Christ n’est pas un réformateur et un législateur à la manière de Moïse. Il ne vient pas fonder une nouvelle constitution théocratique pour élever les hommes en vue du Royaume de Dieu, à l’aide de lois civiles et cérémonielles pour tous forcément obligatoires. Et cependant, l’on peut et l’on doit dire que la discipline véritable est la grâce que nous apporte le Seigneur Jésus et qu’elle n’est qu’en lui. Il est écrit « que la grâce salutaire de Dieu est apparue pour tous les hommes et qu’elle nous enseigne à renoncer à tous les mauvais désirs, à toutes les impiétés, à toutes les convoitises mondaines pour vivre sobrement, pieusement et selon la justice, en ce présent siècle » (Tite 2.11-12). La grâce de Dieu en Christ nous élève et nous instruit sous la discipline et les répréhensions de l’esprit. Comme moyens éducateurs, elle se sert des épreuves du dehors et de celles de l’homme intérieur. Aussi un homme apostolique, l’auteur de l’épître aux Hébreux (Hébreux 12.5) nous a dit : « Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur et ne t’irrite pas quand il te reprend, car le Saigneur châtie ceux qu’il aime. Il est vrai que tout châtiment ne semble pas d’abord un sujet de joie mais de tristesse, mais il produit ensuite un fruit paisible de justice pour ceux qui ont été ainsi éprouvés. » Cette sainte discipline a son principe dans la grâce salutaire, et dans l’homme, elle n’agit et ne travaille qu’à l’aide des influences bienfaisantes qu’elle dépose dans son cœur. De la même manière que cette grâce agit et se produit au profit de l’individu, de la même manière, nous la voyons à l’œuvre au sein des peuples pour les relever et les régénérer.
Ils se trompent étrangement, ceux qui croient que la domination et la souveraineté du Seigneur Jésus ne peuvent s’exercer que sur quelques individualités isolées et ne doivent pas dépasser la famille et ses intérêts domestiques. Cette erreur, nous n’en sommes redevables qu’à ce faux libéralisme qui ne voit dans l’homme que l’être intelligent et dans la raison qu’une manière de sacrement, toujours irrésistible et souverain. Ce n’est que cette influence délétère qui nous empêche de reconnaître que dans le Royaume du Seigneur Jésus, les peuples et les institutions publiques, les royautés et les républiques, sont des réalités et des puissances qui veulent être tout aussi respectées que l’individualité elle-même : la preuve en est la parole qui nous commande de rendre à César ce qui appartient à César. Et lorsque le Seigneur Jésus nous intimait ce commandement, c’était un César païen qui représentait l’autorité civile. Mais tout en reconnaissant l’origine divine des puissances de la terre, il n’en proclame pas moins sa souveraineté sur toute l’humanité lorsque, commandant à ses disciples comme un roi véritable, il leur ordonne « d’aller et d’enseigner tous les peuples, de les faire ses disciples, de les baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, en leur apprenant à garder tout ce qu’il leur a commandé, car voici, ajoute-t-il, je suis avec vous jusques à la fin du monde » (Matthieu 28.18-20). Cette parole souveraine contient tout un monde d’idées. Elle est avant tout l’autorité souveraine qui doit transformer l’humanité et qu’aucune puissance d’ici-bas ne pourra jamais contredire.
