Quel que soit le mode de la comparution de toutes les créatures de l’univers devant le suprême tribunal, et quel que soit aussi le départ à faire entre la réalité et la figure dans les descriptions qui nous en sont faites, nous devons retenir que cette dernière comparution sera universelle pour les justes et les injustes : Ecclésiaste 12.16 ; Actes 10.42 ; Romains 14.9-10 ; 2 Corinthiens 5.10 ; 1 Pierre 4.5, et simultanée : Matthieu 25.32 ; Apocalypse 20.12.
Ces deux caractères, universalité et simultanéité de la comparution, s’ajoutent à la qualité du juge pour garantir l’absolue impartialité des sentences prononcées. Dieu ne fera ni ne paraîtra faire aucune acception de personnes entre les créatures (Colossiens 3.25 ; 1 Pierre 1.17), soit en exemptant une partie d’entre elles de fournir l’épreuve décisive de leur valeur morale, soit en appliquant aux unes et aux autres des normes inégales.
La comparution des nations de la terre devant le siège judicial du Fils de l’homme (Matthieu 25.32) apparaît comme le dernier acte de l’existence nationale qui prend fin avec l’histoire elle-même, et fait aussitôt place au classement des individus, justes et injustes, qui sera absolu et définitif : ἀφοριεῖ αὑτους ἀπ’ ἀλλήλων (ibid.). L’histoire du monde en effet est le jugement des nations ; car aucune d’elles n’étant destinée à survivre à l’économie présente, c’est dans les limites de cette dernière que la justice doit renfermer ses revendications, en réclamant de chacune les satisfactions qui lui sont dues.
Les existences individuelles au contraire laissent derrière elles, au fur et à mesure de leur passage sur la scène du monde, un reliquat d’actions non jugées (1 Corinthiens 11.32), de faits oubliés ou solitaires (Ecclésiaste 12.1-6), de motifs renfermés au fond des cœurs (1 Corinthiens 4.5 ; Hébreux 4.13). C’est cette manifestation universelle, complète et exacte, à toute conscience, de toutes les choses non encore jugées au cours de l’histoire, qui est exprimée par l’image des « livres ouverts » (Apocalypse 20.12).