C’est pourquoi David ne dit pas seulement : O Dieu, aie pitié de moi ; mais il ajoute, selon la grandeur de tes compassions, sans dire un mot de ses mérites et de la justice de ses œuvres. Il ne dit pas comme ce pharisien de l’Évangile : Je jeûne deux fois la semaine ; il ne dit pas : Aie pitié de moi, selon mes mérites, ou ma dignité, ou ma droiture, car, qu’ont à faire ces choses-là avec la miséricorde ; c’est le fait des hypocrites, de vanter leurs mérites : comme on lit du frère d’un certain Roi, qui, à l’article de la mort, disait à Dieu : « Garde-moi ce que tu m’as promis, puisque je t’ai rendu ce que tu m’as commandé. » Je ne voudrais pas que ce fût là ma dernière parole à l’article de la mort ; j’aimerais mieux dire avec David : O Éternel, n’entre point en jugement avec ton serviteur ; et encore : O Dieu, efface mes iniquités. Et nous le voyons aussi garder le silence sur toute sa propre justice, il n’a recours uniquement qu’aux grandes compassions et aux gratuités de Dieu. C’est ainsi qu’il se dépouille de sa propre justice, et qu’il se sort de dessous le fardeau de la colère de Dieu, ne se proposant aucune autre vue que celle de la miséricorde de Dieu, et n’envisageant qu’un Dieu propice, doux, affable et plein de charité pour lui. Car il s’assurait par la force de l’Esprit de Dieu, que Dieu avait une très grande miséricorde, selon laquelle il ne pensait qu’à pardonner et à faire du bien.