1.[1] Joyeux de ce qu'ils avaient vu et de ce qu'ils avaient ouï dire à leur chef, ils ne se lassèrent pas de déployer tout le zèle dont ils étaient capables. Ils apportent de l'argent, de l'or et du cuivre, des bois de la nature la plus précieuse et qui n'avaient rien à craindre de la putréfaction[2], du poil de chèvre, et des peaux de moutons, les unes teintes en violet d'hyacinthe, les autres en écarlate ; d'autres offraient l'éclat de la pourpre ; d'autres avaient la couleur blanche. Ils apportent aussi des laines teintes de ces mêmes couleurs, de fin lin byssus, avec des pierres encastrées dans leurs tissus, de celles que les hommes enchâssent dans l'or et qui leur servent de parure de prix, enfin une quantité d'aromates. C'est avec ces matériaux que Moïse construisit le tabernacle, qui ne différait en rien d'un temple portatif et ambulant. Tous ces objets ayant été rassemblés avec empressement, chacun ayant fait ce qu'il pouvait et au-delà, il prépose des architectes aux travaux, selon les instructions de Dieu, ceux-là mêmes que le peuple eût choisis s'il en eût eu le droit. Voici quels étaient leurs noms[3] — car on les trouve consignés dans les livres saints — : Béséléèl(os)[4], fils d'Ouri, de la tribu de Juda, petit-fils de Mariamme, la sœur du chef, et Eliab(os)[5], fils d'Isamach(os)[6], de la tribu de Dan. Mais le peuple mettait tant d'ardeur à s'engager dans cette entreprise que Moïse dut les écarter, en faisant proclamer qu'il y avait assez de monde[7] ; c'est ce que les artisans lui avaient dit. Ils se mettent donc à la confection du tabernacle. Et Moïse leur donna, conformément au plan de Dieu, les indications détaillées au sujet des mesures, au sujet de la grandeur du tabernacle et des objets qu'il devait contenir pour le service des sacrifices. Les femmes elles-mêmes[8] rivalisaient de zèle à fournir les vêtements sacerdotaux et tout ce qui était nécessaire encore à l'ornementation de l’œuvre et au service divin.
[2] Josèphe traduit l'hébreu Schittim (Exode, XXV, 5) de la même façon que les LXX. On peut rapprocher de cette exégèse une opinion rapportée dans une baraïta (Yoma, 724 ; Soukka, 45 b), selon laquelle les mots hébreux d’Exode, XXVI, 15, signifieraient : des bois de Schittim qui tiennent (indéfiniment).
[3] Exode, XXXI, 2.
[4] En hébreu : Baçalel. Nous lisons la même chose que Bernard dans les mss. En effet, dans l’Écriture on nomme son grand-père Hour. Or, précédemment, Josèphe a indiqué que Hour était le mari de Miriam. Voir la note sur ce passage.
[5] En hébreu : Ohòliab.
[6] En hébreu et LXX : Ahisamach. Les premières lettres sont peut-être tombées dans le texte de Josèphe, à moins qu'il ne les ait supprimées dans le souci de gréciser, séduit par l'allure grecque du mot ?
[7] Exode, XXXVI, 5. Le grec emploie une expression assez obscure ; dans la Bible, les artisans viennent déclarer à Moïse que les offrandes du peuple sont surabondantes. La Version latine des Antiquités, où on lit ici : « ea quae data fuissent », semble refléter une leçon plus satisfaisante, en tout cas plus conforme à l'hébreu.
[8] Exode, XXXV, 25.
