Ces continuels soupirs du cœur des enfants de Dieu sont quelquefois cachés sous beaucoup de pensées, de tentations et d’occupations, et malgré qu’on ne les voie et qu’on ne les connaisse souvent pas, ils ne laissent pas de monter jusqu’à Dieu. C’est sans doute là une véritable science, et une qualité divine, de pouvoir ainsi accabler le péché par la prière, et lorsque nous sentons le plus notre indignité, d’avoir recours à ce cantique de pénitence : Ô Dieu, aie pitié de moi.
Après avoir assez montré, à mon avis, comment Dieu et l’homme pécheur peuvent se rejoindre, il faut aussi vous avertir de faire une attention particulière sur ce mot, aie pitié. Car si nous le considérons bien, nous serons portés à reconnaître et à conclure que toute notre vie est comme renfermée dans le sein de la miséricorde de Dieu : nous sommes tous renfermés dans ces mots, de moi, c’est-à-dire, que nous sommes tous de pauvres pécheurs ; d’où il suit, que tout ce que nous sommes, et tous les biens dont nous jouissons sont un effet de la pure grâce et miséricorde de Dieu, et non de notre justice et de notre mérite.