Celui qui croit qu’il faille attendre de prier jusques à ce que l’esprit soit délivré de ces mouvements coupables, par sa propre sagesse et ses précautions, aide et fortifie Satan qui n’est déjà que trop fort ; de sorte que ce ne peut être qu’une doctrine païenne, trompeuse et diabolique qui peut conseiller de telles choses à une âme tentée, à laquelle il faut opposer la doctrine de ce psaume, excellent exemple qui montre que David quoiqu’il eut la plus complète vue de toute son impureté et de toute la souillure de sa nature, ne se retire point et ne s’enfuit point de devant Dieu, comme Pierre, qui disait à Jésus-Christ : Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur, mais qui dans une forte confiance en la miséricorde de son Créateur, éclate en une prière ardente, et dit : Ô Dieu, puisque je suis un si malheureux pécheur, aie pitié de moi. Car c’est quand nos cœurs sentent le plus le péché que nous devons le plus nous approcher de Dieu par la prière ; avant d’accomplir le péché, il faut fuir, il faut avoir Dieu devant les yeux, afin d’éviter de tomber dans le péché. Mais après le péché commis, il faut demander, espérer le pardon, et ne pas rester dans des sentiments et des pensées de pure colère et de crainte. Car voici ce que Satan fait : avant que nous accomplissions le péché, il nous rassure, il nous jette dans la sécurité, il ôte de devant nos yeux la crainte de Dieu, mais après que nous l’avons commis, il tâche de nous remplir de crainte, de désespoir et de toute défiance en la miséricorde de Dieu.