(Mars 1543, été de 1544)
Le parti ultramontain – L’abbé de Paisley, frère naturel du régent – Le cardinal est mis en liberté – Ses intrigues – Outrages contre l’ambassadeur anglais – Le régent refuse de livrer les otages – Rassemblements armés – Faiblesse du régent – Il abjure aux pieds du cardinal – Couronnement de Marie Stuart – Henri VIII déclare la guerre à l’Écosse – Le comte de Lennox – Le cardinal triomphe – William Anderson, Hellen Stirke, James Raveleson et Robert Lamb – Ils sont condamnés à mort – On intercède en vain pour eux – Mort touchante d’Hellen Stirke – La flotte anglaise aborde à Leith – L’armée anglaise débarque – Edimbourg est pris et pillé – Henri ajourne ses plans
Tout allait bien cependant en Écosse, et l’on ne demandait que la continuation de ce bien-être. Il n’y avait rien dans la cour du régent que l’œil le plus sévère pût réprouver ; et il mettait tant de modération dans le gouvernement que l’on n’entendait pas une seule plainte sur son administration. Arran était aussi respecté et obéi qu’un roi eût pu l’être. Chacun sa promettait une vie tranquille, quand un coup de vent renversa tout.
Il y avait un parti qui était plein de colère. L’alliance de l’Écosse avec l’Angleterre, l’emprisonnement du cardinal, la régence d’Arran, la liberté accordée aux saintes Écritures, tout cela remplissait d’émotion et d’horreur les amis de la papauté, à Rome, en France, en Écosse. Le comte de Lennox était arrivé de Paris, pour soutenir en Écosse le parti français, et se flattait d’être fait régent et même d’épouser la reine douairière. Le pape avait envoyé en Écosse le légat Marco Grimani avec ordre de se joindre au cardinal, au comte de Lennox et à tous les autres adversaires d’Arran, de fulminer des anathèmes, et d’employer tous les autres moyens qu’il pourrait imaginer pour renverser le régent et élever le cardinala. Grimani et Lennox pensaient trouver les matières toutes prêtes, en sorte qu’il leur fût facile d’y mettre le feu. Ils ne se trompaient pas entièrement ; les ultramontains d’Écosse étaient « enragés » contre le régent et les lords d’accord avec luib. Leur plan était de mettre en liberté le cardinal, qui se rendrait avec les gens de son parti à Linlithgow, s’emparerait de la jeune reine et déposerait le régent.
a – « With his fulmination of cursing aud all other means that he shall be able to excogitate. » (State papers, V, p. 286.)
b – « The papist’s raged against the governor and the lords. » (Knox, Ref., p. 103.)
Lennox et Grimani n’étaient pas seuls arrivés du continent. Deux prêtres écossais, qui avaient vécu longtemps en France et s’y étaient imbus du catholicisme romain le plus foncé, abordèrent en Écosse au mois d’avril et devaient faire plus que tous les autres, peut-être, pour la restauration de l’ultramontanisme. C’étaient John Hamilton, abbé de Paisley, frère naturel du régent, et maître David Panierc, qui fut plus tard évêque de Ross. On parlait de leur science, de leur humilité, de leur religion, et l’on pensait que leur arrivée serait d’un grand secours à l’Église de Dieud. « Ils vont bientôt monter en chaire, disait-on, et prêcher purement Jésus-Christ. »
c – « Hamilton, abbas Passerensis et David Panitarius. » (Buchanan, lib. XV, an. 1543.) David Panter (Spotswood), David Panteyr (Knox).
d – « Great esperance there was that their presence should have been comfortable to the kirk of God. » (Knox, Ref., p. 108.)
L’abbé de Paisley fut reçu dans l’intimité du régent ; il pouvait lui parler à toute heure, et entreprit d’abattre pièce à pièce les sentiments évangéliques d’Arran et de rompre ses liens avec l’Angleterre. Il fallait avant tout se débarrasser des deux chapelains évangéliques. Les deux prêtres commencèrent donc aussitôt après leur arrivée à déprécier la prédication de Guillaume et de Rough. L’abbé de Paisley y trouvait toujours quelque chose à redire. « Les discours sont hérétiques, scandaleux, » disait-il à son frère, et celui-ci, faible de sa nature, se laissa prendre. Guillaume reçut l’ordre de mettre fin à ses sermons et partit pour l’Angleterre. Rough fut envoyé prêcher à Kyle, où il y avait, de vieille date, des amis de la Bible. Ce n’était pas assez. Le régent était entouré d’hommes de jugement et d’une vraie piété, qui avaient contribué à la prospérité et à la paix générale, il fallait aussi les éloigner. Quelles terreurs, quelles promesses, « quelles boîtes pleines d’enchantement, » dit Knox, les deux prêtres avaient-ils apportées de France, nul ne saurait le dire. Quoi qu’il en soit, ou se débarrassa des uns par des expédients artificieux, des autres par des insinuations perfides. « Si vous restez, il y va de votre vie, » leur disait-on. En même temps les partisans du clergé qui s’étaient jusqu’alors éloignés de la cour s’y jetèrent à ailes déployées, comme des corbeaux sur un cadavree. Un jour qu’il y avait grand monde à Holyrood, et que le régent se trouvait à la fois entouré et des fidèles serviteurs qui avaient bien mérité de l’Écosse et des partisans fanatiques du cardinal, l’un de ces derniers s’écria de manière à ce qu’Arran et tous les assistants pussent l’entendre : « Le lord régent et ses amis ne seront jamais en paix et à leur aise que l’on n’ait pendu une douzaine de ces coquins qui abusent de sa faveurf. » Dès lors on vit ceux dont les travaux avaient été si utiles à l’Écosse, Durham, Barthwick, Bothwell, le laird de Grange, Balnaves, Ballandeng, sir David Lindsay, s’éloigner de la cour, tandis que celui qui les avait menacés du gibet reçut une pension pour son audacieuse parole.
