Dans son livre intitulé : Le Christ et la conscience, 1869, cet écrivain français attaque la doctrine de l’impeccabilité de Jésus, et essaie de montrer que les réponses du Christ à sa mère (Luc 2.49 ; Jean 2.4), l’expulsion des vendeurs hors du temple, la malédiction du figuier stérile, la destruction d’animaux impurs à Gadara, ses amères paroles contre les pharisiens et son rejet apparent du titre de bon, constituent autant de défauts moraux ou d’imperfections de son caractère. Et cependant il se sent contraint de faire la remarquable concession suivante, pages 245-247 :
« Mais à quelle hauteur s’élève le caractère de Jésus-Christ au-dessus de ces types éminents et toutefois incomplets ! Quel homme sut opposer au mal une résistance plus virile ! qui supporta mieux que lui les fatigues et la contradiction ! Mais en qui trouve-t-on moins de raideur avec un tel déploiement de force ! Vit-on jamais personne qui parlât avec une si royale autorité ? Et cependant nul ne fut, comme lui, doux, humble et débonnaire. Quelle profonde sympathie à la vue des misères et du dénuement de ses frères ! et toutefois la paix ne resplendit pas moins sereine sur ce visage mouillé de larmes ! Il habite en esprit la maison de son Père céleste ; il ne perd jamais de vue le monde invisible, et en même temps il fait éclater on sens pratique et moral dont aucun fils de la terre n’a approché ! Que faut-il le plus admirer, ou de l’air de grandeur souveraine répandu sur toute sa personne, ou de l’inimitable simplicité que respire sa vie entière ? Pascal avait vu cette figure céleste, lorsqu’il peignait cette ébauche digne du modèle qu’elle représente : « Jésus-Christ a été humble, patient, saint, saint, saint à Dieu, terrible aux démons, sans aucun péché. Oh ! qu’il est venu en grande pompe et en une prodigieuse magnificence aux yeux du cœur qui voient la sagesse ! Il eût été inutile à notre Seigneur Jésus-Christ, pour éclater en son règne de sainteté, de venir en roi ; mais il est bien venu avec l’éclat de son ordre. » Il est le maître de tous, parce qu’il est leur frère. Sa vie morale est toute pénétrée de Dieu ; il me présente la vertu sous la forme de l’obéissance et de l’amour. A notre tour, nous faisons plus que de l’estimer : nous l’aimons. »
Note des éditeurs (Société des Livres Religieux)
La bonté absolue étant un attribut de la Divinité, Christ ne pouvait accepter le titre de bon de la part d’un homme qui ne le considérait que comme un docteur et qui pouvait être amené par cette question à reconnaître sa divinité ; il en est ainsi de celle adressée plus tard par le Sauveur aux pharisiens, qui ne pouvaient concilier le nom de fils de David donné au Messie avec le titre de Seigneur qui lui est attribué au psaume 110 par David ; tandis que ces passages montraient qu’il était à la fois le descendant et le Seigneur du roi-prophète.
M. Félix Pécaut ne reconnaissant pas la divinité de Christ, il n’est pas étonnant qu’il se trouve embarrassé par divers passages de l’Ecriture qui sont tout simples pour le chrétien orthodoxe ; Jésus-Christ étant à la fois le fils et le Seigneur de Marie, le Seigneur du temple et le grand propriétaire de toutes choses, a eu le droit de refuser toute intervention dans son œuvre, de disposer de ses créatures comme Dieu, avec une autorité absolue et de censurer sur la terre l’hypocrisie qu’il doit punir au dernier jour. Ces avertissements, adressés aux docteurs de la loi, quelque sévères qu’ils soient, ont été dictés par la charité, puisqu’ils étaient un dernier appel à la repentance, avant qu’il ne fût trop tard.