2. Quand tout fut prêt, l'or, [l'argent], l'airain, et les tissus, Moïse, après avoir prescrit une fête et des sacrifices selon les moyens de chacun, dresse le tabernacle[9]. Il commence par mesurer avec soin une cours[10] de cinquante coudées de large et de cent coudées de long ; il y plante des pieux de cuivre de cinq coudées de haut, vingt de chaque côté dans le sens de la longueur et dix dans la largeur du côté qui faisait le fond. Des anneaux étaient adaptés à chacun de ces pieux. Les chapiteaux étaient en argent, les socles, qui ressemblaient à des pieds de lance, étaient de cuivre et s’enfonçaient dans le sol[11]. Aux anneaux étaient fixées des cordes dont l’autre extrémité était attachée à des piquets de cuivre longs d'une coudée qui, pour chaque pieu, s'enfonçaient en terre de façon à rendre le tabernacle immobile sous la poussée des vents. Un voile de byssus extrêmement fin régnait sur tous ces pieux ; il pendait du chapiteau jusqu'au socle, se déployant avec ampleur et il environnait tout cet espace d'une enceinte qui ne paraissait pas différer d'un mur. Tel était l'aspect de trois faces de l'aire sacrée. Dans la quatrième (cette dernière, qui avait cinquante coudées, formait le front de l'ensemble) vingt coudées s'ouvraient en porte, où se trouvaient de part et d'autre deux pieux à l'imitation de pylônes ; ces pieux étaient entièrement revêtus d'argent[12] à l'exception des socles, lesquels étaient en cuivre. De chaque côté du porche[13], se dressaient trois pieux solidement introduits dans les montants qui soutenaient les portes et fortement ajustés ; autour de ces pieux aussi était tendu un voile tissé de byssus. Mais devant les portes, sur une longueur de vingt coudées et une hauteur de cinq, régnait un voile de pourpre et d'écarlate, tissé avec l'hyacinthe et le byssus, garni de quantité d'ornements de couleurs variées, mais sans rien qui représentât des formes d'animaux[14]. En dedans des portes se trouvait un bassin de cuivre[15] destiné aux aspersions, avec un fondement du même métal ; c'est là que les prêtres pouvaient se laver les mains et répandre de l'eau sur leurs pieds. C'est ainsi que l'enceinte de la cour sacrée était aménagée.
[9] Exode, XL, 17.
[10] Exode, XXVII, 9. Josèphe emploie à dessein ce mot grec, équivalent du latin atrium, par souci de modernisme. L'hébreu haçèr (parvis) est traduit différemment dans les LXX.
[11] Nous traduisons d’après Exode, XXVII, 10. Le texte de Josèphe est altéré.
[12] Il n'est pas question dans l'hébreu (XXVII, 16) de ce revêtement d’argent.
[13] C'est-à-dire aux deux ailes de cette face antérieure, chacune de 15 coudées de large, ce qui, avec les 20 coudées de la porte, complétait les 50 coudées de la largeur totale.
[14] Détail étranger à la Bible. Voir plus loin 4.
[15] Exode, XXX, 8.
3[16]. Quant au tabernacle, Moïse le dresse au milieu en le tournant du côté de l'orient, afin que le soleil, aussitôt à son lever, lui envoyât ses rayons. Sa longueur s'étendait sur trente coudées, sa largeur sur dix ; l'un des murs était au sud, l'autre au nord ; derrière le fond se trouvait le couchant. Il fallait lui donner une hauteur égale à la largeur. Chaque flanc était formé de solives de bois au nombre de vingt[17], taillées en forme rectangulaire, larges d'une coudée et demie, avec une épaisseur de quatre doigts[18]. Elles portaient de tous les côtés un revêtement de lames d'or, sur les parties intérieures comme sur les parties extérieures. Chacune d'elles était pourvue de deux tenons s'enfonçant dans deux socles ; ceux-ci étaient en argent et avaient chacun une ouverture pour recevoir les tenons. Le mur occidental avait six solives, fixées toutes soigneusement les unes aux autres, de sorte que, les joints se trouvant bien clos, elles semblaient ne faire qu'un mur ; elles étaient dorées sur la partie interne et externe. Ainsi le nombre des solives était en proportion de la longueur de chaque face. [Sur les grands côtés] il y en avait vingt et l'épaisseur de chacune d'elles était d'un tiers d'empan[19] [la largeur d'une coudée et demie][20], de sorte qu'elles remplissaient une longueur de trente coudées. Du côté du mur d'arrière, où les six solives réunies ne faisaient que neuf coudées, on fit deux autres solives chacune d'une [demi-] coudée[21] qu'on plaça aux angles et qu'on orna de la même façon que les solives plus larges. Toutes ces solives étaient garnies d'anneaux d'or sur leur face externe, bien encastrées comme par des racines, alignées et se correspondant mutuellement sur tout le pourtour ; par ces anneaux passaient des barres dorées d'une longueur de cinq coudées[22] servant à assembler les solives entre elles ; chaque barre entrait par son extrémité dans la suivante comme dans une vertèbre artificielle faite en forme de coquillage. Du côté du mur postérieur se trouvait une barre unique qui passait par toutes les solives et où pénétraient transversalement les extrémités des barres de chacun des deux grands côtés : ce qui les assujettissait comme par des charnières, la pièce mâle s'emboîtant dans la pièce femelle. Tout cela maintenait le tabernacle, en l'empêchant d'être agité par les vents ou par toute autre cause, et devait lui procurer l'immobilité et une stabilité parfaite.