e – « Repaired to the court as ravens to the carrion. » (Knox, Réf., p. 107.)
f – « Till that a dozen of them knaves that abuse his grace be hanged. » (Ibid.)
g – Spotswood écrit : Ballanden ; Knox : Ballantyne.
La mise en liberté du cardinal ne pouvait plus être éloignée. Emprisonné à Dalkeith le 26 janvier, il avait été transféré à Setoun, puis au château de Blackness, sur le Forth, et finalement à Saint-André, dont il était l’archevêque ; là, il fut délivré sur la demande en particulier de la reine-mère, qui n’avait cessé d’intercéder pour luih. Une fois libre, cet homme arrogant, irrité de l’affront qui lui avait été fait, ne pensa plus qu’à ressaisir le pouvoir et à relever la cause de la papauté.
h – State papers, Y, p. 242. — Spotswood, p. 73. L’édition de Knox (D. Laing) dit dans une note, p. 97 : « He at last obtained permission to go to his own castle of St Andrews, under the guard of George fifth lord Seaton. » Mais le texte de Knox, p. 57, dit : « Was put first in Dalkeith, after in Seatoun. »
Ayant des communications fréquentes avec Marie de Guise, il s’indignait avec elle des faveurs concédées aux nobles écossais revenus d’Angleterre, qui avaient passé de l’exil aux positions les plus influentes. Ils résolurent de tout faire pour rétablir l’alliance avec François Ier et le pape. Le cardinal gagna entièrement le comte de Bothwell, les lords Home, Backlaigh et d’autres. Il engagea ceux d’entre eux qui étaient sur la frontière à faire des incursions sur le territoire anglais. Il réunit, le 6 juillet, à Saint-André, les comtes de Lennox, Argyll, Huntley, Bothwell, lord Home et les autres nobles et gentilshommes favorables au pape, et ils arrêtèrent dans ce colloque de s’opposer au régent qui, au lieu d’exécuter leurs conseils, ne pensait qu’à favoriser l’opinion hérétiquei.
i – « He took no heed to them but to new opinions of heresy. » (State papers, X, 322.)
En même temps Beaton trouva moyen d’avoir des entrevues secrètes avec le frère du régent, qui tenait tout alors dans ses mains, car le bâtard avait autant de force de caractère que le fils légitime en avait peu. Le cardinal ne se bornait pas à intriguer en hauts lieux, il avait à cœur de gagner la multitude et employait toutes les intrigues imaginables pour y parvenirj. Croyant enfin avoir bien établi sa position, soit en haut, soit en bas, le cardinal convoqua le clergé à Saint-André. L’évêque, abbé et primat, exposa dans cette assemblée tous les dangers dont l’Écosse était menacée. « Pour les éloigner, dit-il, contribuez largement de votre bourse, excitez tous vos amis à faire de même. Dites-leur qu’il s’agit de leurs propriétés, de leurs vies. Bien plus, s’écrie-t-il, il s’agit de prévenir la ruine qui menace l’église universelle du Papek. » Le clergé lui déclara qu’il mettrait tous ses moyens à sa disposition et arrêta de faire une collecte générale. « Le cardinal, écrivait l’ambassadeur Sadler à lord Parr frère de la reine d’Angleterre, le cardinal a soulevé le royaume presque tout entier contre le régentl et il ne pense qu’à mettre la discorde entre l’Angleterre et l’Écosse. » En même temps les moines prêchaient avec violence contre l’union avec l’Angleterre, et la population, excitée par eux, s’agitait, se soulevait, menaçait ceux qui étaient opposés à l’Église romaine et insultait même l’ambassadeur d’Angleterre. Des plaisants l’accablaient, lui et sa suite, de paroles outrageuses. Mais l’envoyé de Henri VIII, sachant que l’important pour son maître était de réussir, supportait patiemment ces indignités, de crainte d’amener une rupture.
j – « The cardinal ceased not to traffic with such of the multitude as he might draw to bis faction. » (Knox, Ref., p. 108.)
k – « Imminentem universæ papanæ Ecclesiæ ruinant averteret. » (Buchanan, p. 518.)
l – « The cardinal here hath stirred almost this whole realm against the governour. » (State papers, V, p. 321. Edimbourg, 20 juillet 1543.)
