Théologie de l’Ancien Testament

A) DIEU

I. L’idée de Dieu.

§ 35. Coup d’œil général.

Nous n’avons point ici à présenter les diverses perfections de Dieu dans un ordre systématique, comme on le fait dans la Dogmatique. Notre tâche est de suivre la religion révélée dans son vivant développement, de signaler au fur et à mesure de leur apparition les divers noms qui sont donnés à Dieu dans les livres de Moïse. De cette manière nous arriverons à distinguer quatre degrés successifs dans le développement de l’idée de Dieu, quatre espèces de désignations, très générales d’abord, puis ensuite toujours plus particulières.

1° Désignations générales qui se trouvent appliquées à Dieu en dehors même du domaine de la révélation : El, Eloah, Elohim, El-eljon.

2° El Shaddaï, qui forme la transition entre le Dieu de la nature et le Dieu de la révélation. La Genèse ne connaît que ces deux premiers degrés, et le nom de Jéhovah ne s’y trouve que par anticipation.

3° Jéhovah. Tel est le nom spécial du Dieu de l’ancienne Alliance. Ce n’est qu’à partir de Exode ni que Dieu se révèle pleinement comme tel.

4° Dès que l’alliance est conclue, Jéhovah se donne à connaître comme un Dieu saint ; on chercherait en vain dans toute la Genèse la mention de la sainteté de Dieu. Cette sainteté peut se manifester suivant les circonstances comme justice et jalousie, ou comme bonté et miséricorde. Ainsi, par exemple, c’est après l’histoire du veau d’or, c’est quand viennent d’éclater la colère et la jalousie de l’Éternel, qu’il est parlé pour la première fois de la bonté, de la miséricorde et de la longue patience de Dieu.

Remarquons que ces diverses notions viennent successivement s’ajouter les unes aux autres sans que les premières soient aucunement abolies par les suivantes. Loin de là : chaque idée nouvelle renferme en elle la précédente.

D’autres notions viendront plus tard s’ajouter encore à celles-ci. La prophétie parle souvent de l’Éternel des armées, expression complètement étrangère au Pentateuque et au livre de Josué, pour ne pas parler ici du livre des Juges. On en peut dire autant, pour ce qui est du Pentateuque, de la sagesse de Dieu, bien que cependant l’habileté de certains artistes soit présentée comme un don de Dieu (Exode 35.31). Il était réservé aux Hagiographes, à la philosophie sacrée, de ranger la sagesse au nombre des attributs de Dieu et d’y reconnaître le principe de l’ordre qui règne dans la création.

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