Les débuts de Novatien sont connus principalement par les lettres du pape Corneille à Fabius d’Antioche dont Eusèbe a donné des extraits, H.E., 6.43. Originaire probablement de Rome ou de l’Italie, Novatien fut considéré pendant quelque temps comme possédé du démon et exorcisé ; puis, étant tombé gravement malade, reçut le baptême des cliniques sans la consignation épiscopale, c’est-à-dire sans la confirmation. Cette circonstance le rendait irrégulier pour l’ordination. Mais Novatien avait des qualités intellectuelles remarquables. Malgré l’opposition du clergé et de beaucoup de laïques, le pape d’alors, Fabien ou même Pontien, le promut au sacerdoce et, en 250, nous le trouvons jouissant à Rome d’une situation considérable. C’est lui qui, pendant la vacance du siège, écrivit à saint Cyprien, au nom du clergé romain, la lettre xxxi et presque sûrement aussi la lettre xxxvi entre celles de l’évêque de Carthage. Dès lors, Novatien pouvait se croire désigné pour succéder à Fabien. Cependant le choix du clergé et du peuple tomba sur Corneille (mars 251). Dépité, Novatien se fit sacrer par trois évêques de la campagne et fonda une église schismatique que l’on trouve florissante encore en Orient au ve siècle. Après cet éclat on ne sait de lui presque plus rien de certain. Socrate (H. E., 4.28) dit qu’il mourut martyr dans la persécution de Valérien (257-258) ; mais cette donnée est sujette à caution.
Saint Jérôme (Vir. ill., 70), sans prétendre énumérer toutes les œuvres de Novatien, rapporte qu’il avait écrit sur la Pâque ; sur le sabbat ; sur la circoncision ; sur le [grand-]prêtre ; sur la prière ; sur les aliments juifs ; sur la persécution ; sur Attale et sur la Trinité. De tous ces écrits il nous reste seulement les deux lettres à saint Cyprien dont il a été question ci-dessus, le De trinitate et le De cibis judaicis.
Les lettres, qui datent de 250-251, ont pour objet de communiquer à saint Cyprien le sentiment du clergé romain sur l’affaire des lapsi. Ce sentiment est, en somme, conforme à celui de l’évêque de Carthage.
Le traité De la Trinité est l’œuvre maîtresse de Novatien. C’est le commentaire d’une formule de foi moins longue que le symbole des apôtres, plus longue que la simple formule baptismale. Les chapitres 1-8 traitent de Dieu et de ses perfections, de la création et de la révélation mosaïque ; les chapitres 9-28 de Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu, et de sa distinction d’avec le Père ; le chapitre 29 du Saint-Esprit et de son action dans l’Ancien et le Nouveau Testament ; les chapitres 30 et 31 reviennent sur le Père et le Fils, pour montrer qu’ils ne sont qu’un même Dieu. Le De trinitate était le premier ouvrage écrit à Rome, en latin, sur un sujet théologique, et il l’a été avec un ordre logique et une netteté de style qui en ont fait pour longtemps le modèle des ouvrages de ce genre. Sa composition est antérieure à l’an 250.
Quant au traité Sur les aliments juifs (De cibis judaicis), c’est une œuvre de Novatien schismatique, une sorte de lettre pastorale qu’il adresse à ses fidèles, et dans laquelle il explique allégoriquement la distinction des aliments, imposée aux juifs. On y remarque certaines idées philosophiques qui confirment ce que saint Cyprien a dit de la tournure d’esprit stoïcienne de son auteur.
Il ne s’est conservé aucun ouvrage proprement dit des papes du iiie siècle. Tout ce que nous avons se borne à quelques lettres ou fragments. Entre les documents plus importants, il faut citer l’édit d’indulgence de Calliste (217-222) dont il a été question ci-dessus ; quelques lettres de Corneille (251-253) à saint Cyprien et à Fabius d’Antioche ; les lettres d’Etienne (254-257) à saint Cyprien et aux Églises d’Asie sur le baptême des hérétiques ; et enfin la lettre du pape Denys (259-268) à son homonyme d’Alexandrie sur la divinité de Jésus-Christ.