Ce qu’il y a de plus remarquable dans les circonstances de ce miracle, nous l’avons examiné ailleurs, en particulier dans les deux derniers récits qui viennent de nous occuper. Le Seigneur, dans cette dernière période de son ministère, cherchant à attirer les pharisiens dans son royaume, avait accepté l’invitation d’un de leurs chefs à « prendre un repas » chez lui. C’était un jour de sabbat, jour que les Juifs choisissaient ordinairement pour leurs festins, car ils ne le célébraient pas d’une manière austère ; au contraire, ils faisaient souvent des excès ce jour-là ; mais l’invitation semble avoir été perfide ; elle fut adressée à Jésus dans l’espoir de trouver ainsi une occasion favorable de l’accuser, parce qu’on pourrait l’observer de plus près. C’est ainsi qu’ils entendaient les lois sacrées de l’hospitalité. On a supposé que l’homme hydropique avait été amené là dans un but spécial, car il ne serait pas entré sans permission dans une maison particulière ; mais quoique rien n’empêche de voir ici un piège tendu à Jésus-Christ, cependant rien non plus, dans le récit, ne peut le faire penser ; dans un moment d’excitation, les faibles barrières des lois conventionnelles de la société peuvent facilement disparaître (Luc 7.36-37). En tout cas, s’il y avait un complot, cet homme en était parfaitement innocent, car le Seigneur « avança la main sur lui, le guérit, et le renvoya. »
Avant d’opérer la guérison, Jésus voulut la justifier, comme il l’avait fait pour d’autres œuvres semblables accomplies le jour du sabbat ; il dit aux interprètes de la loi : « Est-il permis ou non, d’opérer une guérison le jour du sabbat ? » Il suffit de poser nettement la question pour obtenir une réponse affirmative. Jésus n’obtint aucune réponse ; ses adversaires ne veulent pas donner leur approbation, et ne peuvent contredire. Olshausen dit : « Comme il l’a fait en d’autres occasions, le Seigneur en appelle à l’expérience de ses auditeurs, et leur fait sentir quelle inconséquence il y aurait pour eux à blâmer l’œuvre de Christ, tandis qu’ils agissaient de même pour leurs intérêts matériels. »
L’exemple choisi par Jésus est très bien approprié au cas actuel : Vous murmurez de ce que je délivre aujourd’hui cet homme de l’eau qui l’étouffe, et cependant, si votre bœuf ou votre âne sont en danger de périr dans l’eau, vous ne vous ferez aucun scrupule de les sauver le jour du sabbat ; combien l’homme ne vaut-il pas mieux que l’animal ? « Et ils ne purent rien répondre à cela. » Ils furent silencieux, mais non pas convaincus ; la vérité, qui ne les convainquit pas, les exaspéra d’autant plus ; ils ne répondirent rien, attendant leur heure (Matthieu 12.14).