« Fais approcher de moi mes petits-enfants pour que je les bénisse ».
Je n’ai pas eu le privilège de connaître mes grands-parents, tous décédés avant ma naissance et pourtant j’aimais tellement entendre évoquer leur souvenir ! J’écoutais avec envie mes frères et sœurs aînés parler avec admiration de « Grand-mère », la dernière aïeule. Et combien j’enviais les copains qui prenaient périodiquement le bus pour aller rendre visite à leurs grands-parents.
L’enfant a un besoin psychologique de la présence et de la tendresse des personnes âgées. Les rides et les cheveux blancs paraissent les fasciner. Il est vrai que « les vieux » sont plus paisibles, indulgents et disponibles. Plus paisibles parce qu’ils échappent au tourbillon d’un foyer aux multiples obligations ; or l’enfant déteste la bousculade. Plus indulgents car les expériences de la vie les ont rendus moins catégoriques et plus tolérants, étant déchargés du soin d’éduquer et de corriger. Plus disponibles enfin parce qu’ils n’ont pas de grands projets en vue ni d’ambitions à poursuivre, leur activité s’étant fortement réduite. L’enfant se tourne volontiers vers ceux qui, plus libres, peuvent les écouter sans répéter : « Pas maintenant, je suis trop occupé ».
Et puis, les vieux savent évoquer les souvenirs d’un passé lointain, si lointain que le gosse se croit transporté des siècles en arrière. Pour lui, le passé a infiniment plus d’âme et de panache que le futur métallique et glacial. Autant de motifs, pour les grands-parents, d’user de leur prestige pour parler de Jésus. Que de « mémées » chrétiennes ont été le moyen de la conversion à Jésus-Christ d’un petit-fils ou d’une petite-fille dont les parents étaient indifférents ou même hostiles à l’Évangile.
Oui, les contacts entre enfants et grands-parents sont bons, souhaitables de part et d’autre et vous permettent de souffler un peu. Donc, accordez-leur cette joie. Qu’ils se voient de temps à autre … pas trop longtemps car ce petit monde agité et bruyant les fatigue vite. Les personnes âgées manquent de ressort pour tenir des journées entières sous les cris et les « pourquoi ».
Il va sans dire que votre devoir sera d’avertir vos beaux-parents avec douceur et beaucoup de fermeté s’ils dénigrent la Bible, font état de leur incrédulité ou dressent sournoisement leurs petits-enfants contre papa ou maman (leur gendre ou leur belle-fille qu’ils n’apprécient pas). Il devrait être entendu que vous leur confiez volontiers vos enfants mais à certaines conditions sur lesquelles vous ne céderez pas : exigez qu’ils respectent vos convictions et s’abstiennent de semer la zizanie dans votre maison.
Il sera de règle chez vous que chacun honorera parents, grands-parents et beaux-parents. C’est biblique (1 Pierre 3.7 b et Exode 20.12). N’allez pas dire à votre femme : « Ta mère est stupide. C’est une pie bavarde ». Ou à votre mari : « Ah ! Parle-moi de ton père ! C’est un illuminé doublé d’un borné ridicule. Il m’agace ! »… vous attristeriez le Saint-Esprit et feriez du mal autour de vous. Honorer parents et beaux-parents est un commandement de Dieu, souvent cité dans l’Écriture. Il est assorti d’une promesse que chaque conjoint ferait bien de méditer sérieusement : « Afin que tes jours soient prolongés dans le pays que l’Éternel ton Dieu te donne » (Exode 20.12).
Peut-être serez-vous plus tard contraints d’héberger vos parents, trop âgés et impotents, incapables de se suffire. Bien que la présence des aïeuls perturbe passablement la vie familiale, les choses se passeront mieux si le climat est bon entre vous. Toutefois, le jour où ils s’installeront chez vous, prenez la précaution de leur dire affectueusement qu’ils doivent d’abord se soumettre à vos horaires et les accepter de bon cœur. Il y a des impératifs qui vous obligent à tenir un programme : les différents départs pour la classe ou l’usine, les heures d’ouverture des magasins ou des bureaux, etc … Ensuite – et surtout – qu’ils veillent à ne jamais se substituer à vous en matière d’éducation ni se permettent de vous contredire devant l’enfant. Il vaut mieux prévenir une difficulté que de la régler après coup.