Tout en répudiant les conséquences autocratiques et de lèse-humanité que certains se plaisent à rattacher à ces paroles, nous tenons à affirmer qu’ils se trompent plus grossièrement encore, ceux qui ne savent que leur faire dire ; « Allez et faites quelques disciples, et d’entre les peuples, tâchez de m’amener quelques croyants. » Il faut le reconnaître, le Seigneur, ici, s’affirme comme le souverain auquel appartient la grande assemblée des nations. On ne peut donc pas en douter, sa ferme intention est de faire de son Eglise l’âme et la conscience de tous les peuples de la terre. Il veut tous les réunir dans sa communion comme une seule et même famille, car à lui seul appartient l’autorité suprême au ciel et sur la terre. Cette parole, il est impossible de le méconnaître, implique donc l’idée d’un Christianisme universel, d’une Eglise recueillant dans son sein tous les peuples de la terre. Ce n’est pas à dire cependant que contrairement à d’autres déclarations du Seigneur, non moins positives, il ait cru, en donnant cet ordre à ses disciples, que tous les peuples puissent jamais devenir véritablement chrétiens et leur Eglise se faire celle de tous les saints, une Eglise de véritables professants. Pour tous les temps, il sera toujours vrai qu’il est beaucoup d’appelés et peu d’élus. Mais il n’en est pas moins vrai que le Seigneur veut que sa salle de noces soit pleine de conviés (Luc 14.23). C’est dans ce sens qu’il entend que toutes les nations soient chrétiennes, et que son Eglise exerce pour elles une mission éducatrice. Et l’histoire, plus hautement qu’aucune parole ne saurait le faire, confirme cette prétention souveraine. C’est elle qui se charge de nous rappeler que l’Eglise de Christ, en tant que l’église de tous les peuples a été une grande institution pédagogique. Mais à reconnaître l’église comme la grande institutrice des peuples, il faut admettre de toute nécessité la légitimité du baptême des enfants. Le baptême des enfants et une église populaire ne peuvent se concevoir l’un sans l’autre. Ce n’est que par la grâce du baptême qu’elle peut étendre son influence sur eux et tous ceux qui lui appartiennent par le fait de leur naissance et par le droit de souveraineté que lui confère le Seigneur Jésus. Ces titres, tout extérieurs qu’ils puissent nous paraître, n’en constituent pas moins pour tous, le droit d’être considérés et de valoir comme membres véritables de l’Eglise, comme appartenant réellement à sa communiond. Telle est la doctrine de tous les anciens symboles protestants et en particulier de la Confession d’Augsbourg et de celle de La Rochelle (§ 26, 27 et 28). Mais à concevoir l’Eglise comme une grande institution pédagogique il faut se demander comment, dans ces conditions, elle pourra jamais maintenir son caractère évangélique et spiritualiste. Est-ce que forcément elle ne redeviendra pas un nouveau mosaïsme, appelant l’intervention du bras séculier pour faire de toutes ses lois et de ses prescriptions, des arrêtés souverains ? Nous ne saurions le méconnaître, le danger et la tentation en ce sens sont d’autant plus grands que l’Eglise ainsi conçue forcément doit revêtir une forme extérieure et légale et entrer en rapports constants et immédiats avec l’Etat, devenir en quelque sorte partie intégrante de la constitution sociale.
d – Cette apologie du pédobaptisme constitue un excellent exemple de ce qu’un grand nom, honoré de la postérité, ne garantit jamais de dire de grandes sottises. Martensen erre ici complètement : cent ans plus tard, l’ensemble des églises évangéliques, restées fidèles à la Bible (par opposition au protestantisme libéral), enseignent toutes que l’on ne doit pas baptiser les nourrissons, et se sont elles qui continuent à propager le nom de Jésus-Christ à travers le monde. (ThéoTEX)
Comment donc l’Eglise pourra-t-elle concilier avec son caractère spiritualiste et évangélique sa mission pédagogique ? L’histoire en fait foi, le problème est d’autant plus difficile que le Seigneur Jésus et ses apôtres au lieu de nous donner des indications et des instructions précises à cet égard, nous ont complètement abandonnés à la direction et aux enseignements de l’expérience. Tout en croyant très fermement que l’Eglise a toujours été gardée et dirigée par la Providence, nous sommes cependant obligés de reconnaître que bien souvent exclusivement préoccupée de sa mission pédagogique, elle s’est laissée dominer par l’esprit du mosaïsme infiniment plus que par celui de l’Évangile. Le grand Augustin, un des maîtres toujours écoutés lorsqu’il s’agit des questions de la grâce et du libre arbitre, en son temps, invoquait volontiers la parole du Seigneur : « Contrains-les d’entrer » (Luc 14.23), « compelle intrare », pour prouver que l’Etat doit mettre son glaive au service de l’Église et contraindre les infidèles à rentrer dans son giron. Le moyen-âge ne fut que trop fidèle à l’enseignement du maître. On vit alors l’Eglise redevenir un nouveau mosaïsme, une institution théocratique. Le Christ exalté et souverain n’apparut plus dans l’imagination populaire que comme un Moïse agrandi, conduisant son peuple, la verge de la loi à la main, au travers du désert vers la terre promise. On ne vit plus en lui que le juge et le vengeur on le destitua du droit de grâce et on ne connut plus d’autres médiateurs que la Vierge et les saints.
