Nous nous gardons bien de compter au nombre des incrédules le DrChanning, le grand, chef des unitaires d’Amérique et l’une des gloires les plus brillantes de la littérature de ce pays, né à New-Port (Rhode-Island), 1780, et mort à Bennington(Vermont), 1842. Bien qu’hérétique sur des articles fondamentaux, comme la sainte Trinité, la divinité du Christ et la réconciliation il était, à sa manière, un adorateur de Jésus ; son aimable caractère et ses écrits prouvent la puissance du saint modèle qu’il avait suivi. Il était profondément pénétré de l’esprit moral du christianisme, et, à coup sûr, il n’était pas loin du royaume des cieux. Nous choisissons, dans ses admirables Discours, deux passages qui contiennent un énergique témoignage en faveur de la perfection du Christ.
Extrait du discours sur le caractère du Christ. Matthieu XVII 5. œuvres de Channing, Boston, 1848, vol. IV, p. 1-29.
« Ce Jésus vécut parmi les hommes. A la conscience d’une grandeur inexprimable il joignait une modestie, une amabilité, une humanité, une sympathie sans égales dans l’histoire. Je vous prie de considérer cette admirable alliance. L’élévation de Jésus au-dessus de tous ceux qui l’entouraient n’était pas plus grande que l’intime union, que l’amour paternel qui l’unissait à eux. Je soutiens qu’un tel caractère dépasse absolument l’intelligence humaine. Le tenir pour un produit de la fraude ou du fanatisme, c’est prouver qu’on manque de sens ; c’est de la folie. La vénération que j’ai pour Jésus ne le cède qu’à la sainte frayeur avec laquelle je regarde à Dieu. Ce caractère ne porte aucune trace d’invention ; il exista réellement ; il fut celui du fils aîné de Dieu qui le fit briller…
Je m’arrête ici, et je ne sais pas, en vérité, ce que l’on pourrait ajouter encore pour élever l’admiration, le respect, et l’amour que nous devons à Jésus. Quand je considère non seulement qu’il eut conscience d’une majesté incomparable et sans limites, mais qu’il reconnut aussi dans l’être humain une nature parente de la sienne ; quand je considère comment il vécut et mourut pour élever les hommes à la participation de sa gloire divine, et quand je le vois, dans cette intention, s’unir avec les hommes de la façon la plus intime, et les embrasser avec un esprit d’humanité qu’aucune offense, qu’aucune injustice, qu’aucune douleur ne pouvaient un moment refroidir ou vaincre, je suis rempli à la fois d’admiration, de respect et d’amour. Je sens que ce caractère n’est pas une invention des hommes ; qu’il n’a pas été frauduleusement orné et composé par des fanatiques : car il dépasse infiniment leur domaine. Quand j’ajoute ce caractère de Jésus aux autres preuves de sa religion, il ne peut qu’apporter un nouveau surcroît à ce qui déjà auparavant semblait si fort. Je sens que je ne peux être trompé. Ces Evangiles doivent être vrais ; ils sont écrits d’après un original vivant ; ils sont fondés sur la réalité. Le caractère de Jésus n’est point une fable : il fut ce qu’il prétendit être, et ce que ses disciples ont attesté qu’il était. Ce n’est pas tout : Jésus ne fut pas seulement, il est encore le Fils de Dieu, le Sauveur du monde. Il vit et il est entré dans le ciel vers lequel son regard, était toujours dirigé sur la terre ; c’est là qu’il vit et qu’il règne. Je le vois, avec une foi claire et tranquille, dans l’état de gloire, et j’espère avec confiance le contempler bientôt face à face. Nous n’avons pas d’ami lointain que nous soyons aussi sûr de revoir. Préparons-nous donc, en imitant ses vertus et en obéissant à sa Parole, à le rencontrer dans ces saintes demeures où il s’entoure de tous les hommes pieux et purs, et leur communique, pour l’éternité, son esprit, sa puissance et sa joie. »
Extrait du discours sur l’Imitation du Christ.
« Je crois que Jésus-Christ est plus qu’un homme ; et, de fait, tous les chrétiens le croient aussi. Ceux qui ne lui attribuent pas la préexistence, ne le considèrent nullement pour cela comme un simple homme, ainsi qu’on le leur reproche. Ils font sans cesse entre lui et nous une différence profonde. Ils le considèrent comme jouissant d’une intimité particulière avec Dieu, comme revêtu de dons, de biens, de forces, de secours, de lumières telles que jamais homme n’en posséda, et comme brillant d’une pureté sans tache, cette suprême distinction du ciel. Ils accordent tous, et ils accordent avec joie que Jésus-Christ met dans l’ombre toutes les perfections humaines, par sa grandeur et par sa bonté. »