Les âmes qui combattent ainsi, sont celles qui prient bien ; mais en vérité, il faut une grande violence et un travail douloureux de l’esprit pour cela ; car j’ai souvent éprouvé moi-même que ces pensées m’ont souvent détourné de la prière ; mais par la grâce de Dieu, j’en suis parvenu là, que connaissant ces dards enflammés de Satan, je ne leur cède plus, mais que par la force de l’esprit, je me sers des armes de mon ennemi pour le combattre et pour le vaincre, en lui disant : Tu penses me détourner de la prière, parce que je suis un indigne pécheur ; mais c’est par cela même que je vois que j’ai besoin de prier, parce que je sens que je suis un grand pécheur et que j’ai besoin de grâce et de miséricorde.
Il faut faire la même chose, quand on sent son âme attaquée par les tentations et par les mouvements de l’impureté ou de l’esprit de vengeance ; car si dans ces états-là, l’Esprit de Dieu vient nous exhorter à la prière, d’abord notre conscience nous reproche nos impuretés, et Satan nous veut faire croire que dans cet état, nous sommes incapables de prier : mais, prends courage, violente-toi, et ne crois pas qu’il te faille attendre de prier, jusques à ce que ces pensées et ces mouvements de convoitises et de vengeance se soient retirés de ton âme. Mais dans le temps que tu sens que la tentation est dans sa plus grande violence, et que tu crois être le plus mal disposé à la prière, va, retire-toi dans un lieu à part, et adresse à Dieu la prière dominicale, ou ce que tu pourras dire contre les tentations et les suggestions du malin, et tu sentiras la tentation se ralentir, et Satan se retirera de toi tout confus.