L’Écosse devant donner à l’Angleterre des otages pour la sûreté de l’exécution des traités, le cardinal s’y opposait de toutes ses forces, non seulement auprès des hommes de son parti, mais aussi auprès de ceux du parti contraire. Il faisait de magnifiques promesses aux parents, aux amis des otages désignés, pour qu’ils s’opposassent à ce qu’on les livrât à l’Angleterre. Le régent était travaillé dans le même sens. Le jour où ces seigneurs devaient être remis à l’ambassadeur d’Angleterre, celui-ci se rendit vers le régent et, après s’être plaint des injures auxquelles il se trouvait exposé, il réclama les otages. Le régent déclara que les auteurs des outrages dont Sadler se plaignait seraient punis. « Quant aux otages, ajouta-t-il, l’autorité dont je suis investi est de telle nature que si j’ai des droits sur les sujets de la reine, ils en ont aussi sur moi. Vous êtes témoin de l’immense agitation que le cardinal a suscitéem. Tous mes plans sont bouleversés ; et, emporté par la puissance de la fureur publique, je ne puis plus répondre de rienn. » Arran n’était pas en effet de force à soutenir la tempête suscitée par le cardinal. Esprit faible, il cédait à la violence de ceux qui avaient de fortes convictions. Sadler, indigné de ce refus, fit sommer les Écossais qui avaient été menés captifs en Angleterre, de retourner dans leur prison, comme ils s’y étaient engagés en cas de violation du traité. Kennedy, comte de Cassilis, tint seul sa parole : il partit pour Londres malgré les sollicitations de ceux qui l’entouraiento. Henri, touché de cet acte de bonne foi, le renvoya en Écosse avec ses deux frères, qui étaient restés comme otages. Ceci est un beau trait de la part de ce prince.
m – « Tanta seditione quantam ipse vides a cardinale excitata. » (Buchanan, p. 518. Spotswood, p. 73.)
n – « Vi publici furoris abreptus. » (Buchanan, p. 519.)
o – « Recta Londinum, multis reclamantibus, est profectus. » (Buchanan, p. 519.)
La réaction cléricale devenait toujours plus énergique. A la suite du colloque du 6 juillet, les nobles hostiles au régent réunirent des troupes et, le 21 juillet, à la tête de dix mille hommes, ils arrivèrent à Leith, port d’Edimbourg. Au même moment, Arran, le comte d’Angus, lord Maxwell et leurs amis étaient à Édimbourg même, à la tête de leurs hommes d’armes. Des deux côtés l’animation était égale ; on eût dit deux nuées électriques, dont la foudre allait s’échapper avec une violente détonation. Toutefois, les deux troupes ennemies restèrent immobiles cinq à six jours. « Quelle sera la fin de ceci, écrivait Sadler à lord Parr, je ne puis le dire, mais mon avis est qu’ils ne se battront pas malgré toutes leurs vanteriesp. » En effet, ils ne se battirent pas.
p – « They will not fight for all their bragges. » (State papers, V, p. 323.)
Les deux reines étaient au palais de Linlithgow, où la jeune Marie était née. Le régent et le cardinal prétendaient l’un et l’autre qu’elles étaient de leur parti, mais toutes les sympathies de la reine-mère étaient avec le cardinal. Celui-ci, accompagné du comte d’Argyll, de Huntley, de Bothwell et de plusieurs évêques, se rendit à Linlithgow. Ne croyant pas que les princesses y fussent en sûreté, il les engagea à se rendre avec lui à Stirling, ce qu’elles firent. Ces seigneurs parlaient tout haut entre eux et avec la reine de déposer le régent pour cause de désobéissance à leur sainte mère l’Église, ce qui effrayait fort Arran. En même temps il était persécuté par l’abbé de Paisley, son frère naturel, « Comprenez, disait ce dernier, le danger auquel vous vous exposez en permettant que l’autorité du pape soit affaiblie. C’est sûr elle que la vôtre repose. » Et comme Arran craignait la colère de Henri VIII, Paisley éleva bien haut la puissance du roi de France et les grands avantages qu’offrait son alliance. Mais par-dessus tout il insistait sur ce qu’il devait se réconcilier avec l’Église, « hors de laquelle, répétait-il, il n’y a point de salut. » Le pauvre régent, faible, inconstant, très peu affermi dans la foi évangélique, hésitait entre le désir de suivre les conseils de son frère et la honte qu’il y aurait à abandonner son parti et à céder le pas au cardinal ; il flottait entre le pape et l’Évangile, entre la France et l’Angleterre. Son irrésolution le tourmentait ; il éprouvait des angoisses douloureuses. L’abbé ne cessait de lui répéter : « Qu’allez-vous faire ? Voulez-vous donc vous détruire vous-même et votre maison pour jamaisq ? » Il n’hésita plus. Battu de tous côtés par des flots contraires, sentant que ses forces étaient inférieures à celles de ses adversaires, enveloppé des filets du cardinal qui désirait le gagner par l’épouvante plutôt que de le soumettre par les armes, abandonné de plusieurs nobles, privé de la faveur du peuple qui était choqué de sa faiblesse, fort affaibli dans l’estime des siens et avili aux yeux des Anglais, le malheureux fit le saut fatal. Neuf jours après la ratification de l’alliance avec l’Angleterre, six jours seulement après avoir publié une proclamation contre le cardinal, Arran s’échappa en secret du palais d’Holyrood, se rendit à Stirling le 3 septembre, et se jeta dans les bras de son cousin Beaton.
