Lettres aux chrétiens persécutés ou affligés

A Cardoness
ancien d’église

Du salut.
Difficulté d’une continuelle communion avec Christ.
Nécessité d’une soumission vivante.
Bonheur de jouir de son amour.
Conseils aux jeunes gens.

Aberdeen

Très honoré Monsieur,

Que la grâce, la paix et la miséricorde soient sur vous. Je vous supplie, au nom du bonheur de votre âme, de vous assurer si vous êtes fondé sur la pierre angulaire et si votre salut est opéré. Si vous avez bâti votre édifice sur un sol mouvant, qui porte la mort avec lui, vous perdrez bientôt Christ de vue, et vous vous éloignerez du Rocher qui est votre assurance. Pour l’amour du Seigneur, occupez-vous sérieusement de cette œuvre. Considérez qui vous êtes, éclairé de la pure lumière de Dieu. Le salut n’est point une chose qui se dépose à la porte de tout homme. Avant de mettre à la voile, il est bon de regarder la boussole, car nul vent ne vous ramènera au bord que vous quittez. Souvenez-vous que quand la course sera achevée, quand vous aurez gagné ou perdu le prix, quand votre pied ira se poser au bord de l’éternité, tout le bien que vous croirez avoir fait ne sera plus que les cendres de l’herbe et ne saurait vous empêcher de crier : Pour l’amour de Dieu, une place, une place. Un seul sourire du Seigneur vous réjouira plus alors que la possession du monde entier l’éternité durant. Remettez à Dieu tout ce qui se fait ici-bas, comme choses dont vous ne pouvez prendre soin vous-même. Quand vous boirez la dernière goutte de votre coupe, et que votre dernier jour sera levé, il faudra bien que votre cœur s’arrache aux choses d’ici-bas. Cherchez plutôt à assurer le repos de votre âme en Dieu par Christ. Croyez-moi, ne vous jouez pas du Seigneur. Aimez-Le en toute intégrité, et entretenez une communion journalière avec Lui. Assez de tentations viendront vous troubler chaque jour, et mettre votre vertu à l’épreuve. Que de vaisseaux cinglant à pleines voiles ont péri dans l’espace d’une seule heure ! Que de chrétiens qui n’ont que l’apparence ! Combien d’autres qui courent plusieurs milles sans relâche et n’obtiennent cependant pas le prix !

Cher Monsieur, mon âme serait douloureusement affectée, si je croyais que vos œuvres fussent mauvaises devant Dieu. Mon désir de vous sentir ancré en Christ est si grand, que j’ai des craintes chaque fois que je vous vois hésiter et glisser. Les principes que la conscience n’aperçoit pas sont les plus dangereux. C’est ainsi que souvent on pèche en face de la lumière. Sachez que la conscience qui n’est jamais troublée par la pensée du péché, ne peut pas jouir d’une paix durable avec Dieu. Combien de misérables dorment sous le poids de vieux péchés comme si leur âme était guérie, délivrée !

Cher Monsieur, vous êtes doué d’une nature si élevée, si forte, qu’il vous est plus difficile de mourir au monde et au péché que pour le commun des hommes. Il vous faut une blessure plus large, plus profonde pour vous amener courbé, humilié devant Christ. Prenez cette route nouvelle, avancez doucement ; pour l’amour de Dieu, prosternez-vous à ses pieds, mon cher et digne frère, abaissez-vous davantage encore, la porte du ciel n’est pas haute. Une justice infinie vous attend, mais elle n’acquittera pas le coupable ni le pécheur ; la loi de Dieu ne lui remettra pas une obole. Mais Lui n’oublie ni la caution ni le pécheur. Tout homme doit payer, ou dans sa personne, et le Seigneur vous préserve de vous acquitter ainsi, ou dans la caution qui est Christ.

Ce n’est que par violence que la nature corrompue de l’homme peut être rendue à la sainteté. Il faut que l’homme s’abaisse aux pieds de Jésus, y foulant sa volonté propre, son amour pour le monde, ses plaisirs, ses espérances terrestres et cet instinct naturel du cœur qui le porte vers toutes ces choses. Venez, venez donc voir ce qui vous manque et ce que Christ peut vous donner ; c’est Lui seul qui peut promptement vous décharger de votre fardeau. J’ose affirmer que vous serez mille fois le bienvenu. Mon âme se réjouira de ce qui vous attend ; quant à décrire la félicité de ceux qui lui appartiennent, nulle langue, pas même celle des anges, ne serait en état de le faire, à plus forte raison moins encore celle d’un pauvre captif.

Etonnante chose que l’amour du Sauveur ! Qui pourrait en parler dignement ! Et les cieux ! ces cieux qui ne peuvent le contenir, que sera-ce que d’y habiter, de voir, de toucher, de respirer le parfum de la plus belle fleur de l’arbre de vie ! La vue de mon Sauveur sera déjà pour moi la possession, l’entrée du ciel.

Misérables que nous sommes de nous attacher à cette poussière du monde, tandis que nous négligeons Jésus ! Oui, c’est une grande affliction pour moi qu’il se soit trouvé des âmes qui aient voulu chercher le feu sous la glace et des choses bonnes ou désirables loin de Christ. Christ seul peut calmer notre langueur, notre dévorant besoin d’aimer. Venez donc puiser aux sources d’eau vive, désaltérez-vous à longs traits, vous y trouverez Christ ; Il est cette eau qui ne tarira jamais. J’espère que vos enfants cherchent le Seigneur, je leur souhaite d’être heureux et bénis en Lui et de Le serrer dans leurs bras. Qu’ils prennent garde aux écarts de la jeunesse, aux convoitises de la chair, au gain qui trompe, aux mauvaises compagnies, au mensonge, au blasphème, aux paroles inutiles. Qu’ils soient pleins du Saint-Esprit. Habituez-les à prier chaque jour, et qu’ils fassent provision de la bonne Parole de Dieu qui est leur sagesse et leur assurance. Soulagez l’âme de nos pauvres. Oh ! si mon Seigneur voulait me rappeler parmi eux, que de merveilles je leur raconterais de son grand amour ! Ne recevez pas un étranger qui leur annoncerait une autre doctrine. Priez pour moi, qui suis prisonnier dans l’attente de sa venue. Soyez bénie, Madame, et que l’amour de Dieu et la douce présence de Christ soient avec vous et les vôtres. Que la grâce soit avec vous.

Votre fidèle et affectueux pasteur,

S. R.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant