L’unique écrivain de la Gaule que nous connaissions au iiie siècle est l’évêque Reticius d’Autun. Son épiscopat se place avant l’an 313, car il assista cette année-là même au concile de Rome tenu sous le pape Miltiade et, au mois d’août 314, au grand concile d’Arles qui s’occupa du donatisme. Quelques auteurs mettent sa mort en 334.
Saint Jérôme (Vir. ill., 82) connaissait deux écrits de Reticius : un Commentaire sur le Cantique dont il appréciait fort le style, mais dont le fond lui paraissait très médiocre (Epist., xxxvii) ; et un grand ouvrage Contre Novatien. On croit que c’est à ce dernier écrit que saint Augustin a emprunté les citations qu’il fait de Reticius dans le Contra Julianum, i, 7 et le Contra Julianum opus imperfectum, i, 55. Les deux ouvrages ont péri.
Le temps a un peu moins maltraité l’œuvre de Victorin, évêque de Pettau, dans la Pannonie supérieure (actuellement en Hongrie). Victorin était probablement grec d’origine, car saint Jérôme (Vir. ill., 74) remarque qu’il savait mieux le grec que le latin. C’est en latin cependant qu’il a écrit, vers la fin du iiie siècle, dans une langue obscure et embarrassée, des ouvrages dont saint Jérôme ne faisait pas grand état, car il trouvait à l’auteur plus de bonne volonté que de science (Epist. lxx, 5). Victorin mourut martyr, dans la persécution de Dioclétien probablement (303-311).
Son œuvre était surtout exégétique. Il avait commenté les livres, ou du moins des passages choisis de la Genèse, de l’Exode, du Lévitique, d’Esaïe, d’Ézéchiel, d’Habacuc, de l’Ecclésiaste, du Cantique, de l’Apocalypse et de saint Matthieu. En dehors de quelques maigres indications, il ne s’est conservé de tout cela que la fin du commentaire sur l’Apocalypse, découverte en 1895. Victorin s’y montre nettement millénariste.
Après ces commentaires, saint Jérôme mentionne de l’évêque de Pettau un écrit Contre toutes les hérésies, où plusieurs critiques ont voulu voir le Libellus adversus omnes haereses imprimé à la suite du De praescriptione de Tertullien ; mais cette identification soulève des difficultés.
Quant à l’idée de D. Morin que le fragment de Muratori, c’est-à-dire le célèbre catalogue des Livres saints du Nouveau Testament découvert en 1740 pourrait bien, dans sa forme actuelle, être l’œuvre de Victorin, c’est, jusqu’ici, une simple hypothèse dont la justification réclame de nouvelles études.