[16] Exode, XXVI, 1.
[17] Exode, XXVI, 16 ; XXXVI, 21.
[18] L'Exode ne dit rien à ce sujet. La tradition croit que ces planches ou solives avaient une coudée d'épaisseur (Schabbat, 98 b).
[19] Ou d'une palme (tofah en hébreu), c'est-à-dire de 4 doigts, comme il a été dit plus haut.
[20] La lacune est évidente.
[21] Le texte a, en grec, une coudée, mais la largeur du pavillon devant être de 10 coudées, ces piliers placés aux angles ne pouvaient avoir qu'une demi-coudée de large, au lieu d'une coudée et demie comme les autres.
[22] Cette donnée ne provient pas de l'Écriture, qui n’indique pas les dimensions de ces barres et déclare seulement qu’il y en avait cinq pour chaque face du tabernacle. D'après la tradition, ces cinq barres se départageaient ainsi : deux barres en haut bout à bout, et deux en bas, plus une au milieu qui passait à travers les solives elles-mêmes. Dans le système de Josèphe, cette disposition d'une barre qui passerait par toutes les solives est spéciale à la paroi postérieure (côté ouest) du tabernacle.
4.[23] A l'intérieur, divisant sa longueur en trois parties, à dix coudées du fond il dressa quatre solives, fabriquées comme les autres, posées sur des socles identiques, en les espaçant un peu entre elles ; au-delà de ces solives c'était le sanctuaire secret ; le reste du tabernacle était ouvert aux prêtres. Il se trouva que cette division du tabernacle imitait la nature universelle[24]. En effet, la troisième partie, en dedans des quatre solives, qui était inaccessible aux prêtres, s’ouvrait comme le ciel à Dieu ; l'espace des vingt coudées, comme la terre et la mer sont accessibles aux hommes, était de même accordé aux seuls prêtres. Mais sur le front, où on avait fait l'entrée, se dressaient des solives d'or posées sur des socles d'argent, au nombre de cinq. On recouvrait le tabernacle de tissus où le byssus se mêlait à la pourpre, à l'hyacinthe et à l’écarlate. Le premier avait dix coudées de côté ; il était tendu devant les colonnes qui, divisant transversalement le temple, en interdisaient l'intérieur ; et c'est ce voile qui empêchait que personne pût y jeter les regards. L'ensemble du temple s'appelait Saint, mais la partie inaccessible en dedans des quatre solives, le Saint des Saints. Cette tenture était fort belle, parsemée des fleurs les plus diverses[25] que porte la terre, et portant dans son tissu tous les ornements propres à l'embellir, à l'exception des figures d'animaux[26]. Une autre[27], toute pareille par les dimensions, par le tissu et par la couleur, couvrait les cinq solives situées à l'entrée ; à l'angle de chaque solive un anneau la maintenait et elle pendait du sommet jusqu'à mi-hauteur de la solive ; le reste de l'espace livrait passage aux prêtres qui y pénétraient. Par dessus cette tenture, il y en avait une autre de mêmes dimensions faite de lin, qu'on tirait à l'aide de cordons d'un côté ou de l'autre ; des anneaux étaient adjoints au voile et au cordon pour le déployer ou le retenir, après qu'on l'aurait tiré dans l'angle, afin qu'il n'interceptât point la vue, surtout dans les jours exceptionnels. Les autres jours, et principalement quand le temps était neigeux, on le déployait et on en faisait ainsi un abri imperméable pour le voile de couleurs : de là l'usage s'est maintenu, même quand, nous avons construit le temple, d'étendre ainsi un rideau devant l'entrée. Dix autres[28] tentures de quatre coudées de large et de vingt-huit coudées de long, pourvues de charnières d'or[29], s'adaptaient ensemble par l'insertion des gonds dans les cylindres, de façon à présenter l'aspect d'une seule et même pièce[30]. Tendues ensuite par-dessus le sanctuaire, elles couvraient tout le haut ainsi que les parois