Le Jour du Seigneur, étude sur le Sabbat

2. Les Églises et les apôtres.

2.1 — Les premières Églises d’origine juive.

Nous les envisagerons surtout dans l’Église de Jérusalem, la première de toutes à tous égards et de beaucoup la plus connue.

« L’Église primitive, dit M. de Pressensé, ne connaît pas plus la distinction entre les jours qu’entre les lieux. La vie entière est devenue la fête douce et sérieuse de la rédemption. Il est donc impossible de trouver dans l’Évangile un principe auquel puisse se rattacher l’institution d’un jour sacré, qui appartienne plus à Dieu que les autres. » « Ce qui frappe dans le culte primitif, dit-il ailleurs, c’est la hardiesse incomparable de sa spiritualité. Il ne se lie à aucune condition extérieure ni de jour, ni de lieu, ni de formes. Il est l’expression spontanée de la vie religieuse dans sa continuité. » — A en juger par ces seules lignes, il n’y aurait eu dans l’Église primitive de Jérusalem aucun jour hebdomadaire particulièrement saillant pour la vie religieuse. Mais ce serait une erreur. M. de Pressensé est beaucoup plus dans le vrai quand il dit : « Les disciples de Palestine célébraient scrupuleusement le sabbat et les fêtes juives, mais ils n’établissaient aucune distinction entre les jours pour le culte chrétien proprement dit. » La vérité, c’est en effet que l’Église primitive de Jérusalem et en général les Judéo-chrétiens observaient scrupuleusement le sabbat. Cela n’est pas dit expressément, mais ressort indirectement de toute part, et du reste ce n’est pas contesté.

Nous voyons les membres de cette Église (Actes 2.46) chaque jour tous ensemble assidus au temple et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Puisqu’ils avaient tant de zèle pour la fréquentation du Temple, ils ne devaient pas en avoir moins pour l’observation du sabbat et s’il en eût été autrement, comment auraient-ils trouvé grâce auprès de tout le peuple ? — C’étaient de faux témoins qui accusaient Etienne devant le sanhédrin, en disant (Actes 6.13-14) : « Cet homme ne cesse de proférer des paroles contre le lieu saint et contre la loi ; car nous l’avons entendu dire que Jésus… détruira ce lieu et changera les coutumes que Moïse nous a données. » Les Juifs de cette époque avaient l’habitude de prier spécialement trois fois par jour, comme le faisait déjà Daniel (Daniel 6.10) : à la 3e heure, à la 6e et à la 9e, c’est-à-dire 9 heures du matin, midi et 3 heures du soir. Or nous voyons toute l’Église primitive réunie à la 3e heure le jour de la Pentecôte (Actes 2.15), Pierre monter sur le toit d’une des maisons de Joppé vers la 6e heure pour prier (Actes 10.9), Pierre et Jean, à l’heure de la prière, c’est-à-dire la 9e heure (Actes 3.1), monter au Temple, où ils guérirent l’impotent de la Belle Porte. Si Pierre observait ainsi les heures de prière usitées chez ses compatriotes, combien plus ne devait-il pas être fidèle au sabbat ?

Paul lui-même l’observait et en profitait largement dans ses courses missionnaires pour l’évangélisation des Juifs (Actes 13.14-44 ; 16.13 ; 17.2 ; 18.4). — Lorsqu’il se rendit à Jérusalem immédiatement avant la captivité de Césarée et qu’il eut raconté chez Jacques, en présence de tous les anciens de l’Église, ce que Dieu avait fait par son moyen au milieu des païens, on lui dit : « Tu vois, frère, combien de milliers de Juifs ont cru, et tous sont zélés pour la loi » (Actes 21.17-20). — Enfin, dans son épître aux Romains (Romains 14.5-6), l’apôtre dit en ayant en vue les chrétiens d’origine juive et ceux d’origine païenne : « Tel fait une distinction entre les jours ; tel autre les estime tous égaux. Que chacun ait en son esprit une pleine conviction. Celui qui distingue entre les jours agit ainsi pour le Seigneur. » Distinguer ainsi les jours, c’était avant tout observer le sabbat.

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