q – « What will ye do ? Ye will destroy yourself and your house for ever. » (Knox, Ref., p. 109.)
Ce n’était pas tout, il était aussi décidé à se jeter dans les bras du pape ; seulement il désirait ne pas le faire avec trop d’éclat, croyant diminuer ainsi l’infamie de cette honteuse action, dit Buchanan. Le couvent des franciscains fut choisi à cet effetr. La reine-mère s’y rendit ; c’était pour une Guise une délicieuse jouissance dont Marie n’eût pas voulu se priver. Quelques courtisans dévoués à Rome firent de même, et là, dans le jour sombre de la chapelle, cet homme faible dont on avait attendu le triomphe de la Réformation en Écosse, s’imaginant faire une action secrète, se mit à genoux devant l’autel, confessa humblement sa faute, foula aux pieds les serments qu’il avait faits à l’Écosse et à l’Angleterre, renonça à la profession évangélique de Jésus-Christ, se soumit au pape et reçut du cardinal l’absolutions. Les spectateurs triomphaient de l’abaissement d’Arran. Le malheureux resta bien régent de nom, mais il n’eut plus, dès lors, que le simulacre du pouvoir, ayant lui-même pour régent monseigneur le cardinal. Ne possédant plus que l’ombre de son autorité, il tomba dans le mépris, et ceux mêmes auxquels il avait tout sacrifié n’avaient pour lui aucune estime. Celui qui veut sauver sa vie la perdra.
r – « Ut infamia flagitii minueretur ad vulgus, non propalam, sed in æde Franciscanorum… sententiam suam prorex mutavit. » (Buchanan, p. 521.)
s – « He received absolution, renounced the profession of Christ Jesus his holy Evangel. » (Knox, Ref., p. 109.)
Le bruit de son parjure se répandit aussitôt. Peu de personnes en furent étonnées, mais un grand nombre en furent irritées. « Je ne puis croire, lui écrivit l’ambassadeur d’Angleterre, les rapports que l’on me fait, à votre égard, et qui porteraient une grave atteinte à votre honneur. Je me rappelle vos serments, vos promesses solennelles ; je ne doute donc pas que vous ne remplissiez fidèlement les devoirs qu’un prince chrétien a envers Dieu. Toutefois, je vous prie de me faire connaître l’exacte vérité, afin que je puisse informer le roi, mon maître, avant qu’il reçoive de sinistres informations qui altéreraient grandement l’affection et l’estime qu’il vous portet. »
t – State papers, V, p. 333. 8 sept. 1543.
Une autre cérémonie suivit celle de l’abjuration, ce fut le couronnement de la petite reine, qui eut lieu le 9 septembre avec de grandes pompes. L’alliance de l’Écosse avec la France fut resserrée et de nouvelles promesses furent faites à François Ier. Le cardinal inaugurait ainsi son règne avec éclat et, en posant la couronne sur la tête d’une petite fille, il se disait qu’il n’avait pas du moins à craindre que l’enfant s’avisât de contrecarrer ses desseinsu.
u – « At that time was our queen crowned. » (Knox, Ref., p. 109.)
Henri VIII était consterné. L’abjuration du régent et l’évolution politique qui l’accompagnait renversaient ses plans les plus chers ; mais la ratification du traité fait avec lui était si récente, qu’on pouvait se demander si toute cette affaire de Stirling n’était pas une faute passagère causée par la faiblesse d’Arran. Il ordonna donc à son ambassadeur de faire tous ses efforts pour que le régent revînt à ses premiers desseins. Il lui paraissait impossible qu’il agît d’une manière si folle, si déshonnête, si cruelle, si impitoyable pour le royaume d’Écosse, que non seulement il se privât de tous les avantages qui lui étaient offerts, mais encore qu’il livrât son pays au fer et au feu, à tous les malheurs d’une guerre terrible. Toutes ces représentations faites par Sadler furent inutiles. Alors, indigné de ce parjure et de cet outrage, Henri rappela son ambassadeur, déclara la guerre à l’Écosse, fit saisir les nombreux navires écossais qui se trouvaient dans ses ports, jeta en prison les marins et les marchands et envoya son héraut déclarer aux Écossais « qu’ils avaient traité avec un homme d’honneur qui ne souffrirait pas que leur déloyauté restât impunie, et que son pouvoir était, par la grâce de Dieu, suffisant pour leur faire sentir leur faute. Craignez, leur dit-il, que la main de Dieu ne s’étende sur vous et ne vous châtie. » La guerre, la guerre à feu et à sang, voilà ce que Henri dans son courroux destinait à l’Écosse. « Vous détruirez le château d’Édimbourg, dit-il, vous brûlerez et saccagerez la capitale, le palais d’Holyrood, Leith et les villages environnants. Vous passerez au fil de l’épée hommes, femmes et enfants sans exception. Vous détruirez Saint-André de manière à ce qu’il n’en reste pas pierre sur pierre. » Les colères de Henri étaient terribles. Mais rien ne pouvait effrayer le présomptueux cardinal. Quand il apprit que les marchands et les marins écossais étaient emprisonnés, Beaton sourit, et dit en plaisantant : « Quand nous aurons conquis l’Angleterre nous dédommagerons les marchandsv. »
v – State papers, V, 336, 351. Buchanan, p. 524. Bible Annals, II, p. 529. Knox, Réf., p. 110.
Quand le cardinal était sorti lui-même de prison, ses yeux étaient tombés sur deux hommes qui le gênaient : l’un était le régent et il s’en était débarrassé en devenant son maître, l’autre était le comte de Lennox, redoutable par son rang et ses prétentions, qui même avait cru pouvoir épouser la reine-mère. Mais Marie de Guise était, comme tous les siens, fanatique de Rome, et, à la demande du cardinal, elle pria le roi de France de rappeler Lennox sous quelque bon prétexte, ajoutant que son séjour en Écosse pouvait troubler la paix. Lennox s’aperçut qu’on se jouait de lui ; tout aussi versatile qu’Arran mais plus habile, voyant qu’il avait perdu la faveur de la France, il offrit ses services au roi d’Angleterre qui les accepta avec empressement. On le regarda alors comme le chef du protestantisme écossais. Les deux seigneurs les plus importants de l’Écosse avaient fait ce qu’on appelle vulgairement chassé-croisé : le patron des protestants était devenu papiste et l’homme de la cour de François Ier devenait protestant. Au lieu de la fille des Guises, il épousa la nièce de Henri VIII, lady Marguerite Douglas. Voilà comment les gens du monde arrangent les choses. La religion évangélique n’avait pas perdu beaucoup en perdant Arran et n’avait pas gagné davantage en acquérant Lennox. Ces hommes n’étaient mus que par des intérêts politiques, et le protestantisme d’Écosse plus qu’aucun autre devait rejeter ces mélanges honteux de Christ et de Bahal, et n’avoir qu’un roi : Jésus-Christ.
Le cardinal, triomphant sur toute la ligne, se mit aussitôt à l’œuvre qu’il avait le plus à cœur : écraser la Réformation. La loi qui autorisait la lecture de l’Écriture sainte avait porté ses fruits et, « en diverses parties de l’Écosse, dit le chroniqueur, les élus de Dieu avaient eu les yeux ouverts ; ils avaient contemplé la vérité et s’étaient détournés avec horreur des abominations du culte romainw. » Cette horreur pouvait les pousser à des excès regrettables, nous en verrons bientôt un exemple.
w – Fox, Acts, V, p. 623.
Il y avait à Perth, sur la rive gauche de la jolie rivière de la Tay, des amis de la Réforme. Doués la plupart d’une vraie piété, ils avaient des assemblées, lisaient les saintes Écritures, en recherchaient ensemble le sens, en donnaient ou en écoutaient l’explicationx.
x – « Their conferences and assemblies, in hearing and expounding of Scripture. » (Fox, Acts, V, p. 624.)
Ils avaient aussi quelquefois entre eux des repas simples et familiers. Liés avec plusieurs prêtres de la ville, dont ils estimaient la conduite sans partager leurs opinions, ils les invitaient à leurs repas ; les ecclésiastiques mangeaient, buvaient, parlaient avec eux et se sentaient fort heureux d’être reçus dans ces honnêtes maisonsy. Ceci montre chez ces chrétiens de Perth un esprit large qui savait estimer ce qu’il y avait de bon même chez leurs adversaires. Ils ne s’astreignaient pas cependant aux règles du culte romain sur le gras et le maigre, règles dont un peu d’argent délivre, et il arriva même qu’un vendredi une oie parut sur leur table.
y – « Certain priests did eat and drink in these honest men’s houses to whom they were much bounden. » (Knox, Acts, V, p. 625.)
Toutefois trois d’entre eux, Robert Lamb, William Anderson et James Raveleson, caractères hardis, portés à la raillerie, étaient de ceux chez lesquels dominait le côté négatif de la Réforme. Ils étaient choqués des abus de la vie monastique et les franciscains surtout leur déplaisaient fort ; ils ne pouvaient voir dans la rue un de ces moines mendiants avec sa robe brune, sa ceinture de cordes, son capuchon, ses pieds nus, sans éprouver la plus vive répulsion. « Ces religieux feignent la chasteté, mais ils savent ce que c’est que la volupté, et dépassent souvent à cet égard la luxure des mondains » a dit un prêtre catholique fort distinguéz. Et encore ces religieux prétendaient-ils que pour être sauvé il suffisait qu’au moment de la mort on s’enveloppât de leur froc. Aux yeux d’Anderson et de ses deux amis, le fondateur de cet ordre, qui valait pourtant mieux que la plupart de ses successeurs, devait être le diable lui-même. Ils prirent donc l’image de François d’Assise, lui clouèrent à la tête des cornes de bélier, lui attachèrent par derrière la queue d’une vache et, l’ayant ainsi rendu semblable au démon, le pendirent avec une corde. Les Écossais ne sont pas plaisants de leur nature ; ils sont plutôt graves et énergiques envers ceux auxquels ils s’opposent. Cette coupable exécution fui donc faite par ces trois hommes avec un sérieux imperturbablea.
z – « Variarum copia voluptatum ultra omnem mundanorum luxuriant exuberant. » (M. Clamengis, Ep., 35.)
a – Fox, Acts, V, 624.
Il y avait pourtant parmi ces réformés de Perth des manifestations chrétiennes s’exprimant avec simplicité et décision, quoique parfois d’une manière étrange. Une des femmes qui assistaient aux assemblées évangéliques, Hellen Stirke, était près de donner un enfant à son mari James Finlason et, aux derniers moments, entourée de quelques amies et voisines ferventes adoratrices de la Vierge, elle invoquait, au milieu de ses souffrances, Dieu et Dieu seul au nom de Jésus-Christ. « Vous devez invoquer la Vierge, lui disaient ces femmes. Marie n’est-elle pas immaculée, semblable à Christ et même a au-dessus de lui comme première origine de la Rédemption ? N’est-elle pas la reine du ciel, la tête de l’Église ? » Les franciscains ne cessaient de répéter aux bonnes femmes que nul n’obtient une grâce de Dieu si ce n’est par la dispensation de sa pieuse mèreb. Hellen respectait Marie comme une femme sainte et bienheureuse, mais elle la croyait de la même nature que les autres femmes et elle le dit à ses voisines. C’était dans sa miséricorde, comme le dit Marie elle-même, que Dieu avait jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Pour faire comprendre à ses amies sa pensée, Hélène ajouta hardiment : « Si j’avais vécu au temps de la Vierge, Dieu eût pu regarder aussi à mon humble état, à ma basse position comme il le fit pour Marie et me faire devenir la mère de Jésus-Christc. » Ces femmes ne pouvaient en croire leurs oreilles et ces paroles, répétées dans la ville par les voisines, furent déclarées exécrables par le clergé et par la foule.
b – « Nisi secundum ipsius piæ matris dispensationem. » (Bernardin de Bustis, franciscain, Sermones, 1500.)
c – « If she had been in the time of the virgin Mary, God may have looked to her humility… in making her the mother of Christ. » (Fox, Acts, V, p. 624.)
Si saint François était le cauchemar d’Anderson, le pape était celui de Raveleson. Mais il manifesta ses sentiments d’une manière moins insultante. Bâtissant une maison de quatre étages, il plaça tout au haut de l’escalier comme ornement au-dessus du dernier balustre et de la tablette d’appui qui le recouvrait, la triple couronne du pape taillée en bois. Cela n’était pas très criminel, un vrai papiste eût pu en faire autant ; mais Raveleson voulait sans doute indiquer par là que le pape chez lui était relégué au dernier étage. Quoi qu’il en soit, il le paya cher.
C’étaient certes des originaux dont on ne trouverait guère de copie, que ces protestants de Perth. Il y en avait pourtant parmi eux qui étaient exempts de ces singularités mais qui ne montraient pas moins de courage. Un jour, un moine nommé Spence criant bien haut dans l’église : « La prière a faite aux saints est si nécessaire que sans elle il a n’y a pas d’espérance de salut, » Robert Lamb se levant l’accusa devant toute l’assemblée d’enseigner de fausses doctrines. « Au nom de Dieu, dit-il, je vous adjure de dire la vérité. » Le moine effrayé promit de le faire. Mais il y avait dans l’assemblée une telle émotion et un tel tumulte que le moine ne put se faire entendre et que ce ne fut qu’au péril de sa vie que Robert put échapper à la violence du peuple. Les femmes surtout poussaient des cris perçants et excitaient la foule aux actes les plus cruelsd.
d – « Women who contrary to nature adressed them to extrême cruelty against him. » (Fox, Acts, V, p. 623.)
Le cardinal voyant son pouvoir bien établi en janvier 1544 jugea que le moment était venu d’abattre la Réforme et de glorifier le pape. Ayant appris ce qui se passait à Perth, il prit avec lui le régent, quelques-uns des premiers seigneurs, des évêques, des chefs de la justice. Arrivé à Perth le jour de saint Paul, 19 janvier, il fit saisir Robert Lamb, William Anderson, James Hunter, James Raveleson, James Finlason et Hellen Stirkee, et les fit enfermer le même soir dans la tour de Spay.
e – Fox, Acts, V, 623.
Le lendemain matin, les prisonniers comparurent devant leur juge et furent accusés de divers faits et en particulier de s’être réunis pour entendre lire les saintes Écritures. Lamb le fut spécialement d’avoir interrompu un moine. « Il n’est pas permis « à un homme qui connaît la vérité, répondit-il, de « l’entendre attaquer sans la défendre. Il y en a ici « qui, sachant ce qui est vrai, consentent à l’erreur, « mais ils en porteront la charge en la présence de « Dieuf. » Les six prévenus furent condamnés à mort et traités cruellement. Plusieurs des habitants de Perth, s’intéressant vivement à eux, demandèrent au régent de sauver leur vie. Mais Arran ayant dit un mot en leur faveur au cardinal, celui-ci lui répondit : « Si vous ne prêtez la main à l’exécution de ce jugement je vous déposerai. » Arran effrayé se tut.
f – Fox, Acts, V, 624.
Alors les amis des victimes se rappelant que des prêtres de la ville avaient été souvent reçus à la table des accusés les supplièrent de se souvenir de leurs anciens amis, maintenant dans le malheur, et d’intercéder en leur faveur auprès du cardinal. Mais ces pauvres prêtres tremblaient à la pensée que le cardinal pût apprendre leurs anciennes relations avec les condamnés, et répondirent qu’ils préféraient bien les voir morts plutôt que vivants. C’était leur manière de montrer de la reconnaissance ; aussi le chroniqueur dont la parole n’est pas toujours élégante, ajoute-t-il : « Telle est la cruauté de ces bêtes, depuis la plus basse jusqu’à la plus haute. »
L’agitation de la ville grandissait ; le cardinal mit sur pied une troupe considérable d’hommes armés, qui furent chargés de conduire les victimes au lieu de l’exécution. Robert Lamb étant au pied de l’échelle dit au peuple : « Craignez Dieu et abandonnez le pape. » Puis il annonça que la calamité et la ruine ne tarderaient pas à atteindre le cardinalg. Les cinq chrétiens se consolaient l’un l’autre dans l’espérance « de souper ensemble le soir même dans le royaume du ciel. »
g – « Prophesied of the ruin and plague which came upon the cardinal. » (Fox, Acts, V, p. 625.)
Hellen désirait beaucoup mourir avec son mari, mais on ne le lui permit pas ; au moment où on les sépara, elle lui donna un baiser et lui dit : « Réjouis-toi, mon mari ; nous avons passé ensemble bien des jours joyeux ; mais celui-ci est de tous le plus joyeux. Je ne te dis pas adieu, car en un moment nous nous retrouverons avec joie dans le royaume du ciel. » Puis on la conduisit vers un étang où on devait la noyer. Elle tenait son petit enfant dans ses bras et lui donnait encore une fois le lait maternel. Ce touchant spectacle n’émut pas les cœurs impitoyables de ses bourreaux. Elle avait demandé à ses voisines de prendre soin de ses enfants. Otant le petit de son sein elle le remit à une nourrice et fut plongée dans les eaux. Le cardinal était satisfaith.
h – Knox, Ref., p. 118. Fox, Acts, V, p. 623-625. Spotswood, p. 74, 75.
De Perth, le cardinal se rendit dans le comté de Forfar, traînant toujours le malheureux régent après lui. Plusieurs habitants de cette contrée comparurent pour avoir commis le crime odieux de lire le Nouveau Testament. Parmi eux se trouvait un dominicain nommé John Rogers, homme pieux, savant, et qui, prêchant Christ dans le comté de Forfar, avait amené beaucoup d’âmes à la paix. Il fut enfermé avec d’autres dans le château de Saint-André, et quelques jours après, on trouva son corps mort au pied des murailles. On crut assez généralement que le cardinal l’avait fait mettre à mort dans son cachot, puis l’avait fait jeter par-dessus les murs, et avait répandu le bruit qu’en cherchant à s’enfuir le prisonnier était tombé sur les rocs et s’était tué. Un assez grand nombre d’Écossais, sir Henry Elder, John Elder, Walter Piper, Laurent Pallar et d’autres furent bannis comme suspects d’avoir lu l’Évangilei.
i – Knox, Ref., p. 119. Spotswood, p. 76.
Après cela le cardinal revint à Edimbourg en y ramenant le régent. Il était très satisfait de ses campagnes et méditait de nouveaux exploits de la même nature, quand au moment même où il disait : « paix et sûreté, une flotte parut sur la mer, et l’on vint tout à coup annoncer au régent et au cardinal que de nombreux vaisseaux entraient dans le golfe de Forth et se dirigeaient du côté de Leith et d’Édimbourg. « Ce sont les Anglais, disaient la a plupart, et il est fort à craindre qu’ils ne mettent pied à terre. » Le cardinal cachant le trouble de son âme affecta de rire et de plaisanter et dit avec un air de dédain : « C’est la flotte des îles qui vient parader devant nous, et je me fais fort de loger dans mon œil tous les hommes de guerre qui aborderont en Écossej. » Puis il se mit à table pour dîner. Il conversait avec chacun comme si aucun danger ne le menaçait. Tout Édimbourg voulait voir les étonnants vaisseaux, et de grandes foules se réunissaient à cet effet sur les hauteurs du château et celles qui sont près de la ville. « Mais qu’est-ce donc que cela peut être ? » disait-on. Un peu après six heures du soir, plus de deux cents navires avaient jeté l’ancre dans la rade de Leith. L’amiral fit lancer une chaloupe qui se mit à sonder soigneusement la mer depuis les rocs de Granton jusqu’à l’est de Leith. Tous les hommes sensés comprirent ce que cela signifiait, mais, si l’un d’eux disait sa pensée, les cléricaux levaient les épaules. Tous allèrent se mettre au lit, on eût dit que ces vaisseaux s’étaient embossés là pour protéger leur sommeil.
j – « I shall lodge the men of war in my eye, that shall land in Scotland. » (Knox, Ref., p. 119.)
Le dimanche 4 mai, au point du jour, lord Lisle, qui commandait la flotte, ordonne le débarquement ; les pinasses et autres petits navires s’approchèrent du rivage autant qu’ils le pouvaient, les grands vaisseaux chargeaient leurs soldats dans de petites chaloupes qui les menaient à terre. A dix heures, cette opération était terminée et les spectateurs venus d’Edimbourg virent, à leur grande stupéfaction, plus de dix mille hommes sous les armes. Le cardinal et le régent, laissant leurs fausses apparences de tranquillité, se montrèrent fort effrayés et, oubliant leurs ridicules fanfaronnades, se jetèrent en voiture et se sauvèrent aussi vite que leurs chevaux pouvaient les emporter ; ils ne s’arrêtèrent que lorsqu’ils eurent mis vingt milles du pays entre eux et le danger qui les effrayait. Avant de partir, voulant apaiser les Anglais, ils avaient ordonné que le comte d’Angus, sir G. Douglas et deux autres seigneurs, amis de l’alliance avec l’Angleterre, qui avaient été jetés en prison à Blackness, fussent mis en liberté. Cela eut lieu la nuit suivante, et sir Georges dit en riant : « Je remercie le roi Henri et mes chers seigneurs d’Angleterrek. »
k – Ibid.
Les troupes de débarquement commandées par le comte Hertford entrèrent à Leith entre midi et une heure après avoir dissipé un petit corps qu’on leur avait opposé, et trouvant dans toutes les maisons les dîners prêts, les tables couvertes de vins et de vivres, ils s’y assirent et se restaurèrent. Le lundi 5, deux mille cavaliers anglais, partis de Berwick, vinrent renforcer l’infanterie, et toute l’armée ayant pris un jour de repos, força le mercredi les portes d’Edimbourg et y entra. On se rappelle les terribles menaces de Henri VIII. La ville fut pillée, puis livrée aux flammes. On fit de même au palais d’Holyrood, à Leith et aux alentours. Les Anglais ne purent prendre le château, et, après avoir bien pillé, bien brûlé, bien mangé, ils transportèrent le butin sur les navires, et l’armée anglaise rentra dans son pays par Berwick, saccageant et brûlant Haddington et Dunbar, des châteaux, des maisons de campagne et tout le pays qu’elle traversait ; elle n’avait perdu que quarante hommesl.
l – « Urbe spoliata ac deinde incensa… multos pagos arcesque nonnullas et villas hominum nobilium ferro flammaque vastarunt. » (Buchanan, p. 525.)
Henri VIII avait eu de plus vastes desseins. Il voulait que l’Écosse renonçât à l’alliance avec la France, que la reine fût remise en sa maison, que le titre d’électeur du royaume lui fût attribué, que Lennox fût nommé régent à la place d’Arran et que la Parole de Dieu fût prêchée, naturellement à sa manière ; les instructions données aux commandants des Marches en font foim. Mais il crut devoir ajourner ce plan et se contenta d’un châtiment infligé à la capitale. De tels actes se rencontrent dans l’histoire de tous les peuples et de tous les temps. On ne peut les raconter et les lire qu’avec horreur. Heureusement l’Écosse nous présente à cette époque des faits d’une nature tout opposée et qui sont du ressort de la civilisation chrétienne.
m – « Instructions given by the king’s Majesty. » (State papers, V, p. 361-366.