latérales et postérieures jusqu'à une distance d'une coudée du sol. Il y avait encore d'autres tentures[31] d'égale largeur, plus nombreuses d'une pièce que les précédentes, et d'une longueur plus considérable : elles avaient, en effet, trente coudées. Elles étaient tissées de poil, mais présentaient la même finesse de travail que celles de laine : on les laissait pendre librement jusqu'à terre[32], et aux portes elles offraient l'aspect d'un fronton et d'un portique, la onzième pièce étant employée à cet effet. D'autres pièces recouvraient celles-ci, préparées avec des peaux ; elles servaient d'enveloppe et de protection aux tissus contre les ardeurs du soleil ainsi qu'en cas de pluie. On était tout à fait saisi quand on les regardait de loin : leur coloration paraissait toute semblable à celle qu'on peut voir dans le ciel. Les couvertures de poils et de peaux descendaient également sur le voile tendu contre la porte pour la défendre du soleil et des dégâts causés par les pluies.
[23] Exode, XXVI, 31.
[24] Voir plus loin (VII, 7) la même comparaison, reprise avec plus de détails.
[25] Le texte hébreu n’en dit rien.
[26] Il est très remarquable que Josèphe, non seulement ne mentionne pas ici les keroubim, figures d'animaux ailés, qui étaient, selon Exode, XXVI, 31, entre-tissées dans ce voile et que les LXX, eux, reproduisent, mais même les exclue formellement. Le but de Josèphe paraît être, comme plus haut, de proclamer l'éloignement du judaïsme pour toute représentation d'être animé. Il ne peut pas cependant ne pas mentionner plus loin les keroubim de l'arche sainte ; mais il se tire d'affaire en disant que ces êtres ailés ne ressemblaient à rien sous le ciel. Notons encore, pour le présent passage, que la Vulgate ne parle pas non plus d'êtres ailés, de chérubins : elle traduit le mot keroubim (XXVI, 1 et 31) par variatas et et pulchra varietate contextum.
[27] Exode, XXVI, 36.
[28] Exode, XXVI, 1.
[29] Dans l'hébreu et les LXX, il est question de nœuds bleu azur et d'agrafes d'or.
[30] L'Écriture parle de deux pièces formées chacune de cinq tentures.
[31] Exode, XXVI, 7.
[32] D'après le Talmud (Sabbat, 98 b), les tentures traînaient même sur le sol. Un docteur de l'école d'Ismaël (IIe siècle) compare le tabernacle à « une femme qui se promène avec une robe à traîne ».
5. C'est ainsi que fut construit le tabernacle. On fit aussi pour Dieu une arche[33] de bois solide et incapable de se putréfier[34]. Cette arche se nomme érôn[35] dans notre langue. Elle était constituée de la façon suivante : elle avait une longueur de cinq empans[36], une largeur et une hauteur égales de trois empans. En dedans et en dehors elle était toute recouverte d'or de façon à masquer la boiserie ; par des pivots[37] d'or un couvercle la fermait avec une merveilleuse exactitude ; il s'y adaptait partout également ; nulle part aucune saillie ne blessait cette heureuse correspondance. A chacun de ces grands côtés étaient fixés deux anneaux d'or qui traversaient tout le bois et dans ces anneaux passaient de petites barres dorées de chaque côté, pour permettre, quand il le faudrait, de mettre l'arche en mouvement et de la déplacer — car on ne la transportait pas à dos de bêtes, c'étaient les prêtres qui s'en chargeaient. Sur le couvercle se trouvaient deux figures, que les Hébreux appellent Cheroubeis[38]. Ce sont des êtres ailés, d'une forme telle que jamais on n'en a vu de semblable sous le ciel. Moïse dit qu'il les a vus sculptés en bas-relief sur le trône de Dieu[39]. C'est dans cette arche qu’il déposa les deux tables, où se trouvaient consignées les dix paroles, cinq sur chaque table[40] et deux et demie par colonne, et il plaça l'arche elle-même dans le sanctuaire.
