Nos enfants

FOYER ET MINISTÈRE

Moi et ma maison nous servirons l’Éternel.

Josué 24.15

Le chrétien a raison de donner priorité au Royaume de Dieu à condition que sa famille ne soit ni oubliée ni sacrifiée. Elle est sa première paroisse et tout ministère commence chez soi.

1. Je revois les enfants de tel ancien ou de tel prédicateur subissant, semaine après semaine, d’interminables conversations sur l’indifférence des pécheurs et la difficulté de les atteindre, le problème de la guérison divine ou du baptême du Saint-Esprit, thèmes favoris du moment à l’ordre du jour dans la communauté. Alors, pour la Xème fois, les petits doivent se taire pour entendre rabâcher les mêmes faits, les mêmes remarques, les mêmes arguments … Auriez- vous des « dadas », des « disques » ? Dans ce cas mettez-les résolument de côté et parlez d’autre chose.

J’évoque ici la dernière visite que fit dans une famille d’un ami trop tôt disparu. Evangéliste de valeur, il refusa de s’entretenir d’évangélisation devant les enfants mais s’adressa particulièrement à eux en se mettant à leur portée. Sitôt après le dessert, il réclama du papier et une paire de ciseaux et découpa des guirlandes devant les fillettes émerveillées. Quel bon souvenir gardèrent-elles de cette visite !

2. Etes-vous harcelé par les soucis que vous procure l’église ? Etes-vous anxieux au sujet de tel ami qui s’éloigne de Dieu ou se conduit mal ? Ne soyez pas, à cause de cela, un homme perdu dans ses pensées, perpétuellement « dans la lune » lorsqu’il est chez lui. Soyez présent et bien présent de corps et d’esprit.

3. Surtout, que votre foyer ne tombe pas dans « le domaine public » et que votre appartement ne se transforme pas en « salle des pas perdus ». Des croyants aux intentions généreuses pensent avoir reçu de Dieu la mission d’entourer les jeunes nouvellement gagnés à Jésus-Christ, les étudiants ou les militaires éloignés de leur famille, les drogués et les marginaux à la recherche d’un logis ou d’un emploi. Le chrétien n’est-il pas exhorté à exercer l’hospitalité, à ouvrir la maison toute grande à son prochain dans la peine ? Certainement. A condition que femme et enfants ne fassent pas les frais des belles dispositions du chef de famille qui proclame hautement : « Ma maison vous est ouverte. Venez quand vous voudrez. Ma femme sera toujours là pour vous accueillir. Ici, vous êtes chez vous ».

Très bien ! Mais les gens désœuvrés et les jeunes sont facilement envahissants, exubérants et très à l’aise sans qu’il soit nécessaire de les y inviter ! Ils s’installent et remplissent la maison de leurs refrains, sans discontinuer, parfois très tard dans la nuit. Pour vaquer à ses occupations alourdies, la maîtresse de maison doit alors enjamber guitares et sacs à dos et se frayer un passage au milieu d’une société bruyante et sans gêne, perdue dans ses discussions sans se soucier de l’heure qui passe. La jeunesse a du temps, de l’énergie, de la salive … et beaucoup d’inconscience. (Je décris ici ce que j’ai vu de mes propres yeux). Et comme le père se doit d’entourer ses hôtes, il ne voit pas son épouse débordée ni son enfant à la recherche d’un coin tranquille. Bousculé, perdu au milieu « des grands », ce dernier ne parvient pas à s’isoler pour être enfin lui-même et jouer comme il le souhaiterait. Si cela devait durer, il ne tarderait pas à se révolter. Des foyers qui se voulaient généreux ont été ruinés par de tels excès.

Ouvrir sa maison est un impératif biblique … mais en restant le maître chez soi et en traçant aux visiteurs des limites à ne pas franchir. La famille doit avoir sa vie propre, ses heures d’intimité, ses jours de détente sereine et ses pièces interdites au public. Que votre maison ne soit pas la maison de tout le monde et … de personne. Pensez à votre épouse et à vos enfants. Protégez-les, ne les perdez pas.

4. Etes-vous pasteur ou ancien ? Ne faites pas de votre enfant une vedette, c’est-à-dire une personnalité qui tient beaucoup trop de place dans la communauté. Si, pour entraîner le chant dans l’église vous confiez le piano ou l’orgue électronique à votre fils, que cela se passe à tour de rôle avec les autres organistes, même si vous l’estimez plus doué.

Que l’opinion de vos « grands » ne vous influence pas dans vos décisions. Ne prenez pas pour du bon pain tout ce qu’ils affirment. Sachez rester lucide et au besoin, leur résister. Il serait dommage que la famille de l’ancien ou du pasteur mène la communauté « par papa interposé ». Des tensions surgiraient bientôt parmi ses membres.

5. Je reste convaincu qu’il faut être père avant d’être pasteur, ancien ou chef de groupe. Ne sacrifiez pas votre foyer à votre ministère. « Langage peu spirituel, me dira-t-on. Dieu ne devrait-il pas passer avant la famille » ? Certainement, mais le ministère sera éclaboussé et la gloire du Seigneur ternie s’il y a des tensions ou des scandales au niveau familial. Lisez 1 Timothée 3.4-5 : « Il faut que l’évêque (pasteur ou ancien) dirige bien sa propre maison et tienne ses enfants dans la soumission et dans une parfaite honnêteté. Car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’église de Dieu » ?

Telle chrétienne zélée qui visitait cafés et prisons pour y répandre l’Évangile, me dit dans un soupir de tristesse : « Hélas ! Pas un seul de mes enfants n’est devenu disciple de Jésus-Christ ».

Sur la tombe d’un homme de Dieu, le prédicateur qui présidait l’ensevelissement déclara au fils du cher disparu :

— Votre père a été pour moi un vrai père spirituel.

Baissant la tête, le fils balbutia :

— Ah ! Je voudrais pouvoir en dire autant …

Oui, la première paroisse d’un père et d’une mère c’est leur propre famille. C’est pourquoi soyez zélés pour Dieu sans jamais oublier les vôtres. D’abord le foyer ! Le ministère n’en sera que plus béni.

LES ÉPOUX S’INTERROGENT

  1. Ne risquez-vous pas de lasser les vôtres par vos sempiternelles conversations sur vos thèmes préférés (évangélisation, guérison, objection de conscience … ) ? Avez-vous « des rengaines » ? Voudriez-vous penser davantage à vos enfants ?
  2. Vous arrive-t-il d’être « dans la lune » chez vous ? Pensez-vous que ce soit juste ? Votre maison est-elle envahie par une foule de gens que vous avez invités inconsidérément ? Etes-vous réellement le maître chez vous ? Qu’en pense votre épouse ? Vos enfants se plaignent-ils ?
  3. Vos « grands » sont-ils humbles et discrets ? Ne vous aurait-on pas fait le reproche qu’ils tiennent trop de place dans l’église ? Vos enfants sont-ils – selon 1 Timothée 3.4 – tenus dans la soumission et une parfaite honnêteté ?

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant