Théologie Systématique – IV. Sotériologie et Eschatologie

Article II : De la destruction finale de l’univers matériel

La solidarité qui unit dans l’ensemble de l’univers créé l’ordre de la matière à celui de l’esprit, devait entraîner à la suite de la condamnation définitive d’une partie des créatures, anges et hommes, la ruine de l’univers matériel qui en avait été le témoin. Cet événement se trouve déjà annoncé par la prophétie de l’A. T. (comp. surtout : Ésaïe 65.17 ; 66.22), et dans plusieurs traits des prédictions de Jésus qui dépassent évidemment les limites terrestres, et nous font attendre le renversement des forces qui soutiennent l’ordre sidéral : αἱ δυνάμεις τῶν οὐρανῶν σαλευθήσονται Luc 21.26,33 (comp. Matthieu 24.29 ; Actes 2.19-21).

Aucune poésie, sauf le récit de la première création, n’a atteint la brièveté sublime du trait qui annonce la disparition finale des cieux et de la terre, Apocalypse 20.11.

La caducité finale de l’univers matériel est prédite par la science naturelle comme par l’Ecriture. Soit sur notre globe, soit dans l’univers entier, la science constate un excès de la dépense sur la production qui se traduit par une lente et continue corrosion des éléments constitutifs de l’organisme actuel de la nature. Il est certain que la provision de calorique, d’air et d’eau s’épuise autour de nous, et que la terre que nous habitons, entraînée vers des combinaisons nouvelles et non encore soupçonnées, s’achemine vers l’état de lune morte.

C’est à ce point cependant que l’on signalera une divergence sensible entre le point de vue scientifique qui ne connaît qu’une lente usure des organes de la nature et la prophétie biblique qui nous en représente la ruine subite et soudaine.

La première intuition toutefois n’est point étrangère à la Bible elle-même. Plus d’une fois dans l’A. T. les cieux et la terre sont comparés à un vêtement qui vieillit, Psaumes 102.27 ; Ésaïe 51.6, et les fléaux que Jésus dans ses discours eschatologiques (Matthieu 24.7, 24), et l’auteur de l’Apocalypse annoncent comme les précurseurs de la fin, seront les symptômes de cette décrépitude croissante de l’ordre physique qui s’annonce dès maintenant de toutes parts à l’observation scientifique et même populaire.

Nous disons que ces deux intuitions rivales en apparence, bien loin de s’exclure, se complètent, et l’histoire même nous offre peu de catastrophes éclatantes et inopinées, dont les causes lentes et latentes ne se fussent pas révélées à une enquête attentive. Un vice interne rongeait dès longtemps cet édifice que l’on a vu s’effondrer en une fois.

Le mode de cette destruction finale et universelle nous est indiqué dans 2 Pierre 3.10. D’après ce passage, unique en son genre d’ailleurs, la terre jadis fondée dans l’eau, sera détruite par le feu. Cette prévision a pour elle plusieurs vraisemblances, et il ne paraîtra pas inadmissible au point de vue de la science naturelle elle-même que si la terre a traversé successivement les deux phases que l’on qualifie plutonienne et neptunienne, si de l’état primitif d’incandescence elle a passé à l’état chaotique pour devenir un jour le domicile de l’homme, elle retourne une fois ou l’autre à cet état igné qui est le plus éloigné de la perfection. Seulement nous ne nous croyons pas autorisé à fonder un article dogmatique sur un texte dont l’authenticité reste contestable et contestée, et dans l’absence de toute autre donnée faisant autorité, nous préférons n’énoncer qu’une hypothèse.

Il a été reconnu d’avance que le caractère de caducité de l’univers enlève à l’immutabilité naturelle le caractère d’un état de droit pour ne lui laisser que celle d’un état de fait.

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