[33] Exode, XXV, 10 ; XXXVII, 1.
[34] Voir le § 1 de ce chapitre.
[35] En hébreu : aron.
[36] Ce qui équivalait aux 2 coudées et demie de la Bible, la coudée (en hébreu : ammet) valant 2 empans (en hébreu : zéret, cf. I Samuel, XVII, 4).
[37] Détail personnel à Josèphe.
[38] Exode, XXV, 18 ; XXXVII, 7. Voir plus haut la note sur le représentation des animaux.
[39] Quoi qu'en dise Josèphe, on ne trouve rien de semblable dans le Pentateuque. Il y a peut-être ici un souvenir de la vision d'Ézéchiel.
[40] Voir plus haut la note sur ce sujet.
6.[41] Dans le temple, il dressa une table pareille à celles de Delphes, de deux coudées de long, d'une coudée de large et de trois empans de haut. Elle reposait sur des pieds qui dans leur moitié inférieure étaient sculptés, avec un art achevé, pareils à ceux que les Doriens mettent à leurs lits ; dans la partie supérieure, près de la table proprement dite, on leur avait donné une forme quadrangulaire. Elle était évidée de chaque côté sur une profondeur d'environ quatre doigts[42] ; un liseré courait autour de la partie supérieure et de la partie inférieure du corps de la table. Chaque pied était muni d'un anneau, non loin du couvercle ; par ces anneaux passaient des barres dorées, intérieurement en bois, et qu'on pouvait retirer facilement. En effet, la partie du pied embrassée par l'anneau était creuse (?) ; les anneaux mêmes n'étaient pas tout d'une pièce ; au lieu de faire un cercle complet, leurs extrémités se terminaient en deux pointes, dont l'une s'insérait dans le rebord supérieur de la table et l'autre dans le pied. C'est par ces appareils qu'on la transportait en route. Sur cette table, qu'on plaçait dans le temple en la tournant vers le nord, non loin du sanctuaire, on disposait douze pains[43] azymes en deux séries opposées de six, faits de farine de froment parfaitement pure, dont on prenait deux assarôns, mesure hébraïque qui vaut sept cotyles attiques[44]. Au-dessus des pains on posait deux coupes d'or remplies d'encens. Au bout de sept jours, on apportait de nouveaux pains, le jour que nous appelons sabbat ; c'est ainsi que nous appelons le septième jour. Quant à la raison qui fit imaginer tout cela, nous en parlerons ailleurs[45].
[41] Exode, XXV, 23 ; XXXVII, 10.
[42] Ou une palme. Dans la description que donne l'Exode, la table n'est pas évidée elle est entourée d'un châssis d'une palme de longueur ; un liséré d'or court autour de la table même ; un autre entoure le châssis.
[43] Lévitique, XXIV, 5 ; Exode, XXV, 30.
[44] Cette assimilation paraît erronée. Le cotyle vaut 0,27 l et l’assarôn 3,64 l (cf. J. Benzinger, Hebraïsche Archaeologie, 1894, p. 179) ; or 7 cotyles ne levaient en tout que 1,89 l. Peut-être faut-il lire dans le grec 27 cotyles (27 × 0,27 = 7,29 ; = 2 × 3,64)
[45] Josèphe fait allusion à l'ouvrage qu'il méditait de composer sur les motifs rationnels des prescriptions mosaïques (cf. le Préambule des Antiquités).