Ne laissez pas le soin à vos parents d’éduquer votre enfant. Ce serait de votre part un abandon de poste. C’est le chef de famille, en plein accord avec son épouse, qui a la mission de le former ; pas un autre. Vous serez d’autant plus vigilants sur ce point que les grands-parents vivront près de vous. Est-ce manquer de confiance à leur égard ? Certes non ! Mais devenus plus fragiles, plus frileux et moins audacieux, ils se révèlent souvent craintifs à l’excès. Pour protéger le petit être dont ils se croient responsables, voyant le danger où il n’est pas, ils seront tentés de l’élever dans du coton : « Mets ton écharpe, tu auras froid … Ne va pas dehors, il bruine … Reste assis, tu es fatigué … Dors encore, tu as besoin de repos etc … » Submergé de conseils à la prudence, couvé on ne peut plus, l’enfant de qui l’on s’occupe trop devient égoïste, nonchalant et sans audace … Du genre « poule mouillée ».
N’abandonnez pas non plus à vos aînés le soin d’éduquer vos derniers-nés. Les grands frères ou sœurs sont, ou autoritaires et brusques, ou démesurément faibles si la différence d’âge est très marquée. C’est à vous et à vous seuls – parents – qu’incombe la mission d’élever vos enfants. C’est Dieu qui le dit.
J’ai visité deux foyers fort différents. Dans le premier, la grande fille paraissait collée à la chaise. Pas la moindre réaction lorsque maman se levait pour aller remplir la carafe d’eau ou chercher une cuillère à la cuisine. Mademoiselle aurait cru déroger en prenant un torchon pour enlever la poussière sur « son » piano. C’est maman et grand-mère qui officiaient toujours car, vraisemblablement, elles lui avaient interdit de remuer le petit doigt. Ni l’une ni l’autre ne songeaient à lui demander quoi que ce soit. Triste éducation qui forge une jeune femme, future victime de son propre égoïsme.
Dans l’autre foyer, rien de semblable. Chacun avait sa tâche et s’efforçait de la remplir sans récriminations. Ici, servir était normal. S’il manquait une serviette à table, spontanément, l’un ou l’autre se levait pour dire :
— Maman, reste assise. J’y vais.
J’aurais gagé que les garçons faisaient leur lit et laissaient la chambre en ordre avant de partir en classe. Le dimanche matin, leur tâche était tracée. Les uns étaient chargés de conduire des gamins du quartier à l’école du dimanche tandis que l’on permettait à l’aîné d’utiliser la voiture pour véhiculer jusqu’à l’église des personnes âgées. Habitués dès leur tendre enfance à servir avec empressement, ces jeunes étaient préparés pour la vie et faisaient des heureux autour d’eux. Sage éducation !
Faites de vos enfants des êtres utiles. Ne craignez pas de les mettre au travail de bonne heure même s’ils rechignent à la tâche (à quinze ans, c’est trop tard). A tour de rôle, demandez-leur de dresser le couvert, de passer l’aspirateur sur la moquette de leur chambre, de se rendre à la boulangerie acheter le pain et les croissants … Suggérez à votre fille d’offrir ses services à la voisine d’en-face. Elle gardera bébé tandis que la maman, ainsi libérée, pourra faire ses emplettes. Proposez à votre garçon de se mettre à la disposition d’un vieux couple qui reste bloqué chez lui à cause des infirmités et du mauvais temps. Le travail ne manque pas.
Oui, procurez aux vôtres la joie de servir.
LES PARENTS S’INTERROGENT