Mais si grande que fût sa puissance, son vicaire, plus puissant que lui, la détenait plus grande encore. Il conçut et réalisa en son nom tout un merveilleux ensemble de règles et d’ordonnances, enlaçant dans un réseau inextricable la pensée et la vie humaine, l’homme et la société. Nul ne put en sortir sans se trouver sous le coup du glaive séculier qui le contraignait aussitôt à rentrer plus humble et plus dépendant dans le giron de l’Eglise à laquelle il restait attaché comme le serf à la glèbe. Contre ce régime oppresseur, la Réforme fit entendre le cri d’une protestation indignée qu’appelait depuis longtemps la conscience humaine odieusement opprimée. Mais si sainte qu’ait été cette protestation, nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître que le régime contre lequel elle a définitivement prévalu n’en fut pas moins en son temps, au milieu des populations du moyen-âge, une institution utile et bienfaisante. Nous ne pouvons pas oublier non plus que si la conscience chrétienne a retrouvé la libre possession de la grâce salutaire et rédemptrice, si le Christ Sauveur a pour toujours reconquis sa gloire de rédempteur, ce n’est qu’à la Réforme que nous en sommes redevables. Il y aurait ingratitude à ne pas le dire, avant elle, le Christianisme n’était qu’un mosaïsme servi et glorifié par la puissance et au profit du vieil empire romain, toujours roi et souverain Pontife par la grâce de la papauté. Jamais l’humanité n’aura assez de reconnaissance pour la Réforme. A elle seule, elle doit son affranchissement, le libre esprit qui lui permet enfin de protester contre ces fausses usurpations et de glorifier la souveraineté du Christ, dans l’union à toujours féconde et bénie de la liberté et de l’autorité véritables. Mais la victoire que la Réforme remporta au prix de tant de douleurs et de si héroïques sacrifices ne pouvait être définitive. L’idéal qu’elle représentait était trop grand et trop pur pour qu’il n’eût pas à subir d’inévitables et dures déceptions. Tout entière à la joie du triomphe, elle célébrait encore, dans ses chants sacrés et ses livres symboliques, la défaite de l’antique adversaire qu’elle crevait à jamais vaincu, et déjà il se prenait à revivre ! Et c’était en Allemagne, - sa terre promise, sa patrie de prédilection, qu’à nouveau il apparaissait et par des succès inattendus annonçait au monde sa rentrée sur la scène de l’histoire. Il eut été facile de le prévoir. C’était, en effet, dans cette même Allemagne, que le vaincu de la veille survivait par son esprit et dans ses œuvres vives. En ces contrées, on pouvait voir l’Etat se confondant avec l’Eglise et l’Eglise si complètement subordonnée à l’Etat, que l’Etat, à juste titre, pouvait se croire le gardien d’office des deux tables de la loi et l’évêque suprême chargé de veiller à la conversion et au salut des âmes. Sans croire usurper, il put faire rentrer dans ses attributions l’administration des sacrements et de la saine doctrine. Il ne lui suffisait plus de garantir l’ordre au dehors et dans la rue, il voulait le maintenir dans l’église. Et ses administrés n’avaient pas le privilège d’enfreindre leurs devoirs religieux, sans enfreindre en même temps ceux que leur prescrivait le magistrat. La vieille théocratie mosaïque s’était reconstituée non plus au profit du pape, mais du souverain temporel. Et grâce à l’absolutisme politique qui faisait loi au XVIIe siècle, il n’y eut pas de souverain temporel, si humble fût sa souveraineté, qui ne tranchât du souverain pontife.
