Comme la vie s’assombrit sur son déclin ! Que d’illusions disparues ! que de tristes vérités découvertes, que de souffrances, que de morts autour de moi ! que d’ingratitudes, que d’injustices, que de méchancetés ! Le cœur naturel se resserre en même temps que l’horizon de la vie se rétrécit. Oh ! qu’ils doivent être misérables ceux qui n’attendent rien au delà de la tombe ! Comme la tristesse, semblable à l’ombre, doit s’allonger sur le soir de leurs jours ! comme la crainte doit croître aux approches de la mort ! Ah ! je comprends la lèpre de l’égoïsme s’étendant toujours plus sur le cœur du vieillard incrédule ; je comprends les efforts de cet infortuné pour retarder la marche du temps, et son désespoir à la perspective du néant. Ses années descendent vers un abîme, un abîme sans fond. Mon Dieu, que d’actions de grâces je te dois pour m’avoir arraché à cette horrible position, par la foi en Celui qui est la résurrection et la vie ! Non, ma vie ne s’assombrit plus dès que la foi l’éclaire ; la foi est pour moi le soleil montant à l’horizon. J’avance, non vers la mort, mais vers la vie ; non vers le désespoir, mais vers les joies célestes. Plus je dépouille le vieil homme, plus le nouveau se fortifie ; et j’avance en triomphe vers le trône éternel qui m’attend ! Oui, Seigneur, béni sois-tu pour cette douce et glorieuse assurance puisée en Jésus-Christ !
Mais, hélas ! par moment cette foi faiblit ; sa lumière se couvre de nuages. Alors je m’attriste, je tremble jusqu’à ce que son Esprit me soit rendu. Mon Dieu, ne m’abandonne plus un seul instant. Tiens-toi toujours à mes côtés. Donne-moi d’être constamment occupé de toi et de ton œuvre ; de fixer mon regard sur le ciel en m’occupant sans cesse des choses célestes ; que je vive de cette vie, comme j’en vivrai dans l’éternité, aimant mes frères, exaltant mon Sauveur, répandant des bienfaits, me hâtant de vivre par le dévouement, avant qu’arrive l’heure éternelle du repos dans ton sein.