L’écrit intitulé De recta in Deum fide (De la foi orthodoxe en Dieu) est un dialogue que l’on possède en grec et en latin, le latin étant une traduction de Rufin, mais plus fidèle que ne sont généralement ses traductions. C’est une discussion entre l’orthodoxe Adamantius d’une part et, d’autre part, les marcionites Megethius et Marcus, le bardesanite Marinus et les valentiniens Droserius et Valens. L’orthodoxe sort vainqueur de la discussion, et le païen Eutropius, qui en était l’arbitre choisi, se convertit. L’ouvrage est d’une dialectique et d’une théologie solides, mais gauchement composé.
De bonne heure on l’attribua à Origène. A tort, puisqu’on y trouve cité Methodius d’Olympe qui écrivait cinquante ans après lui. On peut même douter qu’Origène soit désigné sous le nom d’Adamantius. En somme l’auteur reste inconnu. Seulement il paraît sûr qu’il écrivait dans la Syrie du nord, entre les années 295-305.
C’est vraisemblablement dans la Syrie du nord aussi qu’il faut mettre l’origine de la Didascalie des Apôtres, le premier des écrits disciplinaires dont nous avons à parler ici. Son texte original grec est perdu, ou du moins n’existe que profondément remanié dans les six premiers livres des Constitutions apostoliques ; mais il s’en est conservé en entier une traduction syriaque et, en partie, une traduction latinea, cette dernière peut-être du ive siècle. Elles sont, l’une et l’autre, exactes et fidèles. Le texte syriaque est divisé en vingt-six ou vingt-sept chapitres dont l’objet est le suivant. Après quelques conseils concernant tous les chrétiens et spécialement les gens mariés (ch. 1 à 3), l’auteur s’occupe de l’évêque. qui tient dans son œuvre une place capitale (ch. 4 à 12). Le chapitre 13 traite de l’assistance aux offices de l’Église ; les chapitres 14 et 15 des veuves ; le 16 de l’ordination des diacres et des diaconesses, les chapitres 17 à 19 parlent du soin des enfants et des orphelins ; le 20 du soin des confesseurs de la foi ; le 21 de la résurrection des morts ; le 22 de la Pâque et du jeûne ; les chapitres 23 et 24 des hérésies et des schismes. Enfin les chapitres 25 à 27 traitent des rapports de la Loi et de l’Évangile, et racontent comment les apôtres ont porté les présentes ordonnances.
a – Traduction française par F. Nau, La Didascalie des douze apôtres, 2e éd., Paris, 1912. Madame Marg. Dunlop Gibson a donné une nouvelle édition syriaque et une traduction anglaise, Londres, 1903. Voir M. Viard, La Didascalie des apôtres, Langres, 1906.
La Didascalie semble avoir été écrite par l’évêque de quelque grosse bourgade de campagne, un municipe de la Syrie supérieure, dans la deuxième moitié du iiie siècle. Les tendances juives et le rigorisme novatien y sont vivement combattus : la hiérarchie, bien qu’il y soit une fois (ch. 9) question de sous-diacres, y paraît encore peu développée.
On peut rapprocher de la Didascalie un autre ouvrage disciplinaire beaucoup moins étendu, édité d’abord par Bickell, et qui porte le titre d’Ordonnances transmises par Clément et Canons ecclésiastiques des saints apôtres. La seconde partie du titre toutefois semble seule authentique. Bickell nomme l’opuscule Apostolische Kirchenordnung, et Mgr Batiffol propose l’appellation de Constitution apostolique égyptienne, qui a l’inconvénient de trancher d’avance la question d’origine.
L’écrit comprend trente divisions. Si l’on met à part l’introduction (1-3) et la conclusion, il se partage nettement en deux parties : une partie morale (4-14) qui ne fait que reproduire, en les remaniant, les chapitres 1-4.8 de la Didachè, et une partie disciplinaire (15-29), qui contient divers règlements relatifs aux évêques, aux prêtres, aux lecteurs, aux diacres, aux veuves diaconesses, aux laïques et au ministère de charité des femmes. Chaque ordonnance morale ou disciplinaire est mise dans la bouche d’un apôtre en particulier, en sorte que le livre est l’œuvre de tout le collège apostolique.
Cet écrit est probablement le même que celui que saint Jérôme (Vir. ill., 1) appelle Liber judicii, et Rufin (Comment, in symbol. apostol., 38) Duae viae vel judicium secundum Petrum, parce que Pierre y dirige les décisions. M. Hauler en a retrouvé un morceau de version latine qu’il fait remonter à la seconde moitié du ive siècle. L’original grec doit être de la deuxième moitié du iiie. On en avait mis d’abord l’origine en Egypte, parce que l’ouvrage est entré comme élément dans une compilation, l’Octateuque, qui paraissait avoir vu le jour en Egypte. Mais l’Octateuque s’est retrouvé depuis dans des textes syriaques et, comme il a été composé sur le modèle des Constitutions apostoliques, on incline plutôt maintenant à le croire d’origine syrienne. Les Canons ecclésiastiques des saints apôtres seraient de même provenance.