De nos jours seulement la liberté religieuse a véritablement et définitivement triomphé de la cœsaréopapie. Mais on ne le dira jamais assez, cette liberté qui défend de faire peser sur la conscience humaine l’apparence même de la contrainte, nous n’en sommes pas redevables à l’incrédulité mais à la foi. L’Évangile a besoin de la liberté et il est lui le premier à la réclamer afin de pouvoir amener toute âme captive à l’obéissance de la foi. Et quand le Christ a commandé de rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu, il a prononcé la parole qui pour toujours affranchit les consciences. Car pour rendre à Dieu ce qui lui appartient, son bien, notre conscience, notre intelligence et les lui rendre publiquement, il faut être en pleine liberté. Plus la liberté religieuse répandra autour d’elle ses bienfaisantes influences, et plus les hommes deviendront capables de s’élever et de grandir moralement. Mais jamais ils ne reprendront conscience de leur responsabilité, autant dire de leur liberté, aussi longtemps qu’ils ne connaîtront pas la puissance rédemptrice du Christianisme.
Seul, le Christianisme peut former des caractères personnels, une opinion, des mœurs, une science, une civilisation et des institutions en harmonie avec l’esprit de l’Évangile et capables de garder et de respecter la liberté individuelle. Mais ce progrès auquel nous devons tous tendre et que tous nous appelons, ne sera jamais l’œuvre des concessions qu’une autorité inconsciente et faible, à chaque instant se laisse arracher au profit d’un faux individualisme, le pire des dissolvants sociaux. S’il est aujourd’hui une réforme légitime qu’appellent les aspirations les plus irrépressibles de la conscience moderne, c’est celle qui, affranchissant l’Eglise de l’Etat et l’Etat de l’Eglise, leur apprendra à reconquérir et à retenir leurs attributions respectives en se respectant et en se complétant l’un par l’autre. Mais cette réforme ne s’accomplira jamais par ce qu’on appelle la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Si cette prétendue réforme venait à se réaliser, on pourrait dire que le jour même, il n’y aurait plus de liberté et plus de paix pour l’Eglise et pour l’Etat. Nous aurions alors une redoutable leçon de choses qui se chargerait de nous apprendre ce qu’il en coûte de méconnaître le commandement du Maître : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Tout en maintenant ces légitimes et chrétiennes réserves, nous n’en dirons pas moins que la conscience moderne et la conscience bien informée réclame aujourd’hui plus impérieusement que jamais, que l’Eglise puisse elle-même s’administrer et se donner la constitution qui peut le mieux répondre à sa véritable vocation. Mais gardons-nous de l’oublier et malheureusement on est trop enclin à le faire, l’Eglise aura besoin d’une constitution, d’une organisation visible, malgré toutes les glorieuses transformations que pour elle on peut rêver, aussi longtemps qu’elle subsistera sur la terre. Quand bien même sur elle ne pèserait plus aucune contrainte du dehors, il faudra qu’elle ait des règlements qui, si librement consentis soient-ils, n’en seront pas moins une contrainte pour tous. Et l’Eglise assujettie à une règle ne sera jamais la pleine réalisation de l’idéal chrétien, de la liberté des enfants de Dieu. En tant que société visible, avec des règlements extérieurs et des membres vivants, nécessairement confondus avec des membres morts ou demi-morts, l’Eglise, dans le temps, sera toujours autre chose que le Royaume de Dieu tel que le Seigneur l’a conçu et tel que jamais ici-bas il ne sera pleinement réalisé. Toujours il faudra qu’elle reconnaisse que pour être une institution humaine, il lui faut la tutelle de la règle et la contrainte d’une organisation visible. Il ne lui sera jamais permis de vivre dans le temps sans avoir à subir le conflit de la liberté humaine avec la loi et le droit. Ce n’est pas la société civile seule qui réclame une loi et des règlements. Il n’est pas d’association, si idéale, si pure soit-elle, qui, à vivre dans le temps, puisse s’affranchir du temps et n’avoir plus à porter le dur et encombrant fardeau de la règle et de ses contraintes. A chercher une installation idéale, ne comportant aucune de ces contraintes, il faudrait nous rappeler le farfadet de la légende. Il habitait une demeure incommode, et qu’à juste titre il voulait quitter. Mais quand venait le moment de résilier son bail et de s’enquérir d’une demeure mieux à son gré, malgré toutes ses recherches, il lui fallait réintégrer l’inconfortable logis et oublier les ennuis qu’il ne cessait de lui infliger.
