Cette vue d’un Dieu qui fait miséricorde, est une douce vue qui couvre tout ce qui peut être renfermé sous ces mots, de moi, et qui donne la force de détourner la vue de dessus la colère, pour dire avec confiance : Dieu est propice, Dieu me fait grâce ; c’est là une théologie, non de la raison qui ne peut conduire qu’au désespoir, mais cet une théologie de l’Esprit de Dieu, que David avait apprise, lequel au milieu du sentiment de ses péchés et de la colère de Dieu, prend la hardiesse de dire à Dieu : Ô Dieu, aie pitié de moi. Voilà une science que la nature et que la raison ignorent, et il n’y a que l’Esprit de Dieu qui l’apprenne et qui l’enseigne, comme nous voyons qu’il le fait dans ce psaume ; car toutes les paroles y sont posées avec beaucoup de sagesse et de précaution ; et ce sont toutes des paroles de vie, desquelles les âmes éclairées apprennent à faire différence entre pécheur et pécheur, entre Dieu et Dieu, et desquelles ils apprennent à joindre et à concilier Dieu courroucé et l’homme pécheur.
C’est là la véritable théologie qui nous enseigne le vrai Dieu, et le vrai service de Dieu ; mais c’est une fausse théologie que celle qui enseigne à ceux qui sentent et reconnaissent leurs péchés, que Dieu est un Dieu courroucé. Car il ne s’y trouve point un tel Dieu, ni au ciel, ni en aucun endroit, mais c’est la production et l’idole du cœur pervers de l’homme, parce que le véritable Dieu dit, je ne veux point la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. C’est ce qui se confirme par l’exemple que nous avons ici en David. Nous avons averti qu’il ne fallait pas appliquer ce psaume à David seulement, mais qu’il contenait une doctrine générale et universelle qui doit être appliquée à tous les hommes sans exception, c’est aussi l’usage qu’en fait l’Epître aux Romains, qui fait une application générale de ce que dit ce psaume à tous les hommes, et qui cite d’autres passages des psaumes pour prouver des doctrines générales : Comme, tout homme est menteur, Dieu a tout renfermé sous la malédiction, afin qu’il fît miséricorde à tous ; (voyez Romains ch. 3 et 11). C’est aussi de la sorte que David veut, non seulement dépeindre son péché, mais faire voir la misère et la mort de tout le genre humain. De sorte que nous pouvons conclure que Dieu est pour tous les hommes, le même Dieu qu’il a été pour David, c’est-à-dire, un Dieu qui pardonne les péchés et qui fait miséricorde à tous ceux qui, dans un sincère et vif sentiment de leurs péchés, demandent miséricorde.