Prière d’un grand malade. Il crie dans sa souffrance, abandonné de ses amis, entouré de méchanceté et il implore l’aide de son Dieu.
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| 2 | Dieu tout-puissant, ne châtie Pas ma vie Dans ton indignation ; Retiens ta juste colère, Et modère Un peu ma punition. | 
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| 3 | Car tes flèches décochées Sont clouées Bien fort en moi, sans mentir ; Il a fallu que jʼendure Ta main dure, Tu voulus lʼappesantir. | 
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| 4 | Je nʼai plus ni chair ni veine Qui soit saine, Je paye le mal commis, Et mes os qui sʼatrophient Se carient, Châtiment que je subis. | 
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| 5 | Car les peines de mes fautes Sont si hautes Que je mʼen vois submergé ; Le poids trop insupportable Qui mʼaccable Va me faire succomber. | 
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| 6 | De mes lésions purulents Et qui sentent, Il sort un sang corrompu, Hélas, cʼest de ma folie Quʼest sortie Lʼinfection de ce pus. | 
| (Pause) — 6 — | |
| 7 | Le mal qui me fait la guerre Vers la terre Mʼa courbé totalement ; Avec triste et noire mine Je chemine Tout en pleurs journellement. | 
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| 8 | Un feu dévore mes aines Qui sont pleines Du mal qui mʼa tourmenté, Car la source de ma vie Est tarie Sans retour à la santé. | 
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| 9 | Mon corps qui fut si habile Est débile, Tremblant des pieds et des mains, Et, dans la douleur si forte Quʼil supporte, Jette des cris inhumains. | 
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| 10 | Mais tu sais pourquoi je prie Et je crie, Tu connais le fond des cœurs ; Le soupir de ma pensée Transpercée Ne peut tʼéchapper, Seigneur. | 
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| 11 | Mon cœur déréglé sʼagite, Il palpite Et mes forces mʼont trahi ; Je ne vois plus la lumière Coutumière Tant mes yeux sont affaiblis. | 
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| 12 | Les plus grands amis que jʼaie Voient ma plaie, Ne lui portant pas grand soin ; Et, sans faire de reproches, Mes plus proches Sʼy intéressant de loin. | 
| (Pause) — 12 — | |
| 13 | Les uns à ma mort sʼattendent, Et me tendent Des pièges dans mon malheur ; Dʼautres disent milles choses Quʼils supposent, En salissant mon honneur. | 
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| 14 | Jʼai lʼair de nʼentendre goutte, Et jʼécoute ; Leur cœur peut se découvrir, Je suis là comme une souche, Et ma bouche Muette ne peut sʼouvrir. | 
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| 15 | Je suis devenu en somme Comme un homme Qui nʼentend vraiment plus rien, Et qui nʼa quand on le pique, Pour réplique Pas un mot qui tombe bien. | 
| — 15 — | |
| 16 | Mais je garde lʼespérance, Lʼassurance De ton secours, je lʼattends ; Cʼest en Toi, mon Dieu, mon Père, Que jʼespère, Tu me répondras à temps. | 
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| 17 | De peur (cʼest pourquoi je prie) Quʼon ne rie De mon malheureux émoi ; Sitôt que le pied me glisse, Leur malice Fait quʼils triomphent de moi. | 
| (Pause) — 17 — | |
| 18 | Viens donc à moi ; sur la route Je redoute De boiter honteusement, Tant cette grande détresse Qui mʼoppresse Me poursuit incessamment. | 
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| 19 | Hélas, en moi avec honte Je raconte Mon trop inique forfait ; Je rêve et je me tourmente, Me lamente Pour le péché que jʼai fait. | 
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| 20 | Tandis que mes adversaires Au contraire Sont vifs et fortifiés, Les gens pleins (sans cause aucune) De rancune Semblent se multiplier. | 
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| 21 | Ils forment toute une bande, Et me rendent Pour le bien lʼiniquité, Et la source très certaine De leur haine Cʼest que jʼaime lʼéquité. | 
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| 22 | Mon Dieu, je nʼai plus personne, Nʼabandonne Pas ton humble serviteur ; Jʼai pour unique espérance Ta présence, Ne tʼéloigne pas, Seigneur. | 
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| 23 | Au secours ! car je tʼappelle, Dieu fidèle, Par pitié ne tarde plus. Toute force humaine cède ; Ma seule aide Cʼest Toi, Dieu de mon salut. |