Pour toute la durée de l’histoire nous aurons à subir la loi de la succession et du temps, souffrir et lutter. L’union de l’autorité et de la liberté, dans l’Etat ou dans l’Eglise, ne pourra donc se faire que d’une manière incomplète, toujours gênante et empêchée. Ce n’est que dans le règne de mille ans que l’on rencontre des états toujours prospères et florissants, toujours en possession d’une paix perpétuelle et d’une liberté qu’aucune règle ne peut contredire. Et si, pour eux, surgissent ces conflits qui si souvent troublent l’ordre d’aujourd’hui, le soleil qui les voit se produire, jamais ne s’endort sans éclairer leur apaisement. Ainsi il en est, parce qu’alors, gouvernants et gouvernés ne connaissent plus d’autre souveraineté que celle du Seigneur Jésus, et que, contre eux, Satan vaincu n’a plus d’empire. Mais les douceurs et les attraits de cette paix perpétuelle, nous ne pouvons les entrevoir que dans le Royaume invisible de la grâce ; seule la foi peut les posséder et les jouir dans le sanctuaire invisible de la conscience, ce milieu lumineux, infiniment plus haut que l’Etat et que l’Eglise visible elle-même. Mais ce qui est fragmentaire et périssable ne sera aboli que lorsque au dernier jour, la dernière et grande crise aura fait triompher l’immortelle perfection que nous dérobent les ombres d’aujourd’hui. Alors aussi apparaîtra la véritable théocratie. Dieu sera tout en tous. L’Eglise et l’Etat comme institutions extérieures ne seront plus. Christ aura remis le Royaume aux mains de son Père. Et les autorités et les puissances d’aujourd’hui, si grandes soient-elles dans le temps et sur la terre, alors ne se retrouveront plus. Mais si, dans l’économie présente, il est impossible de rencontrer un état social parfait, nous devons surtout en imputer la cause à cette influence malfaisante et désorganisatrice qui, au sein de tous les peuples modernes, dénonce la foi comme l’éternel ennemi, le ravisseur de tous nos droits et de toutes nos libertés, et invoque l’incrédulité, le matérialisme brutal, comme le grand émancipateur et le dispensateur de tous les biens.
Grâce à cette occulte et redoutable influence, il n’est pas de peuple qui ne se sente menacé et qui, en proie aux discordes intestines, ne voie grandir, dans les couches profondes qui, jusques à ce jour, constituaient nos assises sociales les plus sûres, un esprit de haine et d’envie qui demande, non plus la liberté, comme aux jours d’autrefois, sous la protection de la loi, mais la suppression de la patrie et de tous les droits sacrés qu’elle représente au profit de la brutale convoitise. On dirait que nous sommes aux temps annoncés par la prophétie où Satan, en attendant d’être lié, multiplie ses sévices et ses séductions afin que chaque peuple se partage en deux peuples ennemis, se disputant son âme et son lendemain.