La norme du jugement final, qui détermine, comme il a été dit précédemment, non plus la qualité juridique déjà fixée par la sentence de justification, mais la valeur totale de la personne morale, est exprimée dans toute l’Ecriture par l’œuvre et les œuvres individuelles (Ecclésiaste 12.1-6 ; Romains 2.6 ; Apocalypse 20.12), c’est-à-dire toutes les déterminations de la volonté, internes ou externes, bonnes ou mauvaises, étant entendu d’ailleurs que sous la rubrique des mauvaises œuvres le Juge suprême fera rentrer l’omission des bonnes (Matthieu 25.36, 42-43).
Le seul critère reconnu en ce jour-là de la valeur morale de toute œuvre humaine, qui marquera la plus indifférente en apparence du sceau de l’approbation divine, et dont l’absence au contraire appellera le blâme suprême et définitif sur l’action même la plus louée par le monde, sera la relation personnelle de son auteur avec Christ ou avec sa cause : ἐφ’ ὅσον ἐποιήσατε ἑνὶ τούτων τῶν ἀδελφῶν μου τῶν ἐλαχιστων, ἐμοὶ ἐποιήσατεd, Matthieu 25.40, 45 ; cf. Matthieu 10.40-42. D’une part, il ne sera plus reconnu de bonne œuvre qui ne soit issue de l’union avec Christ ; et de l’autre, toute déviation et toute omission morale sera reportée à son véritable principe : l’hostilité ou la neutralité à l’égard de sa personne.
d – La preuve toutefois que la scène décrite ici n’est qu’un épisode, c’est que l’allocution mise dans la bouche du Juge ne s’adressera qu’à une partie des élus, et le texte sous-entend que les plus petits de ses frères auront aussi droit à des récompenses motivées.
Cependant cette norme morale énoncée par le Juge, si raisonnable qu’elle soit, dépasse tellement les conceptions humaines qu’elle déconcertera aussi bien ceux qui seront couronnés que ceux qui seront maudits par elle (Matthieu 25.37-40, 44-45), et il sera prouvé une dernière fois que la vraie vertu est celle qui s’ignore, et laisse au Seigneur le soin de lui trouver sa récompense.