Préparation évangélique

LIVRE III

CHAPITRE XVI
QU’IL FAUT RANGER PARMI LES CHOSES IMPOSSIBLES, QUE LES PARTIES DU MONDE OU LES PUISSANCES DIVINES SOIENT SOUMISES À UNE FORCE MAGIQUE ET RENDENT DES ORACLES QUAND ON LES CONSULTE

Voici encore une autre preuve de la fausseté de l’oracle ; car vous n’irez pas soutenir sans doute que le soleil descendait des hauteurs du ciel pour remplir le devin, et prononcer par sa bouche l’oracle d’Apollon. En effet, il répugne à la fois à la justice et à la raison, qu’un pareil globe soit soumis à une puissance humaine. Mais vous ne direz pas non plus que c’est sa vertu divine et intelligente qui a pénétré le devin ; car une âme humaine n’est pas capable d’une pareille entrevue. Il y aurait le même raisonnement à faire par rapport à la lune. S’ils veulent qu’elle soit Hécate, qu’elle subisse l’influence magique des enchantements, et que par la bouche de son prêtre elle rende des oracles favorables aux passions infâmes, il n’y a rien là d’étonnant, parce que Hécate présidant aux génies ou aux démons malfaisants, ce sont là des œuvres qui ne sont pas incompatibles avec son caractère. Notre auteur ne le nie pas lui-même, comme nous le montrerons en son lieu. Mais Pluton et Sérapis, comment en faire une allégorie du soleil, puisque, d’après notre philosophe, Sérapis est le prince des mauvais génies, et que Pluton et lui sont le même personnage ? Comment, après avoir rapporté les oracles de Sérapis, les attribuer au soleil ? Une chose reste donc démontrée ; c’est qu’il est impossible de ne pas avouer que dans toutes ces allégories dont nous avons fait jusqu’ici l’exposé, il n’y a rien de vrai, rien que des systèmes sans fondements, de vaines imaginations appuyées sur des sophismes.

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