Dix jours après l’Ascension, le 8e dimanche à partir de la Résurrection, le 7e à partir du 1er dimanche qui la rappelait, on célébrait à Jérusalem la Pentecôte, les disciples étaient tous réunis « en un même lieu, » parmi eux étaient les 12 apôtres, Judas ayant été remplacé par Matthias, et ce fut alors qu’avec éclat commença l’accomplissement de la grande promesse du Seigneur. Le Saint-Esprit fut répandu sur les disciples et, comme signes de cette effusion, un bruit semblable à celui d’un violent coup de vent se fit entendre d’en Haut, des langues de feu se posèrent sur les têtes des disciples et ils se mirent à louer Dieu en langues étrangères. Une grande multitude d’Israélites, en partie venus de diverses contrées pour la fête de l’Ancienne Alliance, se réunit autour du lieu qui vit s’épanouir pour la première fois l’Église chrétienne, toute resplendissante d’humilité, de gratitude, d’adoration, d’espérance, d’amour fraternel, de zèle missionnaire. Pierre annonça, avec démonstration d’esprit et de puissance, que Jésus le crucifié était ressuscité, qu’il s’était élevé au ciel, qu’il venait de répandre l’Esprit saint promis par les prophètes, qu’il était bien le Christ, — et dès ce jour les apôtres étaient à la hauteur de leur sainte mission, l’Église, largement fondée au sein d’Israël.
Ici encore comment méconnaître une magnifique coïncidence ? Tandis qu’au 2d jour des Azymes le sacrificateur présentait la gerbe des prémices de la moisson de l’orge, la plus précoce des céréales, à la Pentecôte, chaque père de famille devait apporter au Temple deux pains de froment, pour qu’ils fussent offerts à l’Éternel comme prémices. Ce n’était donc plus une seule gerbe offerte par le sacrificateur au nom du peuple, c’étaient autant de couples de pains de froment qu’il y avait de pères de famille. Après le dimanche de la Résurrection, où Un seul était ressuscité, devait venir le dimanche de la Pentecôte chrétienne. Ce fut alors, en effet, tout un nouveau peuple qui du sein de l’humanité déchue commença à ressusciter spirituellement autour du Rédempteur, et cette résurrection spirituelle annonçait elle-même la résurrection nouvelle et glorieuse qui doit être un jour le partage de tous les rachetés.
[Le fondement évangélique de l’institution du dimanche a été remarquablement exposé, mais non sans emphase ni sacerdotalisme, par le pape Léon-le-grand (440-461). Dans une lettre écrite à Dioscore, évêque d’Alexandrie, il lui recommande d’ordonner les prêtres le jour du dimanche, « consacré par de si grands mystères dans les dispensations divines que tout ce qui a été constitué de plus glorieux par le Seigneur l’a été dans la dignité de ce jour. » Puis il dit : « En ce jour, la création a commencé. En ce jour, par la résurrection de Christ, la mort a été détruite et la vie a commencé. Ce jour-là, les apôtres prennent du Seigneur la trompette pour annoncer l’Évangile à toutes les nations, et ils reçoivent le sacrement de la régénération pour le porter dans le monde entier. En ce jour, comme l’atteste le bienheureux évangéliste Jean (Jean 20.21), les disciples étant assemblés et les portes fermées, lorsque le Seigneur entra, il souffla sur eux et dit : Recevez le Saint-Esprit. Les péchés de ceux à qui vous les pardonnerez ou à qui vous les retiendrez, seront pardonnés ou retenus (v. 22). En ce jour enfin arriva le Saint-Esprit promis aux apôtres par le Seigneur (Actes 2.1 ; Jean 14.16 ; 16.17). Il nous a été ainsi insinué et transmis, comme par une règle céleste, que ce jour, où sont réunis tous les dons de la grâce, est aussi celui où nous devons célébrer les mystères des bénédictions sacerdotales. » Ep. IX. Patrologie latine de Migne, LIV, p. 626.]