Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet VI

Sur la Tour de Babel et la Division des Langues

Ces faibles vermisseaux, ces vains audacieux,
Plutôt nains que géants, basse et mortelle engeance,
Prétendent-ils braver la suprême puissance,
Et trouver le secret d’escalader les Cieux ?

De leur superbe tour le front prodigieux,
Loin d’être à ces méchants une illustre défense,
Les approche plus près de la haute vengeance,
Et flétrissant leur nom, rend leur siècle odieux.

Sans employer ici, ni l’onde, ni la flamme,
Dieu confond tout à coup les desseins de leur âme ;
Et divisant leur langue, il arrête leurs mains.

Mais un jour, pour former le plus grand des ouvrages,
Et porter en tous lieux le salut des humains,
Dieu viendra dans Sion réunir les langages.


5 : On estime que c’était la citadelle de Babylone, où, quelque temps après la dispersion, Nimrod établit le siège de son empire. Cette tour fut entreprise cent ans après le déluge, et l’on dit que c’est la même qui fut depuis consacrée à l’idole Bel. Hérodote lui donne mille pas de circuit, mais sa hauteur est incertaine. 12 : Le jour de la Pentecôte chrétienne, par le miracle du don des langues. 14 : Il n’y eut alors qu’une seule langue du cœur dans la foi. (St. Augustin)

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