[Ce chapitre, qui manque dans plusieurs anciens manuscrits, n’est probablement pas de Jacques de Voragine.]
(9 février)
Sous l’empereur Decius une grande persécution sévit, à Alexandrie, contre les serviteurs de Dieu. Prévenant les édits de l’empereur, un misérable, nommé Divin, excita contre les chrétiens une foule superstitieuse, qui, enflammée par lui, devint tout altérée du sang des fidèles. On s’empara d’abord de quelques saintes personnes des deux sexes, dont les unes eurent le corps déchiré membre à membre, les yeux crevés, le visage mutilé, et furent ensuite chassées de la ville ; d’autres qu’on avait traînées devant les idoles, et qui, loin de vouloir les adorer, les accablaient d’invectives, se voyaient traînées par les rues de la ville, les pieds enchaînés, jusqu’à ce que leurs corps s’en allassent en morceaux.
Or il y avait à Alexandrie une vierge admirable nommée Apolline, déjà fort avancée en âge, et tout éclatante de chasteté, de pureté, de piété et de charité. Et lorsque la foule furieuse eut envahi les maisons des serviteurs de Dieu, Apolline fut conduite au tribunal des impies. S’acharnant sur elle, ses persécuteurs commencèrent par lui arracher toutes ses dents ; puis, ayant allumé un grand bûcher, ils la menacèrent de l’y jeter vive, si elle se refusait à blasphémer avec eux. Mais elle, dès qu’elle vit le bûcher allumé, se recueillit d’abord un instant en elle-même, puis, s’échappant des mains de ses bourreaux, s’élança dans le feu dont on la menaçait, effrayant même la cruauté des persécuteurs. Éprouvée déjà par divers supplices, elle ne se laissa vaincre ni par ses souffrances, ni par l’ardeur des flammes, qui n’était rien en comparaison de l’ardeur allumée en elle par les rayons de la vérité.