C’est aussi à quoi se rapporte cette répétition que David fait, ou plutôt cette amplification de la grâce de son Dieu, quand il ajoute, et selon la grandeur de tes compassions, efface mes forfaits. Il avait demandé auparavant que Dieu, par sa miséricorde, voulût détourner les yeux de ses péchés ; et ici il demande la même chose, avec une violence et une ardeur d’esprit plus grande et plus pénétrante ; il embrasse Dieu dans ses promesses, et il se tourne avec toutes les forces de son âme vers la miséricorde, ce qu’il n’aurait pas pu faire, s’il n’avait, par l’assistance du Saint-Esprit, embrassé et envisagé ce Dieu qui se fait connaître dans ses promesses, et s’il n’avait été assuré qu’il y avait pardon par devers Dieu pour les pécheurs pénitents, comme il dit dans un autre psaume : Il y a pardon par devers toi, afin que tu sois craint (Psaumes 130.4). Il ne cherche point à offrir de satisfaction, ni à se retirer en quelque coin pour se préparer aux opérations de la grâce ; mais il va droit à Dieu et à sa miséricorde qui lui est connue, non par les imaginations de son propre cœur, non par le dictamen de sa propre raison (parce que la raison, lorsque l’homme sent le péché, fuit devant Dieu, et que la conscience, par les forces naturelles, ne peut pas venir jusqu’à ce degré de lumière, qu’elle s’assure qu’il y a encore par devers Dieu un reste de faveur, de grâce et de miséricorde pour les pécheurs) ; mais cette miséricorde lui est connue par les promesses qui sont semées partout, même jusque dans le décalogue ; car, quoique Dieu y menace les pécheurs, il s’y donne pourtant le titre de Dieu miséricordieux. C’est ce que prouvent aussi les promesses faites à Adam, à Abraham, etc.
C’est là aussi le parti qu’il nous faut prendre dans nos tentations, lorsque nous sentons des remords et des angoisses dans notre conscience à cause du péché ; savoir, que nous détournions la vue de notre âme de ces objets, et que nous nous enfoncions doucement dans le sein de la miséricorde de Dieu, ne doutant aucunement que ce Dieu ne veuille user de miséricorde et de compassion envers les pauvres misérables pécheurs qui sont désolés à cause de leurs péchés, comme il veut aussi faire sentir sa colère aux pécheurs endurcis et impénitents. C’est là la théologie que cette parcelle de notre psaume nous veut apprendre, quand David dit : Et selon la grandeur de tes gratuités, efface mes forfaits.