » Les paroles du Seigneur nous décrivent plus exactement la position de cette femme : « Satan la tenait liée ; » elle était au nombre des possédés, quoiqu’elle fût moins atteinte que d’autres, puisqu’elle pouvait assister au culte public. Sa maladie, qui avait son siège dans l’esprit, l’avait plongée dans un état de mélancolie ; la contraction de ses muscles n’en était que la conséquence. La stature droite de l’homme, qui contraste avec celle des autres créatures, est le symbole de sa noble destinée, d’une espérance céleste.
Le Seigneur n’attend pas qu’on réclame son secours ; en voyant cette femme, « il lui adresse la parole et lui impose les mains ; » ces mains sont pour elle comme le véhicule d’une vie nouvelle ; Jésus lui dit : « Femme, tu es délivrée de ton infirmité ; » l’effet suivit immédiatement ; « à l’instant, elle se redressa et glorifia Dieu. » Elle glorifia sans doute aussi l’auteur de sa délivrance, c’est ce qui indigna le chef de la synagogue (Matthieu 21.15-16), « un hypocrite, » comme le nomme le Seigneur : son zèle pour Dieu ne servait qu’à recouvrir sa haine contre tout ce qui était divin ; il ne s’indignait pas, en réalité, de la violation du sabbat, mais de ce que Christ était glorifié. C’est pourquoi il s’attira un sévère reproche de la part de Jésus, qui aurait voulu ôter le voile qui recouvrait le cœur de cet homme, et l’empêchait de se connaître lui-même. N’osant pas accuser Jésus directement, il cherche à l’atteindre en s’adressant à la foule, qui subissait l’influence du Seigneur, et qu’il craignait moins ; il tire avantage de sa position comme interprète de la loi et des oracles de Dieu, et cherche à convaincre le peuple que cette œuvre accomplie pour la gloire de Dieu était une œuvre servile, interdite le jour du sabbat. Chaque parole de la réponse de Christ est significative ; il déclare qu’il n’a nullement violé le sabbat : Il est, dit-il, des cas dans lesquels vous êtes vous-mêmes obligés d’enfreindre le sabbat ; vous n’hésitez pas quand il s’agit d’éviter une perte. Votre bœuf et votre âne vous sont précieux ; vous les menez boire, sans scrupule, un jour de sabbat ; or, une âme humaine n’est-elle pas plus précieuse encore ? Vous avez soin de délier vos animaux pour satisfaire leur soif, et vous ne voulez pas que je délivre une âme !
Il y a une différence spécifique entre l’homme, le roi de la création, et les créatures inférieures. Cette femme était « fille d’Abraham, » selon la chair ; après sa guérison, elle a pu devenir une héritière de la foi.