7.[46] Vis-à-vis de la table, mais près de la paroi tournée vers le midi, se trouvait un candélabre d'or fondu en creux du poids de cent mines, poids que les Hébreux appellent kinchares[47] ; ce qui, traduit en grec, répond à un talent. Il était composé de petites sphères et de lis avec des grenades[48] et de petits cratères ; en tout, soixante-dix objets[49]. Il était constitué par ces objets depuis la base, qui était unique, jusqu'en haut. On lui avait donné autant de branches qu'on compte de planètes avec le soleil. Il se séparait en sept têtes disposées à intervalles égaux sur une rangée. Chaque tête portait une lampe, rappelant le nombre des planètes ; elles regardaient l'orient et le midi, le candélabre étant disposé obliquement.
[46] Exode, XXV, 31.
[47] En hébreu : kikkar. Mais le talent grec vaut 60 mines et non 100.
[48] Dans l'Écriture, le mot correspondant signifie : branche, roseau.
[49] La tradition (Menahot, 28 b) essaye également d'énumérer les différentes parties de la menora (candélabre). Elle trouve 22 calices, 11 sphères et 9 fleurs. Le chiffre de 70 parait arbitraire, en ce qui concerne le tabernacle mosaïque. Mais Josèphe songe toujours, dans sa description, au temple de Jérusalem et il n’est pas impossible que le candélabre pris par les Romains ait compté 70 ornements. Reland croit pouvoir retrouver ce nombre sur le bas-relief de l'arc de Titus. On pourrait encore prétendre que le chiffre de 70 est imaginé par Josèphe pour les besoins du symbolisme ; il dit, en effet, plus loin, que les 70 parties du candélabre rappellent les 10 degrés des 7 planètes.
8.[50] Entre ce dernier et la table, en dedans, se trouvait, comme j'ai déjà dit, un encensoir en bois, du même bois imputrescible qui les ustensiles précédents, avec une lame de métal massive incrustée tout autour. Il avait une coudée de large de chaque côté et deux coudées de haut. Sur cet encensoir était disposé un brasier d'or, pourvu à chaque angle d'une couronne[51] formant un cercle d'or ; à ces couronnes s'adaptaient des anneaux et des barres qui servaient aux prêtres à porter l'encensoir en route. On érigea aussi par devant le tabernacle un autel de cuivre[52], dont l'intérieur était aussi en bois ; il mesurait cinq coudées carrées de surface, et trois coudées de haut ; il était également orné d'or et soigneusement recouvert de lames de cuivre avec un foyer pareil à un réseau ; c'était, en effet, la terre qui recevait tout le feu qui tombait du foyer[53], la base ne s'étendant pas sous toute la surface de l'autel. En face de l'autel étaient placées des cruches à vin, des coupes, avec des cassolettes et des cratères d'or[54]. Tous les autres objets affectés au service sacré étaient faits de cuivre.
Tel était le tabernacle avec tous ses ustensiles.
[50] Exode, XXX, 1.
[51] Tous les traducteurs de la Bible, y compris les LXX, rendent la même traduction de l’hébreu. L’opinion de Josèphe ne se retrouve nulle part ailleurs. La tradition ne nous dit rien sur la forme des cornes de l'autel d'or, quant à l'autel de cuivre, ses cornes, selon Maimonide (Misehné Torah, H. Ben Habehira, II, 8), étaient des parallélépipèdes creux de 5 palmes de haut et de 1 coudée carrée de surface.
[52] Exode, XXVII, 1 et XXXV, 16.
[53] Josèphe simplifie la description donnée par l'Écriture, description d'ailleurs peu claire et favorisant la diversité des interprétations. Le foyer dont parle Josèphe correspond évidemment au mikhbar. Josèphe ne parle pas du karkob, sorte de plate-forme ou d'entablement (voir Talmud, Zebahim, 32 b). Ce karkob, qui était en cuivre, était probablement destiné, selon l'interprétation de Pseudo-Jonathan sur Exode, XXVII, 5, à recevoir les charbons et les cendres qui tombaient du foyer proprement dit.
[54] Les objets correspondants mentionnés dans Exode, XXVII, 3, ne sont pas compris de la même façon par tous les traducteurs ; cf. LXX ad loc., et les Targoumim.